Fruit d’une collaboration collective, les scouts bouddhistes arrivent. Mélange de méditation et d’initiation à l’écologie, les Éclaireuses et les éclaireurs de la nature montrent le chemin vers une autre voie : celle de la non-violence et de la pleine conscience.
Basés sur les éléments fondamentaux de la méthode scout – auto-éducation par l’action, vie en équipe, progression personnelle, relation éducative, cadre symbolique, vie dans la nature – les scouts bouddhistes amènent en plus, des moments de sensibilisation à l’écologie et l’apprentissage de la « pleine conscience ».
Le but de ces camps est de « valoriser chaque enfant, de leur apprendre à se responsabiliser que ce soit vis-à-vis d’eux-mêmes, des autres ou de la nature. Être et devenir autonome, apprendre à faire seul, gérer son histoire au moment présent, in fine essayer de leur donner confiance en eux » explique Georges Lançon, fondateur des Éclaireuses et éclaireurs de la nature. Pour ce faire, les scouts sont confrontés au quotidien à des jeux et des activités ludiques : apprendre en s’amusant et se forger une connaissance par l’expérience.
Porter son attention sur le moment présent sans jugement
Les journées sont rythmées par des grands jeux, des temps de méditation et d’entraide, la vie au camp s’organise comme une « mini-république ». Chaque soir, les jeunes se rassemblent en cercle et chacun à leur tour raconte sa journée. Tour à tour, joies, déceptions, colères sont partagés. Ce qui différencie vraiment les scouts bouddhistes des autres ? L’apprentissage de la pleine conscience. Une pratique qui consiste à porter son attention sur le moment présent, sans jugement, d’instant en instant.
En cercle, et deux fois par jour, une expérience étonnante attende ces chers bambins. Assis dans l’herbe, et les yeux fermés, les chefs et cheftaines viennent leur déposer dans le creux de leur main, une fraise, un raisin, un spaghetti. Toucher, sentir, écouter, goûter, ressentir et enfin déguster. À chaque étape, l’esprit se focalise sur les sensations qui se présentent à lui. « Ces moments permettent de se reconnecter avec la nature et surtout d’essayer d’être à l’écoute de ses émotions ».
À l’heure des repas, chacun met la main à la pâte – aide au repas, à la vaisselle. Ici on mange bio, local et on privilégie les circuits courts. « Les camps durent malheureusement trop peu de temps et ne sont jamais au même endroit, il est impossible de faire un potager alors parfois on essaye de créer du lien avec les producteurs du coin » poursuit Georges Lançon. C’est ainsi que des partenariats ont vu le jour avec les maraîchers locaux : tous les produits frais sont systématiquement achetés chez eux. Occasionnellement, des ateliers peuvent s’organiser avec le producteur : aide aux ramassages des légumes, etc…
« Nous essayons de changer chaque année de lieu que ce soit pour les sorties annuelles organisées par les groupes locaux ou pour les camps d’été ou d’automne. Nous faisons appel aux mairies, dernièrement la région de Strasbourg nous a prêté un terrain. Nous avons passé un accord avec l’association Emmaüs France. Ils nous ont proposé un terrain en Bourgogne. Les scouts et guides de France possèdent également des terrains, nous pouvons être amenés à les louer » précise Georges Lançon.
Paris, Lyon, Grenoble, Chambéry, Lille, Sophia Antipolis, Marseille, Montpellier, Toulouse, l’île de la Réunion, Papette à Tahiti ou encore en Corrèze dans le Limousin, les groupes locaux des scouts bouddhistes se rependent et conquissent le territoire français. Ces 12 groupes organisent tout au long de l’année des sorties – d’un à plusieurs jours. Viennent s’ajouter à cela des camps qui ont souvent lieu l’été et un camp d’automne au moment des vacances de la Toussaint.
Pour participer aux sorties annuelles, une inscription (de 40 euros l’année) à un des groupes locaux est nécessaire. Pour les camps d’été ou d’hiver, ils sont ouverts à tous et mixte.
De 8 à 15 jours, les camps accueillent des enfants de 8 à 20 ans : voyageurs, vaillants, pionniers ou encore compagnons, chaque groupe fait des activités adaptées à leur âge. Une participation de 30 euros par jour hors transport est demandée et le mouvement accueille à bras ouvert tout le monde : pas besoin d’être bouddhistes, fervents défenseurs de la nature, aventuriers aguerris ou croyants pour participer. Les Éclaireuses et éclaireurs de la nature ont été créé en 2008 grâce à la convergence entre des pratiquants du bouddhisme et des hommes et femmes œuvrant pour une écologie humaniste. Ils font partie du scoutisme non chrétien, sont reconnus par l’État et sont membres associés de la Fédération du scoutisme français. Pour le moment, ils attendent leur agrémentation Jeunesse éducation populaire (JEP). Une fois celle-ci en poche, ils feront une demande pour être membre de plein droit à la Fédération du scoutisme français.
Pendant ces séjours, ils n’auront pas d’enseignement bouddhique, ni écologique prodigué. « Plutôt que de dispenser un enseignement théorique, nous essayons d’amener les valeurs bouddhiques au quotidien » conclut Georges Lançon. Ces valeurs ? Ce sont la générosité, la patience, l’attention, la discipline au sens de l’engagement et de la responsabilité ainsi que la connaissance. « Aujourd’hui, les générations futures sont trop souvent sur-connectées, nous leur apprenons à se recentrer sur leurs émotions, sur eux-mêmes et être à l’écoute de leurs corps. La méditation amène à connaître son corps et à contrôler ses émotions – ses angoisses, ses colères, son stress – c’est extrêmement bénéfique pour la santé et le bien-être. »
Si au détour d’un chemin, vous entendez chantonner « Pour la chair et la peau, pour le bois ou pour l’or, on emprisonne, on tue, et l’on en veut encore ; l’avidité sans fin, n’est pas le bon chemin, la vie est amitié et solidarité » c’est peut-être qu’au fond d’un champ, il y a quelques âmes inspirées par les valeurs universelles du Bouddha qui essayent ensemble de créer un autre monde.
Axelle Bibring-Pilliot
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas
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Bonjour,
joli article!
En fait, à lire, je revois ce que je vivais dans les Scouts de France.
Par contre, j’ai souvent constaté lors des regroupements départementaux, nationaux, que notre groupe était hors norme.
Et au fur et à mesure du temps, j’ai constaté qu’on dénotais de plus en plus.
Nous étions de plus en plus autonome, bien organisé, et prenant facilement l’initiative de faire des choses.
Alors que beaucoup des collègues se laissait porter par le mouvement sans trop chercher à comprendre.
L’impact du responsable du groupe qui nous poussais à faire nous même y était pour quelques choses.
Je pense qu’avec l’arrivée du smartphone, la situation a encore du se dégrader!
Donc c’est une initiative plutôt intéressante.
Le scoutisme, lorsqu’il n’est pas trop teinté de prosélytisme religieux, est une formidable école de la vie. Apprentissage de la vie en groupe, découverte de la nature, vie au grand air, construction de projets…
Scout (de France) dans les années 80, j’ai maintenant des enfants qui sont également scouts et mis à part les questions de sécurité et d’encadrement (lié à la législation), je ne note pas beaucoup de différence avec les belles années que j’y ai vécu.
Effectivement, comme l’indique David, l’ambiance au sein d’un groupe, d’une troupe, tient quand même beaucoup à l’encadrement.
Mon conseil aux parents qui seraient intéressés de proposer l’expérience à leur enfant : prenez le temps de bien échanger avec les adultes qui encadrent localement, de rencontrer les jeunes qui s’occuperont de vos enfants.
Tout le monde est bénévole, chacun y met tout son cœur, mais certaines personnes nous correspondent mieux que d’autres.
existe t il la possibilite de benevolat chez ces scouts.en effet je suis une femme de 55 ans et j aimerais beaucout m investir dans un camp cet été, aider a l encadrement ou autre..je précise que je travaille deja en milieu scolaire…
ET hop on remet une couche de croyance bouddhique sur une croyance chrétienne.
L écologie, c est une science, pas un délire new âge de la théosophie et de son avatar l Antroposophie.
Le prosélytisme latent qui s égraine « enter les articles » est bien trop visible.
Ce n est pas un hasard, c est un projet. Et bien gardez le pour vous, dans votre sphère privée.