Le coworking va-t-il transformer
    le monde du travail ?

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    Pour encourager le travail collaboratif, l’innovation et soutenir les travailleurs indépendants, le coworking est de plus en plus souvent adopté. Une nouvelle façon de s’organiser, qui permet de mieux articuler travail et temps libre et remet la notion de lien au centre du travail.

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    Au coworking La Mutinerie à Paris

     

    Le coworking est une nouvelle façon possible d’aborder le monde du travail. Il regroupe dans le même espace des travailleurs non salariés désireux de ne pas rester isolés à domicile ou cherchant une communauté pour échanger. Cet aspect fondamental est présent dès l’origine du coworking : en août 2005, Brad Neuberg décide d’ouvrir à la journée son loft de San Francisco (The Hat factory, aujourd’hui fermé) à d’autres travailleurs indépendants pour qu’ils bénéficient d’un environnement collectif de travail comme dans une entreprise, tout en gardant la liberté des indépendants. Par ce système, les avantages des deux types d’organisation se trouvent dès lors réunis en un seul endroit.

    Ces lieux se multiplient très vite : on compte en France une centaine d’espaces de coworking actifs et à peu près autant en projet [1]. Aujourd’hui, 40 % de ces espaces ont moins d’un an d’ancienneté. Dans un article de mars 2014, le site Frenchweb avance le nombre de 100 000 coworkers en France [2].

    Souvent dotés de noms décalés (l’Arrêt minute, la Cantine, l’Usine, la Plage, la Poudrière, la Mutinerie, le Lawomatic…), ces lieux offrent tous les services nécessaires pour travailler ensemble en bonne intelligence, à demeure ou épisodiquement. Mais surtout, et c’est là leur plus bel atout, ils fédèrent une communauté d’utilisateurs.

     

    Cowor’cœurs dans l’âme

    K14 coworking (5)
    Marie-Christine, consultante internationale sur la pêche durable, et Sandy, expert comptable : des activités éloignées mais une proximité pour échanger… comme des collègues.

     

    Au fil du temps, il s’est avéré que ce n’est plus le lieu en lui-même qui prime mais la communauté et les services qu’elle apporte : socialisation, apprentissages informels, entraide, sous-traitance et apport d’affaires, formations, animations… Pour Basil Samson, créateur du coworking Studios Singuliers à Paris, le premier bénéfice offert par ces espaces est l’aspect matériel : « Ce sont des lieux de travail, propres et calmes, dotés de la logistique indispensable – des salles de réunions par exemple. » Chacun reflète la tonalité et la couleur de son créateur. Certains sont axés sur la création d’entreprise (comme Soleilles cowork à Paris ou Cowork’in à Bourges, tous deux créés par un groupe de femmes) ; d’autres sont spécialisés dans un secteur professionnel (Labo de l’édition à Paris) ou dans un secteur d’activité, tel BeeoTop à Paris, un espace monté par le groupe d’assurance Generali pour accueillir des associations, des ONG et des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

    En permettant à des indépendants de travailler ensemble, le coworking favorise l’innovation permanente et génère une meilleure harmonie entre vie privée et vie professionnelle. Il est un soutien pour des travailleurs solitaires, une réponse à l’isolement du travail à domicile. La demande des utilisateurs n’est d’ailleurs plus seulement de disposer d’un bureau fixe hors de l’entreprise mais surtout de retrouver, régulièrement ou de temps en temps, des « collègues de travail » : de travailler dans un environnement plus humain en somme.

     

    Un collectif de travail choisi

    Cette tendance récente est révélatrice d’un désir de changement de société, décrit par Jean-Pierre Gaudard dans son livre La fin du salariat [3]: « Les free-lanceurs acceptent les aléas de leur situation pour pratiquer une activité qui les passionne, et aussi pour la partager dans des relations non-marchandes. Des cadres à mi-carrière, sans illusion sur leur avenir en entreprise, se mettent à leur compte, souvent en s’appuyant sur des réseaux ou des communautés où ils partagent expérience, informations et contacts. » Selon Basil Samson, c’est là un point essentiel : « L’espace de coworking est un point d’ancrage de la vie professionnelle, un cadre de travail stimulant. On y est entouré d’un réseau de compétences que l’on peut solliciter pour un besoin ponctuel ou pour améliorer son organisation de travail. Une fréquentation régulière favorisera des échanges de plus en plus productifs », explique-t-il.

    Enfin, le coworking facilite l’harmonie entre vie privée et vie professionnelle. Pour les télétravailleurs à domicile, il offre un cadre de travail structuré qui permet de combattre les deux fléaux du télétravail à la maison : l’isolement et la procrastination. Et en choisissant un espace de coworking près de chez soi, on évite les heures perdues dans les transports et les émissions de CO2 !

    Mais cette pratique n’est pas envahissante, la vie collective n’est pas imposée. « Chacun vient comme il est, précise Basil. Chez nous, on ne force pas les gens à entrer dans un esprit communautaire. » Pas de collectivisme donc mais du lien choisi – et comme le dit le Renard au Petit Prince, il est essentiel de « créer des liens ».

     

    Par Xavier de Mazenod


    [1] Enquête réalisée lors du premier Tour de France du télétravail 

    [2] Comment la pratique du coworking s’est répandue dans le monde depuis 1995

    [3] La fin du salariat, Jean-Pierre Gaudard, François Bourin éditeur, 2012


    Extrait de la rubrique Changeons l’éco de Kaizen 14.


     

     Lire aussi : Demain, je télétravaille dans un tiers lieu

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