Ouvert le 30 septembre 2018, le site de Transiscope a déjà cartographié 15 000 alternatives à travers la France. La force de cette plateforme ? Regrouper tous les domaines de la transition (agriculture, santé, éducation, ESS, citoyenneté…) en mutualisant les bases de données de dix associations. Dans un an, l’équipe espère répertorier 100 000 initiatives. Rencontre avec Edouard Lemarchand, chargé de communication.
Quel est le principe de Transiscope ?
C’est une cartographie dont l’ambition est de réunir toutes les données sur la transition disponible sur Internet aujourd’hui. Il y a énormément de bases de données sur des alternatives en France, qui ont été constituées par différentes structures depuis des années sur des sujets plus ou moins précis. Par exemple, il y a des cartographies sur des épiceries durables, des endroits où réparer ses objets… Désormais on ne sera plus obligé d’aller sur des sites différents pour trouver ce que l’on cherche.
Quels types d’alternatives peut-on trouver sur la plateforme ?
Nous avons catégorisé les alternatives dans huit grands thèmes qui englobent à peu près tous les enjeux de la transition : écologie, alimentation et énergie ; culture, médias et lien social ; éducation et formation ; bien-être physique et personnel ; modes de déplacements ; habitat et urbanisme ; économie sociale et solidaire ; citoyenneté, droits et solidarités. Cette dernière catégorie est la plus effervescente. Il y a un gros boom avec notamment l’élaboration de listes citoyennes en prévision des élections de 2020. À l’intérieur de ces grands thèmes, il y a des sous-catégories pour que l’utilisateur puisse affiner ses recherches. Enfin, il est toujours précisé d’où viennent les informations, de quel site, de quelle association…
Qui est à l’origine du projet ?
Transiscope est un projet collaboratif qui a débuté sous l’impulsion d’un membre d’Alternatiba : Simon Louved. Très vite de nombreuses autres personnes l’ont rejoint. Au total, dix organisations (Alternatiba, Crid, Warn, Utopia, MES, les Colibris, CAC, Cap ou pas cap, Ripess et Assemblée virtuelle), ont travaillé pendant deux ans à la conception de Transiscope et à la mutualisation des données.
Comment les alternatives répertoriées sont-elles choisies?
Nous avons mis en place des partenariats avec des organisations qui nous communiquent leurs données. Par exemple, les principales données aujourd’hui viennent de la carte des Colibris « Près de chez nous » et de l’association Cap ou pas cap. Nous faisons en sorte que la structure réponde à la charte qui s’assure qu’elles respectent les conditions de la transition. Leurs données sont-elles gérées de manière de manière ouverte ? Qui est derrière le projet ? Une organisation multinationale ? Une coopérative ? Une association ? Ensuite leurs données sont directement intégrées au site internet et là, il n’y a plus rien à faire. Par exemple, si les personnes continuent de remplir leurs données sur Colibris, elles sont mises à jour automatiquement sur Transiscope.
Quelles peuvent être les utilisations de Transiscope ?
Ce qui est fantastique avec cet outil, c’est qu’il n’est pas seulement destiné au grand public. C’est aussi une manière de pouvoir s’outiller sur la transition et d’avoir une vision du territoire en matière d’initiatives qui n’existe nulle part ailleurs. Cette cartographie permet de visualiser les régions plus délaissées sur le plan des initiatives alternatives. Donc par exemple, s’il n’y a pas de Biocoop ou d’Amap à un endroit, c’est l’occasion pour d’autres personnes d’en créer, ou au contraire, de réaliser ce que l’on voulait mettre en place existe déjà et donc qu’il est préférable de s’associer ou faire des ponts plutôt que de recréer quelque chose qui existe déjà. C’est aussi le message que nous avons envoyé à toutes les organisations, aux plus grosses associations et structures de l’ESS en France, en expliquant que communiquer sur Transiscope, c’est se mettre en avant, mettre en avant ses solutions, et permettre de pouvoir avancer en collaboration avec les autres. Finalement, il y a quand même un message politique dans le projet car il y une dimension politique à agir ensemble.
Propos recueillis par Marion Mauger