Conservation zéro déchet : vers quel emballage alimentaire se tourner ?

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    Verre, plastique, carton, papier aluminium… Toute une palette d’emballages alimentaires permet de conserver nos aliments au quotidien. Mais quid des conséquences environnementales et sanitaires de ces contenants ? Lequel privilégier pour tendre vers le zéro déchet ? Petit tour d’horizon.

     

    Le verre, champion de l’emballage eco-friendly et sans risque pour la santé

    Imaginer le vide absolu dans sa poubelle… Une idée zéro déchet plutôt emballante qui commence souvent par une histoire de contenant alimentaire. Alors que les principaux contenants présents dans les supermarchés comme le plastique, les boîtes de conserve et le carton font figure de mauvais élèves, le verre est le matériau le plus sûr pour conserver les aliments d’un point de vue sanitaire et environnemental. Naturel, imperméable, inerte et neutre, le bocal en verre fait presque un sans-faute. Aucune molécule toxique n’est transmise du récipient vers les aliments qui garderont leurs qualités nutritionnelles.

    « Le verre a des qualités incomparables pour ce qui est de la protection de tous les produits alimentaires », confirme Jacques Bordat, président de la Fédération des Industries du Verre. « C’est la référence absolue puisqu’il n’y a aucune interaction entre le produit et l’emballage. C’est d’ailleurs pour cela que tous les équipements de laboratoire sont en verre, pour éviter d’interagir avec les molécules. »

    C’est aussi le seul matériau recyclable à 100 % et à l’infini, sans perte de poids ni de qualité, tout en économisant de l’énergie puisqu’il fond à plus basse température. « Le verre est recyclé en boucle fermée. C’est-à-dire qu’une bouteille en verre redevient une bouteille en verre avec exactement les mêmes propriétés », ajoute Jacques Bordat. « Et c’est facile de participer au recyclage en allant déposer son verre dans les 180 000 bornes mises à disposition à chaque coin de rue », conclut-il.

    Qu’en est-il de la consigne ? Cette bonne vieille méthode écologique et économique consiste à déposer les bouteilles vides pour les remettre dans le circuit. Un petit geste devenu rare qui fait son retour dans certaines collectivités et chez certains commerçants en France, notamment dans le Var, les Hauts-de-France et le Jura.

    « L’évolution du marché a fait que le consigne a un peu disparu. Mais lorsque vous allez dans les restaurants ou les bars, la plupart des bouteilles en verre sont consignées », affirme Jacques Bordat.

    Pour résumer, il est toujours préférable d’opter pour des contenants en verre afin de conserver pâtes, farine, riz, légumineuses et de mettre en bocaux ses fruits et légumes frais pour en profiter toute l’année. Petite astuce, la salade reste fraîche plus longtemps si elle est coupée et mise en bocal au réfrigérateur ! Pour l’eau et le lait, les bouteilles en verre restent aussi la meilleure option.

    Pourquoi éviter le plastique ?

    Très utilisés dans l’agro-alimentaire, les emballages et boîtes en plastique sont pourtant devenus une plaie environnementale avec leurs pollutions et leurs matières premières issue des hydrocarbures. Pire, ils ne sont pas sans danger pour notre santé : plusieurs études scientifiques ont montré que des composants chimiques ajoutés pendant la fabrication des plastiques – tels que le bisphénol A et les phtalates – pouvaient migrer vers les aliments. Le bisphénol A (BPA) est un perturbateur endocrinien susceptible d’avoir des effets néfastes sur le système reproducteur, le cerveau et l’organisme en général.

    Ce phénomène de migration est accentué par certains facteurs comme la chaleur, la teneur en corps gras et en sel de l’aliment, et le vieillissement du récipient. Il est donc préférable de ne réchauffer aucun plastique au micro-ondes.

    Interdit dans les biberons en 2011, puis dans tous les contenants alimentaires en 2015, le bisphénol A fait toujours débat. En 2016, l’association Santé Environnement France a découvert que ce produit était toujours présent malgré son interdiction notamment dans des canettes et dans le revêtement intérieur de certaines boîtes de conserve.

    « À partir du moment où vous avez du plastique, vous avez potentiellement du bisphénol A. On parle de micro-doses mais c’est lorsqu’elles s’accumulent que cela peut créer un poison pour l’organisme », précise Alain Collomb, médecin et président de l’association Santé Environnement France en région PACA. « On peut éviter d’être exposé à ce perturbateur endocrinien en se fiant aux logos sur les emballages et en ne chauffant le plastique en aucun cas. Mais la meilleure solution reste de transvaser ces produits vers des récipients plus neutres comme le silicone ou le verre », conclut-t-il. Pour les contenants en silicone, préférez toutefois le silicone platine et non peroxydé car ce dernier peut laisser migrer les particules vers l’aliment.

    L’idéal est donc de n’utiliser aucun contenant alimentaire en plastique et d’éviter les boîtes de conserves par la même occasion. On peut toutefois prendre des précautions en identifiant les plastiques recyclables, moins susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens (lire encadré ci-dessous).

    L’emballage cartonné recyclé, un faux-ami 

    Du paquet de céréales à la boîte de thé en passant par la brique de jus de fruits, nos cuisines regorgent de boîtes d’emballages en carton. Côté environnement, le papier et le carton se recyclent sans problème et redonnent vie à des journaux, magazines et enveloppes en tout genre, mais il existe une ombre au tableau.

    En 2015, l’ONG Foodwatch révélait que 60 % des produits de grandes marques de l’agroalimentaire testés – même du couscous bio – étaient potentiellement cancérogènes. La cause ? La migration d’huiles minérales (MOAH) utilisées comme encre d’impression sur les emballages cartonnés, encore plus nocives lorsque le carton est recyclé. Des résultats obtenus grâce à plusieurs tests en laboratoires, dont l’ONG espère qu’ils feront réagir les dirigeants et les industriels.

    « D’après nos informations, un arrêté interministériel suffirait à rendre la protection des consommateurs obligatoire, détaille Ingrid Kragl, directrice de communication de Foodwatch France. Nous évitons de dire aux consommateurs comment se comporter mais nous militons pour rendre obligatoires des barrières efficaces pour tous les emballages cartonnés et pour qu’une tolérance zéro soit appliquée pour ces huiles minérales », conclut-elle.

    Un constat appuyé par le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) en mai dernier, qui incrimine également ces encres et les adhésifs présents sur les emballages cartonnés, même si les risques ne sont pas encore concrètement déterminés et que des données supplémentaires sont nécessaires.

    En attendant, il est recommandé de transposer ces aliments dans un bocal en verre pour limiter le temps d’exposition.

    D’autres alternatives à adopter dans sa cuisine

    Pour emballer les restes, si le papier aluminium et le cellophane sont bien pratiques, leur empreinte écologique et leur impact sur la santé ne sont pas négligeables. « L’aluminium peut être toxique pour les plantes, les animaux et les hommes », déclarait l’Institut de veille sanitaire dans un rapport en 2003.

    Au lieu de se saper le moral, on peut se débarrasser de tout cela et s’entourer de tissu ! Pour les aliments secs (céréales et fruits secs) par exemple, il est possible d’utiliser des pochettes bio que l’on peut aussi fabriquer soi-même (1). Quant aux aliments humides, ou à conserver au réfrigérateur, on peut créer un film alimentaire en cire d’abeille, réutilisable et économique.

    Un bon vieux torchon pourra aussi faire l’affaire pour conserver une baguette. Et une fois à la boulangerie, demander à mettre directement le pain dans un sac en tissu pour éviter l’emballage papier.

    Concernant les restes ou les sauces, les bacs à glaçons en inox peuvent être utilisés pour les congeler et conserver leurs qualités nutritionnelles. Ces récipients sont sans produits toxiques et permettent de compartimenter en petites doses. Idéal aussi pour des portions de purée de légumes et les repas de bébés. Plus généralement, les boîtes en inox ou en porcelaine sont aussi recommandées, puisque leurs composants chimiques sont neutralisés.

    S’emballer pour le vrac et le fait maison !

    Conserver ses aliments avec des contenants écologiques incite donc à acheter en vrac. Aujourd’hui, les magasins bio sont de plus en plus nombreux à proposer des produits sans emballage directement à la vente. Le meilleur moyen aussi pour alléger considérablement sa poubelle !

    « Dans une démarche de conservation zéro déchet, il faut privilégier le vrac au maximum et aller sur les marchés. C’est un moyen d’éradiquer tout emballage industriel et de retrouver du lien avec le producteur », précise Pauline Debrabandere, chargée de projet à Zéro Waste France. « Il est vrai que cela demande de l’organisation, mais on prend progressivement de nouvelles habitudes. Je ne vais plus du tout au supermarché par exemple », ajoute-t-elle.

    Pour faire ses courses et préparer ses déjeuners emportés, les contenants en verre sont donc les meilleurs alliés.

    Dorénavant, le citoyen a toutes les cartes en main pour choisir son contenant idéal et conserver ses aliments de manière écologique tout en préservant sa santé !

    Par Maëlys Vésir

    (1) : Lire le DIY « Transformer ses vieux T-shirt avec zéro couture » paru dans le Kaizen n°33, p.70

    ©Kaizen, construire une autre monde, pas à pas…

     


    Comment identifier les plastiques sur les emballages ? 

    Dans le tableau ci-dessous, les catégories 2, 4 et 5 sont considérées comme les plus sûres en matière de plastique alimentaire. Il est préférable d’éviter les catégories 1, 3, 6 et particulièrement la 7 qui correspond à la classe « divers » des plastiques, plus à même de contenir du bisphénol A.

    © Source : Natura Sciences

     


    Lire aussi : La première maison du zéro déchet en France

    Lire aussi : Réaliser un film alimentaire lavable (bee’s wax wrap)

    Lire aussi : Comment devenir autonome (tome 2), Hors-série n°8

    15 Commentaires

    1. Merci pour cet article intéressant concernant notre quotidien.
      Le tableau final sur les types de plastique d’emballage est très utile.

      Trois petites remarques cependant :
      1. Une faute d’orthographe : « Quand-est-il de la consigne ?  »
      L’écriture exacte en « qu’en est-il », raccourci de qu’est ce qu’il en est.

      2. « Pour faire ses courses et préparer ses déjeuners emportés, les contenants en verre sont donc les meilleurs alliés. »
      Pour les achats en vrac au marché, en magasin et même en grande surface, des sacs jetables en papier recyclé ou en cellulose imitant le plastique sont aujourd’hui fournis gratuitement. Le consomacteur peut préférer des sacs en coton bio lavables et réutilisables vendus en magasin bio. Pour les sandwiches et gouter, la tendance est aussi aux emballages en tissus imperméabilisés à la cire d’abeille (bee’s wrap) dont vous proposez la recette.
      Les bocaux en verre sont parfaits pour stocker les aliments à la cuisine, mais ils sont fragiles et assez lourds : pour faire ses courses de vrac et emballer un sandwich ou un gouter, on préfère vraiment le papier ou le tissus.

      3. « L’emballage cartonné recyclé un faux ami. » Sans nier les problèmes de migration des huile minérales vers les aliments, ceux-ci ne sont pas comparables à la pollution avérée que représentent les boites de conserves et les plastiques divers, tant pour leur fabrication que pour le transfert de particules vers les aliments. A ce sujet, l’achat le plus polluant pour la santé et l’environnement est certainement la bouteille d’eau en plastique. On pourrait suggérer l’utilisation de carafes de filtration d’eau du robinet à la maison et de gourdes en inox ou autre matériau neutre pour le transport des boissons – là où on évitera le verre à cause de ses seuls défauts : sa fragilité et son poids…

    2. Bonjour et merci encore pour ces précieuses informations.
      Je souhaiterais apporter des nuances concernant les produits en vrac.
      Après vérification dans plusieurs magasins bio, il s’avère que la plupart viennent de pays étrangers parfois très loin de la France.
      Ce n’est donc pas satisfaisant au niveau de l’emprunte carbone.
      Le consommateur aura alors à choisir entre moins d’emballage ou les legumes secs de l’autre bout du monde.
      Ce n’est pas simple…

    3. Comment savoir qu’un silicone est du « silicone platine et non peroxydé » ??? j’ai des moules à muffins en silicone, et je n’ai pas la moindre idée sur la nature du silicone…

    4. ok pour la qualité des contenants en verre, mais pas si simple de faire ses courses avec ! hé oui, comment faire la tare de celui-ci dans un magasin bio au moment de passer à la caisse ? au marché, c’est plus réalisable avec le commerçant, et dès lors qu’il n’y a pas une file d’attente qui s’impatiente et que le commerçant lui-même soit coopérant 😉 le verre, j’adore, j’adhère mais il y encore quelques finitions à peaufiner 🙂

    5. Pour un service traiteur, de produits bio et locaux, où peut on acheter des emballages en verre ? Tous les sites « bio » proposent des emballages jetables.
      Merci

    6. Pour ceux qui veulent en finir avec le plastique et l’aluminium, nous lançons en Octobre en France: My Bee Wrap, Film alimentaire réutilissable en cire d’abeille. C’est naturel, durable, simple d’utilisation et en plus, c’est jolie! 🙂
      http://www.mybeewrap.com

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