Cette rentrée, le Muséum national d’histoire naturelle accueille les créations d’Alexis Tricoire. L’artiste et designer français investit les grandes serres du Jardin des plantes avec Hybridations, installation onirique mêlant nature et objets industriels. De ces hybridations surréalistes naît un questionnement : comment – et jusqu’où – la société moderne peut-elle cohabiter avec la nature ?
Depuis 2006, le touche-à-tout Alexis Tricoire – il est à la fois designer, artiste, architecte et scénographe – explore la relation entre le design et la flore. Ce « plasticien du végétal » a l’habitude de créer des œuvres monumentales destinées à l’espace public, tels des murs végétaux et des sculptures. Avec, toujours, comme question sous-jacente : comment la nature et la société peuvent-elles coexister ? Engagé, l’artiste préfère les actes à la parole ; il travaille en veillant à respecter les principes d’une charte écologique qui s’organise autour de trois axes : réduire sa consommation, produire proprement et prôner la biodiversité. « Je ne fais pas de militantisme, précise-t-il. C’est plus un message symbolique et artistique, une démarche écologique et créative de valorisation des plantes. Je pense que le processus de développement durable n’est plus [juste] une mode, et mon travail est aussi une manière de participer à ce processus. » [1]
Pour l’exposition Hybridations, présentée au Muséum national d’histoire naturelle depuis le 6 septembre, Alexis Tricoire a bousculé son mode de fonctionnement : au lieu d’intégrer le végétal dans la ville grâce aux outils du design – comme il le fait habituellement –, il procède ici en apportant des éléments industriels qui viennent compléter les plantations de trois grandes serres du Jardin des plantes – la serre tropicale, la serre des déserts et la serre de Nouvelle-Calédonie. Le matériau artistique choisi par l’artiste ? La brosse, sous toutes ses formes : balais, rouleaux, pinceaux… La Fédération française de la brosserie (FFB) a fourni des brosses de rebut, permettant ainsi au designer, dans une démarche d’upcycling, de transformer des déchets en œuvre d’art.
La brosse est un objet purement technique qui, néanmoins, possède de belles formes, simples et pures, faisant écho à celles de la nature. Grâce à elles, l’artiste a composé 41 « scènes » ou « tableaux » à découvrir au fil d’un parcours très précis. De ces simples assemblages de brosses colorées prend forme tout un univers peuplé de plantes et d’animaux fantasmagoriques – lianes, marguerites, nénuphars, cactus, fruits, serpents, totems, êtres mystérieux de la forêt… Le mimétisme avec la nature est tel que, parfois, il n’est pas si évident de la différencier des brosses. L’exposition se transforme alors en jeu pour le spectateur, car il faut chercher les pièces du puzzle – qui sont parfois cachées. Ensuite, il ne reste plus qu’à demander à son imagination de faire le reste : quelle fleur, quel animal l’artiste a-t-il voulu représenter ?
En plus d’offrir une promenade poétique et colorée, cette relecture des serres du Jardin des plantes amène le visiteur à se poser des questions sur le recyclage, sur notre développement industriel qui se fait à l’image de la nature, et sur le rapport des êtres humains à la nature et au synthétique. Au terme de l’exposition, les brosses seront récupérées pour être exposées dans d’autres serres et commencer une nouvelle vie !
Par Diane Routex
Pour aller plus loin
Hybridations d’Alexis Tricoire
Du 6 septembre au 24 novembre 2014
Muséum national d’histoire naturelle
57, rue Cuvier
75005 Paris
Horaires
Tous les jours de 10 h à 17 h
Fermé le mardi
Dernière entrée 45 minutes avant la fermeture
Renseignements
01 40 79 56 01 / 54 79 (10 h – 18 h)
valhuber@mnhn.fr
Tarifs
Gratuit / 4 € / 6 €
Cette exposition s’engage à respecter les principes d’écoresponsabilité et à éviter le gaspillage de matière. Aussi, les brosses utilisées sont soit des produits défectueux, soit des commandes annulées.
[1] Dans une interview donnée à Presse Océan en mai 2014.
BRAVO ! encore une fois à KAIZEN MAGAZINE et félicitations pour ce bel article qui met en avant « Déchets d’Oeuvres » sans aucun doute d’une originalité surprenante qui m’a donnée envie de redécouvrir le Muséum d’histoire naturelle grâce à cette belle expo et à votre article.
Bravo à KAIZEN MAGAZINE et félicitations pour ce bel article parfaitement illustré et rédigé qui donne envie de redécouvrir le Muséum d’histoire naturelle.
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