« Ce que le peuple veut, le peuple le peut. » Et si nous prenions au mot cette déclaration de Marine Le Pen après l’élection de Donald Trump ? Car inutile de faire ici une énième analyse sur les raisons, les causes de la victoire du nouveau président américain : il en existe assez (celle d’Ignacio Ramonet écrite avant l’élection de Trump est intéressante à relire). Ce n’est pas notre vocation. Mais changeons la caméra de place, imaginons autre chose autrement. Construisons demain.
C’est ce que propose par exemple laprimaire.org, un mouvement citoyen qui s’est mis en marche pour présenter un ou une candidat-e à l’élection présidentielle française de 2017, hors des logiques de partis. Au départ, 16 femmes et 152 hommes s’étaient porté-es candidat-es. Une présélection avait retenu 12 candidats (3 femmes et 9 hommes) et c’est une femme, Charlotte Marchandise, qui est arrivée en tête du premier tour de cette primaire. Première bonne nouvelle. Car, comme le dit Pierre Rabhi, « le féminin est au cœur du changement ». La seconde, c’est qu’elle doit son succès à une logique qui privilégie le collectif : « Ensemble, on va plus loin », comme elle aime à l’expliquer. C’est sans aucun doute cette approche que nous devons à présent mettre au centre de nos vies, de nos réflexions. Nous sommes très nombreux à vouloir construire une autre société. Soyons conscients de notre force, de notre capacité à faire bouger les lignes. C’est parce que pendant trop longtemps le champ politique a été déserté qu’une oligarchie et une frange nationaliste s’en sont emparé. Ne laissons plus la place vide, occupons-la chacun à notre manière dans les débats publics et privés. Certes, ça demande de l’énergie, du temps, de l’engagement. Mais c’est aussi source de rencontres, d’amitiés et de fraternité. Et c’est bien de ça dont il s’agit ! Faire vivre cette fraternité qui nous relie. Au-delà des croyances véhiculées par la société de consommation, cette fraternité nous donne joie, réconfort et nous permet de déplacer des montagnes. Cette fraternité qui conclut le triptyque au fronton des mairies. Cette fraternité mise de côté et qui nous manque cruellement. Bref, faire de la politique au sens noble, c’est faire acte de fraternité. Certes, on est loin de la réalité cruelle de la politique pratiquée aujourd’hui. À nous de décider de la nature de nos relations. Ce n’est pas le « système qui veut ça ». Nous sommes le système !
À tous ceux qui chercheront les limites de cette logique, outre le fait que nous sommes les créateurs de nos propres limites, un exemple. À Loos-en-Gohelle, lors de la dernière élection municipale, le maire Europe Écologie Les Verts, Jean-François Caron, qui a inscrit sa ville dans une démarche de transition écologique forte, a été réélu avec 81 % des suffrages. Or cette petite commune du nord de la France n’est qu’à 15 kilomètres d’Hénin-Beaumont, cette ville si souvent citée pour son attirance pour le Front national. Il n’y a donc rien d’inéluctable.
Tout cela interroge aussi le rôle des médias. En laissant dans l’ombre laprimaire.org (qui a réuni à ce jour déjà 85 000 personnes – une manif de 85 000 personnes, ce n’est pas rien !) ou en privilégiant Hénin-Beaumont à Loos-en-Gohelle, les médias « officiels » donnent à voir une image du monde. Pourquoi ? Je vous laisse y répondre !
Nous, Kaizen, continuerons à donner une autre vision, car, comme Marc Aurèle, nous espérons « que la force [nous] soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre ».
Alors, pour conclure, je reprends la métaphore de Nicole Ferroni (Ferroni, Aurèle, Le Pen, c’est éclectique !) avec le jeu Othello : il suffit de deux pions blancs pour retourner une ligne entière de pions noirs. Soyons, à notre échelle, ces petits pions blancs qui allons éclaircir l’horizon. C’est ce qui fait la différence entre espérer et désirer. Demain, j’espère qu’il fera beau, mais je désire et donc décide d’être acteur du changement.
Pascal Greboval, rédacteur en chef de Kaizen
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