La chanteuse française ZAZ revient sur la scène artistique et citoyenne les 8 et 9 juillet prochains au Crussol festival, à Saint-Peray en Ardèche. Ce week-end festif organisé en village citoyen offre une riche programmation avec concerts, spectacles, ateliers et conférences sur l’écologie, l’éducation, la poésie… à l’image de cette artiste pétillante et engagée. Rencontre
Qu’attendez-vous de ce festival ?
Je souhaite que ce festival soit un lieu de vie où la musique et les débats créent des ouvertures, des espaces d’échanges et de partage, sans jugement ni intolérance. J’aimerais que les gens se sentent bien et libres, qu’ils apprennent des choses, qu’ils soient curieux et nourris. Que ce festival leur donne envie d’agir, de vivre plus intensément et d’être plus en accord avec leur nature.
Vous avez déjà créé le réseau Zazimut qui promeut des projets solidaires et locaux à l’occasion de vos tournées. Aujourd’hui, vous êtes à l’initiative de ce premier festival de Crussol que vous avez financé en grande partie…
J’ai toujours eu envie de soutenir des projets. J’en finance beaucoup, même si je ne gagne pas d’argent avec. Je n’ai pas peur de cela, car l’argent est fait pour faire des choses ! En fait, je suis surtout un bon motivateur. Ma force est d’emmener les gens dans des projets, même s’ils n’y croyaient pas au départ.
Ce festival n’est pas le mien, c’est le festival du château de Crussol. Il y a énormément de gens, de bénévoles, des artistes qui ont revu leur cachet à la baisse. Tout le monde a mis la main à la pâte. Ce qui est important, c’est d’ancrer l’événement sur le territoire, d’encourager les initiatives locales et que les artisans valorisent leurs savoirs et travaillent au service d’une communauté.
Les ateliers pédagogiques sont très présents dans la programmation. Pourquoi est-ce important pour vous ?
L’éducation est essentielle, je pense que c’est la base. Un enfant qui est libre dans sa nature, même s’il faut un cadre et des limites, est plus à même d’apprendre. Il est important d’être à l’écoute et de valoriser aussi la Communication non violente (CNV) dès le plus jeune âge. Nous avons d’ailleurs invité Isabelle Peloux, fondatrice de l’école du Colibri. J’adore ce qu’elle fait, elle expérimente depuis plusieurs années une pédagogie qui fonctionne extrêmement bien et qui redonne sa place à l’enfant. Elle s’est adaptée à eux et ces derniers lui ont surtout appris à adapter les choses. C’est épanouissant pour tout le monde.
Et vous, comment avez-vous appris la musique ?
Au conservatoire c’était très académique, j’ai appris des choses mais cela ne me convenait pas. J’ai fait du violon, du piano, touché un peu à tout mais je n’ai pas continué car j’ai vraiment besoin d’avoir quelqu’un de passionné en face de moi. Sinon ça bloque.
Dans l’apprentissage, le rapport humain est plus qu’important pour moi. Si le feeling passe, je vais comprendre très vite et m’intéresser. Dans la musique c’est pareil, c’est lorsque je me suis retrouvée en interaction avec des musiciens passionnés que j’ai le plus appris.
Dans votre chanson Si, vous dites « je sèmerai des utopies ». Dans ce même clip, réalisé par Coline Serreau, on voit des personnalités engagées dans l’écologie comme Pierre Rabhi ou encore Vandana Shiva. Pourquoi ?
Parce que je partage leurs valeurs, ça me parle et ça me touche. Ces personnes ont expérimenté de nombreuses actions porteuses de sens dans leur vie et l’expriment très bien. Il faut se servir des leurs expériences parce que ça fonctionne !
Je pense qu’il est très important de faire ce que l’on aime, de ne pas être bloqué par des schémas et des codes. Être libre d’expérimenter qui on a envie d’être, de se laisser le temps, d’apprendre à s’aimer et à se connaître.
Lorsque j’ai des rêves, je n’ai pas peur d’y croire, je n’ai aucun doute. À partir du moment où j’y crois c’est déjà là. C’est une réalité. Je suis ce que je fais. L’artiste n’est pas dissociable de l’humain.
Après avoir gravi le Mont Blanc, dans votre chanson La Lessive vous avez valorisé le fait de faire « un pas après l’autre » – c’est aussi la devise de Kaizen ! (rires) – Pourquoi ?
Parce qu’à un moment de l’ascension on ne peut plus réfléchir pour arriver en haut. On entre dans une espèce de méditation où la seule chose à faire est de mettre un pas devant l’autre. Lorsque tu n’arrives plus à avancer et que tu penses que tu as déjà dépassé toutes les limites, tu te rattaches à la seule chose concrète que tu peux faire : mettre ton pied devant.
Et une fois arrivée au sommet ?
On retrouve de l’énergie, on se sent fou de joie ! Mais, finalement, le plus dur n’est pas de monter, c’est de redescendre… Inévitablement, il faut savoir redescendre, c’est comme après l’été vient l’automne et après l’hiver, le printemps, c’est la vie et si on n’accepte pas ça, on va en « chier ».
En ce moment, c’est comment pour vous ?
Là ça redevient le printemps, je suis un peu les saisons. En ce moment je trouve qu’il y a des changements dans l’air comme si on commençait à intégrer enfin tout ce que l’on avait fait, comme si c’était début de la récolte. J’ai énormément d’espoir pour l’humanité.
Même si c’est le chaos dans certains lieux, il n’y a jamais eu autant d’initiatives. Dans la noirceur naît la lumière : l’apocalypse ce n’est que les vérités qui sont révélées. Alors oui ça fait mal, ce n’est pas joli, mais il y a aussi beaucoup de belles choses qui se révèlent. C’est à chacun de choisir ce qu’il veut nourrir.
Et vous, de quoi vous nourrissez-vous ?
De ce qui me fait du bien ! Je ne peux pas changer le monde, mais je peux changer ma manière de regarder le monde avec mon attitude. Je ne dis pas que j’y arrive tout le temps. Parfois, je tombe dans le piège de la négativité. Mais dès cela dure trop longtemps, je me dis que c’est moi, qu’il faut que j’arrête de juger, de dire que c’est la faute de machin ou de truc. Alors je décide de me remettre dans ma bonne vibration et de la régénérer !
Entretien réalisé par Sabah Rahmani
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super Zaz.. quelle femme extraordinaire, prodigieuse, un ange venu aider notre espace terrien… gratitude infinie chère Zaz.