Sortons du pétrolithique !

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    La semaine du 10 mars, le seuil d’alerte maximal aux particules (80 microgrammes de particules par mètre cube) a été dépassé pendant cinq journées consécutives dans plusieurs régions de France. Les média étrangers s’en sont donnés à cœur joie en comparant la pollution française avec celle de la Chine. (Ce qui relève du french bashing plus qu’autre chose, le seuil ayant atteint près de 600 microgrammes à Pekin et se situant généralement entre 200 et 300). Pour autant, la situation devient suffisamment grave (et pour une fois visible) pour que nos candidats aux élections municipales se saisissent du dossier. Et tout particulièrement dans les grandes agglomérations, Paris en tête. Non seulement il est temps de sortir du « Tout voiture » comme l’écrit Frédéric Denhez dans son très bon livre du même nom, mais, plus encore il faut sortir de l’ère du pétrolithique ! (comme le dit avec malice Pierre Rabhi).

    pollution

    Le pétrole a certes été un combustible bon marché, à la plasticité et au rendement excellent. Il nous a permis des avancées formidables dans nombre de domaines. Mais, si l’on y regarde de plus près, continuer à utiliser cette matière visqueuse et puante relève de l’absurdité pure et simple :

    1. Le pétrole va s’épuiser. Continuer à l’extraire se fera au prix de destructions écologiques considérables et à un coût bien plus élevé qu’actuellement

    2. Brûler du pétrole pour faire avancer des véhicules ou tourner des usines : ça sent mauvais, c’est nocif pour nos poumons, nos bronches, nos sinus et, en prime, ça salit tout ! Il n’y a qu’à passer son doigt sur le pare-brise de sa voiture pour s’en convaincre, ces milliards de particules collent non seulement à nos voies respiratoires, mais également à nos bâtiments, qui finissent par noircir avec les années et doivent être régulièrement ravalés.

    3. Jusqu’à preuve du contraire, cette combustion systématique contribue à dérégler notre climat. Ce qui constitue un des problèmes les plus graves que notre humanité doive affronter dans les années à venir.

    Cette manie que nous avons contracté et qui confine désormais à l’addiction nous coûte donc extrêmement cher ! Frais de santé, frais de nettoyage, frais d’extraction et d’acheminement, frais pour lutter contre le réchauffement… Il doit y avoir mieux à faire. D’autant, que nous ne pouvons pas dire que les solutions n’existent pas…

    Ailleurs, c’est mieux ?

    Times-Square-Before-and-After-1

    Dans la ville de Copenhague, sous l’impulsion de l’urbaniste Jan Gehl, spécialisé pour rendre les villes aux piétons et aux vélos (comme il l’a par exemple fait à Times Square – voir photo), près de 50% des déplacements se font à vélo (même en hiver sous la neige !) et l’objectif est d’atteindre 0% d’émissions de GES d’ici 2025. Stockholm a réduit ses émissions de CO2 de 95 % par rapport aux années 1960 et a pour objectif une consommation énergétique 100 % renouvelable en 2050. On y trouve, là aussi, des embouteillages de vélos et une formidable intermodalité des transports (comprenez : on peut facilement enchainer tram, vélo, métro…). Des centaines de villes en transition à travers le monde, sous l’impulsion de leurs habitants, tâchent de construire des cités où le pétrole ne serait plus nécessaire. Et ils ne vivent pas dans des cavernes pour autant…

    Selon Thierry Salomon, président de l’association NégaWatt, récupérer en totalité l’énergie produite par les rayonnements du soleil, sur toute la planète, pendant une journée, suffirait à répondre à l’ensemble de nos besoins énergétiques d’une année… A minima, nous serions dans tous les cas en mesure de sortir du pétrole et du nucléaire d’ici 2050 comme le démontre le scénario NégaWatt… si nous nous y mettons aujourd’hui !

    Alors, que nous soyons candidats aux élections ou simples usagers, ayons un peu d’ambition, sortons du pétrolithique !

    Par Cyril Dion

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