Vers un tourisme plus responsable

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    Les agences de voyages sont de plus en plus nombreuses à mettre en avant une démarche responsable, tournée vers un tourisme éthique, durable et solidaire. Sous leur impulsion, plusieurs labels et autres chartes ont vu le jour afin de sensibiliser les voyageurs. Tour d’horizon.

     

    Elles le savent. Si elles ne veulent pas scier la branche sur laquelle elles sont assises, les agences de voyages doivent évoluer vers un tourisme durable. C’est-à-dire plus respectueux de l’environnement, plus éthique d’un point de vue économique et plus solidaire envers les populations locales, ceci afin de ne pas contribuer à détruire ou à dénaturer les sites visités. Au début des années 2000, au lendemain de la publication par l’OMT du Code mondial d’éthique du tourisme, plusieurs agences et voyagistes spécialisés dans le trek et le voyage d’aventure se sont en effet rassemblés pour créer l’association ATR, Agir pour un tourisme responsable. « À l’époque, nous étions plusieurs à proposer des voyages sur un axe nord-sud avec des destinations extrêmement pauvres et des différences importantes entre nos voyageurs et les populations locales : cela a déclenché une envie d’aller plus loin en matière de solidarité.

    D’autant plus que nous nous sommes vite aperçus que nous avions déjà, chacun de notre côté, mis en place des actions intéressantes, citoyennes et responsables », explique Vincent Fonvieille, PDG de l’agence La Balaguère et président d’ATR. Le voyagiste Atalante avait également déjà élaboré, en 1996, une charte de bonne conduite à destination des voyageurs se rendant dans le désert du Sahara. « L’idée a donc été de créer un référentiel et de nous engager sur un certain nombre de grands principes – 18 –  déclinés en plusieurs critères – 25 –, tout en demandant à un organisme extérieur indépendant de le valider et de le contrôler », poursuit Vincent Fonvieille. Seule façon d’être crédibles aux yeux des voyageurs et des autorités. Au programme ? Le respect de l’environnement, bien sûr, mais aussi et surtout celui des populations locales en décidant « de les associer, de les intégrer, de les former ». Ce qui signifie : privilégier les emplois directs locaux, assurer des conditions de travail décentes en veillant notamment au respect des minima sociaux, mais aussi participer financièrement à des projets de développement locaux. Certifié par l’Afaq-Afnor en 2008 et désormais par Écocert, le label est devenu une référence dans le milieu du tourisme durable.

     

    Un éventail de chartes et de labels

    Parallèlement à la création de ce label, une autre association, l’ATES – Association pour le tourisme équitable et solidaire –, s’est également créée en 2006. Elle regroupe aujourd’hui une quinzaine de voyagistes proposant des voyages solidaires qui respectent la charte de qualité de l’ATES. Une charte plus exigeante et contraignante – nombre de touristes limité à 12 par groupe, durée des séjours, information des voyageurs sur la situation économique, sociale, culturelle, environnementale et politique de la destination, etc. – que celle d’ATR, mais sans véritable certification derrière. Chez Voyageurs et voyagistes éco-responsables – VVE –, c’est autour d’un système de double charte – voyageurs et voyagistes –, que les membres adhérents se sont rassemblés à partir de 2007. Mais, pas de label ni de contrôle d’un organe extérieur. Chacun s’engage simplement à respecter les nombreux critères avancés par l’association, dont « la totale transparence du prix du voyage, assortie du pourcentage réel du prix revenant aux intervenants de terrain ».

    Un peu difficile, donc, pour les voyageurs de s’y retrouver. « Il ne faut pas hésiter à interroger les voyagistes, à leur demander des informations concrètes », conseille Jean-Pierre Lamic, directeur de VVE. Car voyager responsable, c’est aussi apprendre à être responsable soi-même en déjouant les astuces marketing des agences – il n’est pas rare en effet de voir des voyages estampillés « durables » avec de longs trajets en 4×4 – et en refusant de céder à la guerre des prix que se livrent les agences.

     


    Pour aller plus loin

    www.labalaguere.com

    www.atalante.fr

    www.echoway.org : une association qui répertorie les lieux d’accueil du tourisme équitable, solidaire, écologique ou encore de missions d’écovolontariat dans le monde entier

    www.voyageons-autrement.com : un portail d’informations sur le tourisme responsable


    Les principaux labels, certifications et chartes

    ATR : retrouvez les 16 critères de la nouvelle mouture du label d’ATR et les voyagistes labellisés sur www.tourisme-responsable.org.

    ATES : une quinzaine d’agences de voyages se sont engagées à respecter la charte et les critères mis en place par l’ATES : www.tourismesolidaire.org.

    VVE : 2 500 voyageurs et 21 voyagistes sont adhérents : blog.voyages-eco-responsables.org.

    La Clef verte est un label attribué en France aux campings et hôtels respectueux de l’environnement et des ressources naturelles : www.laclefverte.org.

    Les Gîtes panda sont des hébergements Gîtes de France auxquels le WWF a accordé son label : ecotourisme.gites-de-france.com.

    L’Écolabel européen : délivré et certifié par l’Afnor, ce label est le seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les pays de l’Union européenne : www.ecolabel.eu.


    Didier Jehanno, cofondateur de l’association Aventure du bout du monde – ABM, conseille et guide depuis plus de 25 ans les voyageurs indépendants.

    « Le voyage, ce n’est pas aller dans les agences, c’est aller par soi-même. » Non pas que le cofondateur d’ABM et responsable du festival Partir autrement, Didier Jehanno, soit totalement contre l’idée de s’envoler avec une agence de voyages. « Si on a peu de temps et que l’on ne veut pas s’ennuyer avec l’organisation d’un voyage, il y a pléthore de choix. » Mais, pour lui,  « l’enrichissement personnel sera moindre, car ce type de voyage sera toujours encadré, aura déjà été fait par d’autres voyageurs, suivra des traces. Ce qui est important, c’est justement de faire soi-même sa propre trace, en se laissant porter par les événements. » Une façon aussi d’être quelque part un peu plus responsable. « Bien sûr, on peut se fier à certains labels, mais cela reste du marketing pour essayer de vendre des circuits. Certes, ces voyagistes essaient de trouver des hébergements plus responsables et durables, mais il faut savoir où va vraiment l’argent, avec qui, comment », affirme le conseiller, qui a vu le tourisme dévaster certaines régions du globe. « Au Népal, beaucoup de gens ont abandonné l’agriculture et l’élevage pour faire des lodges, parce qu’ils voyaient leurs voisins s’enrichir de cette manière. Alors qu’ils vivaient en autosuffisance, ils sont devenus dépendants du tourisme. » Pour ce grand voyageur, il est donc « important de prendre en compte notamment le niveau de vie du pays dans lequel on se rend. Car, en tant qu’Occidentaux, nous avons souvent un pouvoir d’achat supérieur, ce qui peut créer des déséquilibres. » Après, voyager autrement, « c’est aussi réfléchir à son impact écologique. Est-ce que l’on prend l’avion pour une semaine ? Ou est-ce que l’on part à vélo pour trois mois, mais moins souvent ? » Enfin, c’est forcément « essayer de sortir des sentiers battus et du tourisme de masse. Et, pour cela, il faut du temps pour se perdre dans les méandres des pays, de leurs transports en commun, pour s’éloigner de toutes les structures touristiques et surtout pour s’arrêter. S’arrêter sur un banc, dans un village, et laisser faire les choses, les autres venir à vous… Ce n’est pas inné, il faut du temps, de la patience, être souriant : c’est un comportement différent. » Mais tellement plus empli d’humanité.

    www.abm.fr

    www.partirautrement.fr

    1 COMMENTAIRE

    1. Hummm … tant que voyager signifiera prendre l’avion avec ce que cela pèse en émission de gaz à effet de serre … voyager ne sera jamais une activité éco responsable. Il faut le dire et arrêter de laisser croire aux nouveaux convertis aux enjeux environnementaux qu’on peut continuer « as usual » en s’achetant (à bas prix) une bonne conscience environnementale. C’est profondément malhonnête de laisser croire cela.

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