De la contestation à la proposition ?

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    Crédit photo : Patrick Lazic

    Par chance, par choix, il m’incombe de rédiger la rubrique « Le Bon Plan » du magazine papier. Pendant deux à quatre jours, je rencontre, j’écoute des femmes, des hommes qui, dans une ville, sur un territoire, tiennent un restaurant, un lieu d’hébergement, un café, une librairie, un salon de coiffure, une association… Des lieux ouverts au public qui proposent des produits, des services plus respectueux de l’environnement et des êtres humains. En résumé, une autre approche de l’art de vivre ensemble. La semaine dernière j’étais dans le Gers (« bon plan » à retrouver dans le Kaizen de juillet-août) et, il faut l’avouer, ce fut un plaisir. Plaisir de rencontrer des gens généreux, intelligents, impliqués dans la vie de la cité sans être élus ; plaisir de découvrir un territoire merveilleux : j’étais Tintin colibri au pays des gascons verts.

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    Comme souvent à la fin de ce périple « bon plan », je me dis naïvement : « Et si tous ces colibris – d’ici et d’ailleurs – se connaissaient, se donnaient la main… ? » Une vision naïve mais qui me séduit. Si tous ces acteurs œuvraient ensemble, nous serions en capacité de réellement changer notre vision du monde. Vraiment ! D’aucuns diront que l’atomisation de ces initiatives en est la force : pas de contrôle, pas de prise de pouvoir possibles. Certes ! Mais un ami très lucide me rappelle souvent que même tous unis, ces colibris sont – nous sommes – des nains face au géant, pas vert, d’en face. Alors ? J’arrive gare d’Agen pour rentrer. Des syndicalistes tractent pour dénoncer le monde marchand, le capitalisme, et inviter les citoyens à se positionner « contre » l’Europe avant les élections. Le décalage me semble total ! Pendant quatre jours, les personnes rencontrées tenaient (sans se connaître) un discours assez similaire : « Nous n’affichons pas notre vision, notre démarche [pas de label bio] ; nous faisons autrement sans rien dire, et petit à petit les gens interrogent, prennent conscience. La force du faire, l’exemplarité, ont plus d’impact que le discours. Et sans cesse nous réfléchissons à être force de proposition. » Loin de moi l’idée de dire que ces syndicalistes se trompent. Ils clament autrement ce que les colibris rencontrés relataient sur le besoin, la nécessité de vivre autrement. Je me pose en revanche une question : cette énergie dépensée pour dénoncer est-elle vraiment efficace ? On peut en douter ! Oui, les syndicats ont eu un rôle important dans l’histoire du modèle social français. Pour schématiser, ils étaient un contre-pouvoir important dans une période de croissance, un frein nécessaire pour éviter l’exploitation. Aujourd’hui que l’exploitation (des ressources) est à son apogée, ne faut-il pas favoriser les forces créatives ? Et si la première chose à faire était d’inviter, d’inciter ceux qui crient « contre » à rejoindre ceux qui sont « pour »… un autre monde ?  Nous serions alors peut-être un peu moins nains !

     

    Par Pascal Greboval, Rédacteur en chef de Kaizen

    3 Commentaires

    1. Des géants pas verts, c’est bien trouvé ! Mais ils ont des pieds d’argile et les colibri sont comme David contre Goliath !

    2. Aaah mais colibri n’est pas seul! il y a beaucoup d’autres initiatives pour contrer Goliath, elles vibrent de concert sur le même mode de changement des priorités. et ce qui caractérise Goliath, c’est qu’il ne croit en rien, sinon qu’à son profit personnel, et si ce n’est pas trop tard pour lui, un jour il saura que son billet vert n’est pas comestible…alors il découvrira la partage, au mieux…pour lui.

    3. Depuis qu’un jour quelqu’un à prononcé devant moi le mot ho’oponopono, je suis obligée de considérer le « géant pas vert » comme une partie du tout et donc une partie de moi-même, petit colibri 100% responsable de l’état du monde…

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