Aux Estivales de la permaculture, la biodiversité s’invite en ville

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    Peut-on tendre vers l’autonomie alimentaire en ville ? Telle était la question posée aux Estivales de la permaculture, à Montreuil, le samedi 25 et dimanche 26 juin 2016. Sur un balcon, une terrasse ou en jardin partagé, la voie permacole apporte des réponses. Reportage.

    estivales permaculture
    Entourés par les nombreux stands d’associations, les ateliers attirent petits et grands © Melissa Robineau

    Pour la sixième édition des Estivales de la permaculture, le collectif PermaMontreuil mettait une fois de plus à l’honneur la permaculture dans le quartier historique des murs à pêches. En 1870, au plus fort de son développement, le site comptait 600 kilomètres linéaires de murs de terre et de pierre, édifiés pour aider à la production de fruits, dont les pêches, et produisit 17 millions de fruits. Aujourd’hui, si la plupart des murs ont disparu, plusieurs associations montreuilloises œuvrent pour restaurer ceux qui restent et préserver cette prairie urbaine.

    C’est dans ce cadre unique que petits et grands ont pu suivre le chemin des principes permacoles le temps d’un week-end aux Estivales de la permaculture: valorisation des ressources, utilisation de solutions lentes et à petite échelle, zéro déchet, etc. Véritable clairière comestible en zone urbaine, le quartier des murs à pêches a vite fait de s’animer et de se transformer en lieu d’échange. Au centre se trouve l’espace ateliers– de vannerie sauvage, de compost ou de bracelets végétaux –, qui est entouré par la bibliothèque, les nombreux stands d’associations et la cantine végétalienne.
    15 heures, l’animation balade botanique débute. Comment cuisiner le « gratte-cul » ? Quelles sont les propriétés de la sauge ? Quelle est la bonne période pour cueillir l’ortie ? De quoi apprivoiser la biodiversité et comprendre ses vertus. En ramenant la nature en ville, en exploitant chaque morceau de terre, la résilience des villes s’imagine. Du stand de La Pêche, la monnaie locale, à la grainothèque, les visiteurs se renseignent avant de réfléchir, à travers des conférences sur les sols et les buttes et des ateliers, aux changements qu’une agriculture urbaine et soutenable apporterait à notre société.

    En passant près de la bibliothèque des Estivales, Christophe Gatineau, auteur de La Permaculture de 1978 à nos jours (éditions du Sable fin, 2015), rappelle que, traditionnellement, l’agriculture est urbaine : « Les cités se construisaient près des espaces vivriers puisqu’il est plus simple d’ouvrir sa porte et de cultiver que de produire à plusieurs kilomètres. » À l’image des maraîchers de Paris qui avaient rendu Paris autosuffisant en légumes pendant la seconde moitié du XIXe siècle.

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    Sous le grand barum s’enchaînent des conférences sur les sols, les buttes, les jardins comestibles, l’agriculture urbaine, etc. © Melissa Robineau

    Dans cet esprit de végétalisation, l’association Vergers urbains, créée en 2012, a pour but de replanter des arbres comestibles dans les rues : une façon de produire autrement et durablement. « Nous tenons à ce que l’idée vienne des habitants, que les installations soient agréables à l’œil et d’utilité comestible », assure Frédéric Dinh, au stand de l’association.Vergers urbains, qui soutient devant la mairie des projets entrepris par des collectifs locaux. « Tant que nous n’avons pas l’autorisation de casser le béton, notre solution passe par l’installation de bacs. Nous avons ainsi aidé au lancement du projet de plantation d’arbres fruitiers d’un collectif d’habitants rue Jean Cottin, dans le 18e arrondissement, et à faire en sorte que les citadins puissent en prendre soin sans notre aide », explique Frédéric Dinh.
    Se réapproprier la richesse de son territoire ? C’est l’un des objectifs de la permaculture urbaine. Il s’agit ensuite d’agir pour rendre comestible son espace et non plus subir le manque d’accessibilité aux ressources alimentaires et les pollutions.

    Cultiver le lien social

    Participatives et citoyennes, les Estivales de la permaculture sont « un lieu de rencontre où les individus et les associations tissent du lien et se fédèrent. Chacun apporte son aide, participe aux activités, contribue à la cantine végétalienne gratuite », explique Christophe Bichon, organisateur du festival. Il poursuit : « L’idée est de promouvoir la pensée permacole et la gratuité. Nous montrons également que l’on peut occuper un lieu historique et l’améliorer avec peu de moyens. »
    Selon le principe permacole, la terre doit être soignée, mais aussi les êtres humains. Pour l’écrivain-jardinier Christophe Gatineau, il s’agit d’abord de « recréer du lien entre les citadins plutôt que de se nourrir de façon autonome. La dimension sociale est au centre de la permaculture en ville. » Transformer la ville en cité vivrière relèverait donc de l’utopie ? En tout cas, les Estivales de la permaculture envoie le signal d’un regain d’intérêt porté à la permaculture urbaine grâce aux solutions concrètes présentées, qu’elles soient inédites ou déjà existantes.

     

    Jessica Robineau

    © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas


    Lire aussi : Villes en transition : la permaculture appliquée à nos cités 

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    1 COMMENTAIRE

    1. Merci Jessica,

      Votre article est très juste car il résume tout à fait l’état d’esprit de cette manifestation unique en France grâce à une programmation ouverte et de grande qualité qui repousse loin les frontières de ceux qui voudraient rétrécir la permaculture à une butte ou à une idéologie.

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