Une éco-école pour des éco-citoyens

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    À Ravigny, en Mayenne, l’instituteur et le maire conjuguent leurs efforts pour former les éco-citoyens de demain.

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    « Si j’ai pu mettre en place tous les projets autour de l’école, c’est grâce à la mairie », affirme, dès le début de l’entretien, Pierre Transon, instituteur de ce petit village de 200 habitants. Passionné de nature, il stimule depuis 28 ans la curiosité de ses élèves au sujet de l’environnement et de la biodiversité, selon un crédo simple : « Émerveiller d’abord, connaître ensuite pour finalement respecter et protéger toute forme de vie animale ou végétale. »

    L’instituteur explique sa démarche :

    « Mon objectif était double : informer les enfants car ils devront éviter de reproduire nos erreurs et sensibiliser les citoyens de la commune par capillarité, en organisant des conférences, expositions et autres projets ouverts au public. Les parents sont captivés par le travail de leurs enfants. »

    En 1996, au cours d’un travail sur un projet d’école de la nature, un inspecteur met Pierre en lien avec une école suédoise et une école anglaise, afin de comparer la relation à l’environnement dans ces trois pays. Différents voyages d’études – dont un avec les élèves – sont organisés. C’est à l’école de Partille près de Göteborg qu’il tire les plus grands enseignements. Renforcé dans ses convictions, il met alors en place un compost qui permettra la création d’un petit jardin et d’un observatoire dans le verger attenant à l’école, où les élèves peuvent observer la nature pendant les récréations.

    Encouragé par l’engouement de ses élèves et de la commune, Pierre Transon se lance dans un projet d’une autre envergure : créer avec sa classe un sentier pédagogique autour de l’école, qui sensibilisera tous les publics aux écosystèmes locaux. Après de longs mois de travail avec deux associations locales, le sentier des 4 saisons et des 5 sens, long de 3,5 km, ouvre au public en 2006. Et c’est un vrai succès ! En moyenne, 300 élèves du département fréquentent chaque année le sentier avec leur enseignant. Il s’agit d’un véritable outil pédagogique : la promenade s’accompagne d’un cahier pour préparer la sortie, un carnet de terrain, un sac à dos (cartable buissonnier) et un dépliant retraçant l’évolution de la vie (de la méduse à l’homo-sapiens) puisque les 3500 m de circuit représentent 700 millions d’années. Les randonneurs, quant à eux, en profitent gratuitement !

    Le rôle du maire ?

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    « Il m’a suivi dans tous les projets », assure Pierre Transon. « À titre d’exemple, il a mis à disposition des conteneurs pour le compost, il est venu étudier les différentes options de tracé du sentier avec les élèves sur le cadastre pour in fine nous céder une parcelle. Plus encore, ce projet a eu le mérite de réunir différents acteurs locaux, comme le Parc Régional Normandie Maine, deux associations et la mairie, qui ont tous œuvré pour trouver les fonds [1]. »

    De l’intelligence collective territoriale ! Les raisons d’un tel engagement de part de l’élu ? « On prend le café à la récré très souvent ensemble, on discute, on échange. Ça évite les rendez-vous très formels. Les idées germent de nos discussions », confie Pierre.

    « Il est vrai que je n’étais pas spécialement sensible à l’écologie, admet le maire Michel Froger, agriculteur à la retraite, mais les projets de Pierre Transon convergent avec mon désir d’éviter les fermetures de classe. Et ses idées ne grèvent pas notre petit budget. Nous utilisons souvent des matériaux recyclés ou de seconde main, tels les ordinateurs pour la salle informatique. » Prise au jeu, la mairie a mis en place en 2008 des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’école, un beau symbole. Sous le préau, un compteur indique la production d’électricité et l’équivalent carbone économisé. « L’instituteur dispose ainsi d’un matériel qui lui permet ensuite de faire son boulot auprès des enfants. Et il est certain que grâce à cette démarche, ceux-ci deviennent plus sensibles aux enjeux environnementaux. » Enfin comme un effet rebond, la mairie a confié fin 2013 à la cantine de l’école voisine, où tout est cuisiné sur place avec des produits locaux, la tâche de fournir les repas aux élèves de Ravigny. « C’est bien meilleur, confie le maire, et ça nous coûte le même prix que des repas d’origine industrielle. »

    Le modèle éco-école

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    Bénéficiant d’un contexte rural favorable pour sensibiliser les enfants à la biodiversité, l’instituteur de Ravigny ne manque pas d’idées pour que ses collègues urbains forment des éco-citoyens. « Si les maires confient aux élèves l’organisation d’expositions, de conférences sur la biodiversité de leur quartier, de leur territoire, et les présentent dans des salles de la commune le week-end, la famille viendra ! Par ailleurs, il existe aujourd’hui des outils simples, les instituteurs n’ont qu’à suivre un modèle – tel le programme proposé par l’association éco-école. » Les établissements participant à éco-école ont la possibilité de travailler chaque année sur l’un des six thèmes prioritaires : l’alimentation, la biodiversité, les déchets, l’eau, l’énergie, et les solidarités. Les enseignants accompagnent le projet en l’associant au programme scolaire dans les différentes matières. En parallèle, un diagnostic et un suivi sont mis en place avec l’équipe municipale sur la thématique choisie, afin que ces projets se concrétisent dans la commune. Deux exemples : à Lahitte dans le Gers, le travail collectif de l’équipe municipale, des habitants, des parents et des professeurs des écoles a permis de sensibiliser le village autour d’une alimentation saine de proximité. À Lens dans le Pas-de-Calais, le volume des poubelles du réfectoire du collège Sainte-Ide a été divisé par trois, passant de 1540 à 550 litres de déchets par semaine. Une cinquantaine d’écoles en France (primaires et collèges) suivent cette méthode. La petite classe de Ravigny en regroupement pédagogique avec deux autres communes (RPI « Bou.Cha.Ra »), s’est naturellement inscrite à ce programme pour bénéficier du label éco-école fin 2014. Pierre Transon pourra alors partir à la retraite !

     

     [1] Fonds destinés à la création des panneaux d’interprétation qui jalonnent le parcours et au matériel pédagogique (jumelles, cartes) fourni aux classes visiteuses.

     

    Extrait du dossier Ces maires qui changent la France de Kaizen 13, réalisé par Cyril Dion, Pascal Greboval et Jean-Claude Mengoni.

     


    Pour aller plus loin : Professeurs, instituteurs, maires, parents d’élèves, vous trouverez la démarche éco-école complète sur le site eco-ecole.org.

    Lire aussi : L’école Caminando (Drôme), une école qui respire

    Lire aussi : L’éducation primaire et secondaire en Suède : l’affaire des mairies

     

    1 COMMENTAIRE

    1. Bonjour,

      Merci pour ce bel article sur l’Eco-Ecole Bouchara ! Petit rectificatif : il est noté dans l’article qu’une cinquantaine d’écoles et collèges suivent la démarche Eco-Ecole en France. En réalité, il y a actuellement 1800 établissements scolaires (écoles, collèges et lycées) engagés dans la démarche. A bientôt !

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