Adhérent au mouvement Youth For Climate, Thomas Le Guilloux, 17 ans, s’engage à plein temps pour la préservation de l’environnement. Dans un système qu’il rejette, l’adolescent breton a quitté l’école pour se consacrer à l’écologie.
« Pense à la planète, prends ta bicyclette » s’affiche sur son t-shirt. Pourtant, Thomas Le Guilloux, 17 ans, sait qu’il faudra un peu plus que des vélos pour agir contre le réchauffement climatique. « On est dans la merde », sourit derrière ses lunettes ce svelte garçon brun, qui habite à Plaintel, dans les Côtes-d’Armor.
L’adolescent a choisi de ne pas rester les bras croisés. Il a rejoint le mouvement Youth For Climate le 15 mars 2019, journée de grève mondiale pour la jeunesse. « J’ai co-organisé la première marche pour le climat à Saint-Brieuc », raconte ce passionné de badminton qui, dans la foulée, lance le collectif briochin de Youth For Climate. Une dizaine de membres le composent, sans locaux ni moyens financiers, du fait du statut non-associatif du mouvement.
Sa prise de conscience écologique intervient en entrant au collège. Thomas Le Guilloux commence à se poser « les premières questions autour de la planète et des animaux ». « C’est à ce moment-là que j’ai découvert les impacts de l’Homme, je suis devenu végétarien », confie le jeune militant, dans sa chambre au décor sobre, où l’on compte plus de plantes que de meubles.
Un « burn-out scolaire »
Or, celui qui se décrit comme « bon élève » ne trouve pas sa place dans le système scolaire. Jusqu’à le rejeter : « À partir de la 3e, je m’ennuyais. Je n’aimais plus l’école, je décrochais et ça allait de plus en plus mal. » Le jeune homme souffre d’un « burn-out scolaire » au début de son année de Seconde, à l’automne 2018. « Je suis partie du principe qu’il fallait lui faire confiance, qu’il trouverait la solution tout seul, c’est-à-dire quitter le système scolaire », explique sa mère, Isabelle, ex-cadre de santé en reconversion.
Thomas Le Guilloux a désormais du temps pour s’intéresser aux enjeux écologiques. Ses convictions évoluent en même temps que les habitudes de ses parents et de ses deux sœurs. Avec une maturité déconcertante, il partage ses idées, convertit une partie de la famille au végétarisme et change leur façon de consommer, notamment en privilégiant le vrac et les légumes des producteurs locaux. « Il est impressionnant, souffle Isabelle. Son engagement, au quotidien, est une source inépuisable d’informations. »
Les apparitions répétées de Greta Thunberg dès 2018 donnent un coup d’accélérateur aux engagements du jeune Breton. « Je pensais exactement la même chose qu’elle », confie-t-il. Aussi s’implique-t-il localement dès les premières marches pour le climat en France, mais pas seulement. « En avril 2019, j’ai participé aux premières assises de Youth For Climate, à Nancy. C’est comme ça qu’a débuté mon implication à l’échelle nationale. » Trois mois plus tard, il élabore, avec plus de 400 jeunes venus de toute l’Europe, la Déclaration climatique de Lausanne, lors du SMILE for future, en Suisse.
« Changer » le système
Le jeune homme prend également part à des actions plus radicales dans le sillage de son engagement. Le 29 novembre, lors du « Black Friday », il bloque pacifiquement le centre commercial des Quatre temps, à La Défense, puis un McDonald’s, le 14 juillet, à Bordeaux, en compagnie d’une soixantaine de militants. « Je ne m’attendais pas à ce que des gens soient aussi violents pour un cornet de frites et un burger. Ça m’a surpris », glisse le Breton, pas plus effrayé que cela par la répression des forces de l’ordre. « S’il faut aller se faire taper dessus, pour se faire entendre… »
Localement, le jeune homme s’implique dans des projets personnels, comme la sensibilisation aux enjeux écologiques dans des lycées, avec la question des déchets par exemple, ou des rencontres avec les municipalités à la suite des élections municipales.
Bien qu’il se dise « très heureux » de sa situation actuelle, Thomas Le Guilloux se trouve dans une impasse quant à son avenir professionnel. « Le monde du travail est contraire à mes valeurs, comme notre système en général, que nous devons changer », lance-t-il, conscient de la chance de pouvoir compter sur ses parents, mais aussi du risque de devoir « mettre certaines valeurs de côté » en devant travailler pour subvenir à ses besoins. Toutes les bicyclettes de la planète ne suffiront pas…