Vous voudriez bien savoir s’il y a quelques vérités dans les vertus aphrodisiaques que l’on prête à certaines plantes. Il suffit de connaître leurs propriétés pour comprendre que les plantes aphrodisiaques le sont parce qu’elles participent au bien-être de l’organisme. Et cela est essentiel.
Article publié dans Rebelle Santé
La plupart de ces plantes favorisent la digestion. Ce qui signifie qu’un ventre léger encouragerait l’émergence d’autres appétits beaucoup plus charnels. Elles peuvent aussi aider à la décontraction, être adaptogènes, le stress n’étant point la panacée d’Aphrodite. Enfin, certaines agissent sur la dilatation des vaisseaux sanguins ou la sécrétion d’hormones. C’est en ceci que les plantes peuvent être aphrodisiaques. Pour éveiller le désir, il existe maintes potions et élixirs de toutes les époques et il faudrait un livre entier pour tous les décrire. Je ne vais donc vous en donner que quelques-uns qui me semblent les plus opportuns ou des plus cocasses. En parallèle, n’oubliez pas de vous masser avec des huiles dans lesquelles vous aurez ajouté quelques gouttes d’huiles essentielles d’ylang-ylang, de néroli, d’angélique…et partagez des bains aux odeurs suaves de rose musquée, de santal, de musc… Ouh… Je sens que cela va être…époustouflant.
Des épices qui enflamment
Les épices à saveur chaude ou piquante ont la faculté de réveiller les constitutions « froides » en leur insufflant le feu qui les caractérise. Le gingembre améliore la circulation capillaire et provoque un afflux sanguin immédiat, la cannelle stimule et réchauffe l’organisme, le clou de girofle, le cumin, la coriandre, les baies de genièvre et le poivre sont tonifiants et dynamisent la digestion, la cardamome augmente le plaisir, la muscade est stimulante et enivrante, la suave vanille sollicite agréablement les fonctions olfactives… Pas étonnant que les épices soient présentes dans la plupart des recettes aphrodisiaques. Quant au miel qui accompagne souvent ces élixirs, il apporte l’énergie nécessaire, sans compter qu’il semblerait dynamiser la production hormonale tant chez les hommes que chez les femmes.
Décoction
Dans un litre d’eau, ajoutez une cuillerée à café de gingembre frais, une cuillerée à café de cannelle, une gousse de vanille, une cuillerée à soupe de menthe séchée, un clou de girofle et une pincée de muscade. Laissez mijoter 10 minutes, ajoutez du miel et buvez deux à trois tasses chaudes par jour.
Vin d’hypocras
L’hypocras est une ancienne boisson à base de vin sucré aromatisé avec plusieurs épices et parfois des plantes aromatiques. Cette recette, qui faisait fureur au Moyen-Age, avait la réputation de faciliter la digestion mais pas seulement… puisqu’elle était contre-indiquée aux « personnes vertueuses souhaitant garder leur chasteté ». Voici une recette d’hypocras, il y en a de multiples, amusez-vous à composer celle qui vous convient le mieux.
Dans un récipient en terre vernissée, mélangez un litre de bon vin rouge avec 100 g de miel. Dans une étamine en coton, enfermez 60 g de gingembre frais coupé en fines tranches, 10 clous de girofle, 10 gousses de cardamome écrasées, 30 g de cannelle en bâtons, 20 graines de coriandre broyées et quelques grains de poivre (on peut aussi ajouter des baies de genièvre, du cumin, un peu de muscade… tout ce qui a la réputation de réchauffer le corps). Mettez l’étamine dans le vin, complétez avec 30 g de gousses de vanille fendues, couvrez d’un linge et laissez macérer trois à quatre jours dans un endroit frais et sec en remuant tous les jours. Retirez l’étamine en la pressant vigoureusement ainsi que les gousses de vanille. Vous pouvez, ou non, ajouter un petit verre d’eau-de-vie (cela prolonge la conservation). Transvasez votre potion dans une bouteille en verre teinté et buvez un à deux petits verres tous les jours, sans exagération.
Des fruits et des salades sulfureux
La pastèque
Dans un mixeur, jetez 500 g de pastèque avec ses pépins jusqu’à l’obtention d’un jus bien lisse. Versez-
le dans une casserole, ajoutez le jus d’un citron et portez à ébullition en laissant réduire de moitié. Conservez dans un pot en verre au réfrigérateur et prenez 2 bonnes cuillerées à soupe le matin à jeun et le soir avant de dîner. La pastèque aurait une action vasodilatatrice.
La roquette
Ovide qualifiait cette salade « d’herbe lubrique », herba salax, et Hildegarde von Bingen la décrivait comme « excitante aux jeux de l’amour », ce qui avait pour conséquence de la bannir des jardins des couvents. Selon Pline, il faut cueillir trois feuilles de roquette sauvage de la main gauche et les piler dans de l’eau miellée afin d’obtenir une boisson exaltant au mieux les propriétés aphrodisiaques de la plante.
Des herbes qui provoquent une certaine ardeur…
La berce : Heracleum sphondylium
Les propriétés stimulantes de cette ombellifère sont peu reconnues en France alors qu’elles sont bien exploitées dans les pays slaves qui l’utilisent dans des boissons, des friandises et des soupes. Chez nous, on la ramasse surtout pour la donner aux lapins… (ce qui pourrait expliquer leur frénésie…). Elle aurait des propriétés similaires au ginseng, tonique général, d’où son surnom de ginseng d’Europe. Voici un breuvage dont vous me direz des nouvelles : recouvrez des graines de berce, fraîches de préférence, d’alcool à 60 degrés, et laissez macérer dix jours à l’ombre et au sec. Filtrez, mettez de côté. Préparez un sirop avec 100 g de sucre et 100 ml d’eau, ajoutez 10 g de l’alcoolature de graines faite précédemment et 30 g de curaçao. Conservez dans une bouteille et buvez une à trois cuillerées à soupe de ce breuvage par jour.
La sarriette : Satureia hortensis ou montana
Son nom est dérivé du latin satyrus, à traduire par satyre, ce qui veut tout dire. Digestive et tonique, la sarriette n’a pas pas fini de vous surprendre. Facile d’emploi dans la cuisine, je vous conseille d’en parfumer tous vos plats. Et sinon, pour une infusion, jetez 5 g de sarriette sèche dans une tasse d’eau bouillante, couvrez, laissez infuser dix minutes, filtrez et buvez trois tasses dans la journée, ceci pendant une quinzaine de jours.
Et pour les curieux des recettes d’antan
« Prendre une livre de panicaut blanc et mondé, bouilli dans un deuxième bouillon de pois chiches, huit onces de couillons de renard (bulbe de l’orchis bouc), trois onces de racines de raifort, deux onces d’armoise. Piler le tout et recouvrir de deux doigts de lait de vache ou de brebis ; ajouter quatre onces d’huile de sésame et du beurre frais de lait de vache ; cuire (à feu doux) jusqu’à obtenir une pâte épaisse et ajouter avant la fin de la cuisson du lait frais, de l’huile et du beurre et faire cuire parfaitement le tout ; incorporer alors six livres d’excellent miel, une livre et demie de suc d’oignon humide. Faire cuire à nouveau le tout, jusqu’à obtenir la bonne consistance : retirer du feu et incorporer ensuite la poudre suivante, huit drachmes de queue et de reins de scinque (poisson des sables, sorte de petit lézard), quatre drachmes de graines de roquette, de capucine, de panais, de moutarde, d’asperge, de gingembre, de cinnamome, de poivre long, de mélilot. Après avoir mélangé le tout avec ladite pulpe, y ajouter une livre et demie de pignons mondés, deux onces de pistaches décortiquées ; bien mélanger le tout et aromatiser avec une drachme de bon musc. » Citation Les Baumes de l’amour, Piero Camporesi, 1990.
S’il vous prenait l’envie de concocter cette vieille recette, sachez qu’une livre est égale à environ 454 g, une once à 28 g, un drachme à 4 g. L’orchis bouc est toxique, remplacez ses bulbes par des figues (même analogie). Quant au poisson des sables, substituez-le par des petits poissons de mer.