SideWays : la web-série itinérante
    des alternatives

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    Hélène Legay (27 ans) et Benoit Cassegrain (35 ans) sont un couple dans la vie et dans le travail. Depuis mai 2013, ils ont mis en commun leurs compétences en photographie et en réalisation pour mettre sur pied, ou plutôt sur roues, SideWays. Leur but ? Sillonner des pays en camionnette pour médiatiser les alternatives.

    Hélène Legay et Benoit Cassegrain - © Robert Coudray
    Hélène Legay et Benoit Cassegrain – © Robert Coudray

    En deux ans de reportages itinérants, ils ont révélé huit initiatives locales en Allemagne, Belgique, Espagne, France et Italie. Ils ont mis en lumière des actions d’autoconstruction d’éoliennes, de forêt comestible près de Valence (Espagne), d’épicerie participative et collaborative à Nantes, une communauté qui épargne dans le but d’acheter un logement pour un SDF, etc.

    Le journalisme qu’ils pratiquent est collaboratif et participatif. Les internautes sont invités à financer leurs épisodes – par du crowdfunding (financement participatif) – ou bien offrir des compétences techniques – traduction, relecture, suggestion de sujets, etc. Enfin, lors de leurs déplacements, ils proposent des projections-débats et des ateliers de partage de connaissances.

    Interview de ces deux journalistes nomades…

    Comment est venue l’idée de SideWays ?

    Benoit Cassegrain : J’ai toujours aimé le mode de vie itinérant. À titre personnel, j’ai accompli en stop Paris-Calcutta. J’ai aussi fait Vienne-Paris et Paris-Stockholm à vélo. J’ai passé deux ans en Asie pour faire des longs métrages et des documentaires. Je suis resté dans des villages en Iran, au Pakistan, en Syrie, etc. J’ai pris conscience que c’était un bonheur d’être sur la route, car chaque jour est rempli de rencontres et de découvertes. C’est en janvier 2013 que SideWays a vu le jour. C’était pour moi une façon de m’émanciper, de passer plus de temps sur le terrain et d’exercer pleinement mon métier de réalisateur. 

    Hélène Legay : Moi aussi, le voyage, je l’ai en moi. J’ai effectué un séjour de 6 mois au Nicaragua en 2009 et je n’ai pas arrêté de bouger, en France et en Europe. C’est en mai 2013 que j’ai rejoint Benoit dans l’aventure SideWays. Il avait déjà réalisé deux reportages pour le site. Notre aventure commune a commencé en consacrant un épisode à Elektra Wagenrad. C’est une Allemande qui a mis en place des systèmes de communication libre (radio et Internet). Elle promeut une philosophie de la sérénité, du non-pensé.

    Comment définiriez-vous SideWays ?

    H. L. : Notre fibre, c’est d’aller voir les alternatives accomplies par des citoyens. Et de diffuser les plus inspirantes. Mon moyen de communication, c’est la photographie. Pour Benoit, c’est la réalisation de film.

    B. C. : On prend le temps pour chaque sujet. Nous passons une semaine sur place pour faire un reportage. Nous découvrons des gens et des initiatives passionnantes. Par ailleurs, nous nous rendons disponibles pour rencontrer les internautes qui souhaitent échanger avec Hélène et moi. Nous nous déplaçons selon les sollicitations reçues à travers la rubrique Vous souhaitez que le camion itinérant passe près de chez vous ? Cela garantit des rencontres simples et riches ! C’est une surprise à chaque fois. Hélène et moi, nous adorons ça : des contours et des détours !

    Votre site Internet se nomme SideWays – Enquête d’un autre monde. Sur quel monde enquêtez-vous ?

    H. L. : Chaque épisode nous fait énormément réfléchir. Chaque rencontre est forte et nous inspire. L’occasion de nous rendre compte qu’un autre monde fonctionne. Pour nous, cet univers, ce « nouveau monde » est celui de la confiance, du dialogue.

    B. C. : Notre quête, c’est d’inventer, de créer notre vie. Une vie, c’est une unité. Or dans la vie moderne, je ressens une forme de fragmentation de l’individu. Hélène et moi, nous cherchons à faire les choses avec notre cœur. Avec cette web-série itinérante, notre bonheur est complet. Nous créons des liens forts avec les personnes mises à l’honneur dans nos reportages.

    Avez-vous un exemple concret d’initiative à donner ?

    B. C. : Je pense au boulanger qui, à l’âge de trente ans, a réinventé son métier. Aujourd’hui, il a la soixantaine et il prépare son pain deux jours par semaine, en fonction des commandes. Dans sa boutique, les gens se servent et paient eux-mêmes. Ce boulanger a les mains dans la pâte et non pas dans la caisse ! Du coup, il se développe une vraie relation dans la boutique. À côté de cette activité, il s’occupe de son jardin qui nourrit cinq membres de sa famille. Il écrit également des livres et joue de l’accordéon.

    H. L : Elf Pavlik est quant à lui un homme qui s’est totalement détaché de l’outil monétaire. Il a créé une richesse uniquement fondée sur la confiance, l’enrichissement mutuel et l’entraide. Il passe son temps à travailler pour le bien commun, il est d’une générosité hors norme. Quand on le rencontre, on prend conscience que c’est possible de vivre sans argent.

    Pensez-vous que les initiatives, médiatisées par vos soins, puissent essaimer, sortir de leur ancrage local et finir par se généraliser ?

    H.L : L’objectif de la série n’est pas de donner des solutions clefs en main, car elles n’existent pas. Ce sont des pistes, des exemples, des idées réalisées ailleurs et qui fonctionnent. À chacun de s’en inspirer, de les adapter à son contexte local et surtout de se les approprier. L’intérêt n’est pas que ces initiatives en tant que telles se développent, mais que l’esprit qu’elles sous-tendent le fasse : relocalisation des activités, partage des connaissances et des objets, etc.

    B.C : Chaque initiative est un îlot isolé au début. Puis elle se développe et avec d’autres, elles deviennent des archipels dans lesquels des communautés mettent en pratique la confiance et le partage. Mais il n’y a pas de recette universelle, cela passe par trouver ce qu’on aime et là où l’on se sent bien. Et trouver la voie qui nous correspond personnellement.

    Quels sont vos projets pour la suite ?

    B. C : Nous sommes en train de développer une nouvelle ligne éditoriale. Nous commençons à avoir une idée de plus en plus claire du monde dont on rêve. Maintenant, nous souhaitons montrer comment y parvenir. Nous commençons à filmer les personnes en transition. Par exemple, nous avons rencontré un coiffeur qui exerce depuis trente ans et qui a décidé de changer de vie. Nous allons faire un épisode sur sa dernière semaine dans son salon et filmer l’après : sa nouvelle vie dans sa ferme, avec des lamas.

    H. L : Nous pensons également rédiger un livre. Il clarifiera et de synthétisera nos découvertes et nos réflexions suite à deux ans de rencontres sur les routes avec SideWays.

    Si vous aviez une baguette magique, dans quel monde vivriez-vous ?

    SideWays
    Le « potager itinérant » du camion Sideways.

    B. C : Les tiers-lieux, les fablabs, les épiceries participatives, les jardins partagés, etc. seraient répandus. Permettant plus d’entraide, de solidarité et de cohésion. Les maisons seraient décorées et leurs portes ouvertes. Les caméras de surveillance seraient inutiles et le climat avec le voisinage serait chaleureux.

    H. L : Il existerait dans toutes les villes des lieux de rencontre, des espaces communs, sans avoir à consommer. Ces lieux seraient des condensés de diversité, d’interculturalité, d’idées et de partage. Aussi, les chantiers participatifs seraient plus nombreux. Cela permettrait aux gens de se regrouper et de construire ensemble des maisons, des éoliennes, etc. Ces autoconstructions seraient faites avec du matériel local et de récupération. Enfin, il existerait des forêts comestibles dans les villes. En développant ces espaces où la nourriture pousse, les gens pourraient manger des noisettes, des cerises, des coings ou des herbes aromatiques. Cela sans que l’être humain entretienne cette forêt !

     

    Propos recueillis par Thomas Masson

     


     

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    7 Commentaires

    1. Merci l’Etat de vous financer vos promenades. La majorité des recettes proviennent des aides sociales en 2014 et les projections 2015 sont identiques…Ha quand l’autonomie?

    2. Je suis d’accord avec Béatrice, Lau31 et Plume.
      Par contre RSA, tu sembles être une personne rabat-joie & peut-être même jalouse (étonnée que tu sois un lecteur de kaizen qui est un modèle d’ouverture d’esprit), néanmoins chacun est libre de penser ce qu’il veut même si c’est une pensée négative. 😉
      J’adhère totalement à ce que font Hélène & Benoît que j’encourage vivement.
      Heureusement qu’il y a des initiatives qui ouvrent les yeux, les oreilles & les esprits vers les autres sinon le monde serait bien triste.
      Merci à SideWays & à kaizen. <3
      Bonne continuation à tous !

    3. Grâce à Sidways, j’ai découvert l’ADDA à Nantes et j’y participe activement depuis. C’est la preuve de l’impact de votre travail, bravo ! 🙂

    4. J’adore l’idée de la forêt nourricière dont on n’a plus besoin de s’occuper comme un Eden retrouvé et la construction participative pour fabriquer de l’électricité propre, la pensée positive qui fait appel au changement intérieur et vers lequel est sensé tendre tout bon colibris qui se respecte cette année. Pour RSA, il doit méditer sur son mépris du RSA. Il doit savoir qu’une activité n’empêche pas de le percevoir. C’est d’autant mieux que c’est même plutôt conseillé, par les temps de chômage actuels, de monter sa propre activité.

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