Quand on est altruiste, c’est pour faire du bien à l’autre, pense-t-on. En fait, l’altruiste se fait – aussi – du bien en faisant du bien… Et ce n’est pas honteux de l’avouer !
L’humain n’est pas seulement préoccupé par son profit
Les économistes ont longtemps pensé que nous étions guidés par des motivations extrinsèques : nous faisons quelque chose car nous sommes payés pour le faire, par exemple. Mais la recherche du seul intérêt personnel ne peut pas expliquer nos comportements économiques. Ils sont mus par autre chose. Les économistes l’ont bien compris, et s’intéressent de plus en plus aux motivations intrinsèques, où l’on agit pour d’autres raisons que son seul profit : la fierté de soi, le plaisir de faire du bien aux autres, l’empathie, le besoin de préserver l’estime de soi, etc. « L’humanité serait peut-être moins développée si nous n’avions pas ces sources de motivation ! », souligne Marie-Claire Villeval, directrice de recherche au CNRS et spécialiste d’économie expérimentale.
L’altruisme, bon pour l’autre et bon pour soi
Certains froncent déjà les sourcils : certes, nous sommes mus par le désir de faire du bien aux autres, mais lorsque nous faisons quelque chose pour les autres, nous soignons du même coup notre image. Aux yeux de certains, l’altruisme ne serait donc que de l’égoïsme déguisé ! Des siècles d’éducation judéo-chrétienne nous ont en effet enseigné que lorsque nous rendons service à quelqu’un, que nous faisons quelque chose pour autrui, nous ne devrions en retirer aucun bénéfice ou plaisir pour nous-mêmes… Est-ce si mal de se faire du bien en faisant du bien à l’autre ? « Pas du tout ! », nous rassure Marie-Claire Villeval. « Nous sommes de petits animaux qui cherchons à survivre et à faire le mieux possible. Si cela passe par des actes généreux, c’est parfait ; et si ces gestes nous font du bien, tant mieux, tout le monde en bénéficie. Reconnaître que dans nos actions, l’image de soi est une motivation, c’est bien de le savoir. Je ne dis pas que c’est systématiquement bon pour les autres d’avoir des préoccupations d’image de soi. Mais elles servent de moteur, et font avancer dans la vie. » Matthieu Ricard complète cette pensée :
« L’ego est juste une convention […]. Quand il cesse d’être la chose la plus importante du monde, nous trouvons plus facile de nous concentrer sur les autres. »[1]
Que les sceptiques se rassurent : l’altruisme ne nous fera donc pas forcément prendre la grosse tête !
Être positif, c’est bon pour la santé !
Une étude menée au Danemark sur 607 patients de l’hôpital de Holbæk le confirme : en 2005, ces patients atteints de problèmes cardio-vasculaires ont rempli un questionnaire sur leur humeur. Cinq ans plus tard, il fut constaté que la mortalité des individus qui affichaient un bon moral au démarrage de l’étude était de 10 %, contre 16,5 % dans l’autre groupe. Une autre étude, réalisée par Erik Giltay, un psychiatre néerlandais, avait montré également que les positifs vivaient plus longtemps que les autres. Il a suivi près de 1 000 patients âgés de 65 à 85 ans entre 1991 et 2001 ; les sujets optimistes avaient eu 45 % de risques en moins de décéder au cours de l’étude que les pessimistes.
Par ailleurs, prendre la vie du bon côté serait également associé « à une meilleure adhésion à des styles de vie sains, comme bien dormir, bien manger ou faire de l’exercice », rajoutent Marilou Bruchon-Schweitzer, professeure, et Émilie Boujut, maîtresse de conférences de psychologie, auteures de Psychologie de la santé (Dunod, 2014). Autrement dit, être positif renforce les comportements qui préservent la bonne santé. Ce qui nous incite à voir la vie en rose… et ainsi de suite ! Enfin, le système immunitaire des individus en quête d’un bonheur eudémonique (qui passe par la recherche d’un sens à leur vie, d’engagement et de lien avec les autres) est plus développé que celui de ceux qui préfèrent un bonheur hédonique (ceux qui cultivent des émotions leur procurant une satisfaction personnelle), révèle la psychologue américaine Barbara Fredrickson dans une étude récente. Après avoir effectué des prélèvements sanguins sur 80 volontaires en bonne santé, les chercheurs ont observé qu’en cas d’altruisme, les gènes inflammatoires baissent et les gènes antiviraux augmentent, afin de protéger le corps. « Faire du bien et se faire du bien génèrent des niveaux similaires d’émotions positives, mais n’ont pas le même effet sur le génome », conclut l’étude. Voilà donc l’ultime argument pour nous convaincre – si besoin est – de porter un regard positif et ouvert sur le monde !
[1] Psychologie positive : le bonheur dans tous ses états, Jouvence éditions, 2011
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas. Extrait du dossier de Kaizen 16, réalisé par Anne Lamy.
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Moi, j’aimerais que l’on m’explique en quoi c’est positif ou négatif de vivre plus ou moins longtemps?
En quoi l’Abbé Pierre, Mère Thérésa, Mandela, Gandhi… ont été égoïste au vue de leur parcourt de vie?
Pour moi être un positif extrémiste est aussi nocif qu’être un pessimiste extrémiste tout est dans l’équilibre:
Ne pas se voiler la face, être réaliste, pragmatique faire au mieux à l’instant T, tout en gardant l’espoir que demain si on y met du sien (son âme), sera plus lumineux.
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