Les Glaciers grondants : Le climat serait-il aussi à l’intérieur de nous ?

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    Le théâtre, c’est un peu les montagnes russes des émotions. Traversés par l’œuvre, on rit, on pleure sans compter. Sans rien enlever à cela, la pièce Les Glaciers grondants ajoute une autre dimension vertigineuse, plus personnelle encore : elle sonde notre météo intérieure et nous donne l’envie irrémédiable d’agir – de tempérer notre (le ?) climat extérieur – pour limiter les catastrophes climatiques et laisser place aux embellies.

    Théo Touvet, plein de vitalité dans sa roue Cyr (symbole de la Terre dans Les Glaciers grondants). © Patricia Hardy

    Chronique d’un dérèglement intérieur

    Dès les premiers instants, le narrateur principal, Éric Caruso (aussi dans la vraie vie), nous embarque au cœur de sa tragédie contemporaine : écrivain solitaire en mal de repères, il se donne une année – une rotation complète de la Terre autour du Soleil – pour réaliser un article qui sera publié pendant la COP21. Mais des questionnements bien plus intimes viennent ponctuer ses recherches… Une forme de théâtre-enquête est lancée : d’abord convaincu du rôle de l’activité humaine dans le réchauffement climatique par Théo Touvet (jeune acrobate et climatologue – aussi dans la vraie vie), Éric met tout en œuvre pour poursuivre ses investigations et interviewer Jean Jouzel. Mais à cause de sa vie sentimentale aussi perturbée que le climat, il rate son rendez-vous avec le scientifique et rencontre finalement un climatosceptique américain peu scrupuleux. C’est alors que « les glaciers grondants » donnent de la voix.

    Toute le désordre humain est là, sur scène

    La musique devient inécoutable. L’homme de lettres, aux abois, tente d’oublier qu’il n’est plus capable d’aimer en ressuscitant les cendres de son amour d’enfance. L’homme de cirque est perdu ; il court à toute vitesse, mais où ? Pourquoi ? Les danseurs, désarticulés, prêtent leurs virevoltes au mal qui s’est immiscé en eux. Ils tombent les uns après les autres…

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    Sur fond de revues de presse alarmantes, des réfrigérateurs prennent ensuite possession des lieux. Un ours polaire (le dernier ?) se fend un chemin dans la jungle électroménagère climatisée… Jusqu’où irons-nous ?

    Épilogue

    La fin de l’histoire, c’est à nous de la décider. Les réponses sont certainement quelque part, enfouies en chacun de nous. Les glaciers grondants invitent également à des réflexions plus philosophiques voire quantiques : agité par des vents imprévisibles, capable d’embellies intérieures et de rayonnements extérieurs, l’humain serait-il semblable aux planètes ? Serait-il en mesure de réguler ses émotions, ses pulsions, afin de transmettre un monde vivable aux générations futures ?

    Une chose est sûre : la danse, la musique, le théâtre, et, bien sûr, l’amour, se révèlent être des activités propices (nécessaires ?) à l’introspection, à la connaissance de sa planète et donc de la planète. Alors restons en éveil ! Partons à la recherche des glaciers inexplorés qui grondent en nous ! Théo Touvet a, quant à lui, commencé son travail de régulation intérieure en adoptant un mode vie plus sobre. Il se confie dans le hors-série 6 de Kaizen : « La décroissance est aussi la croissance de la joie de vivre, de l’art. Ce n’est pas un renoncement. »

    Par Simon Beyrand

    Les Glaciers grondants de David Lescot, jusqu’au 18 décembre au théâtre des Abbesses de Paris, le 12 janvier 2016 à La Passerelle de Gap, les 11, 12 et 13 mai 2016 à la Comédie de Saint-Étienne.

     

    Texte & mise en scène David Lescot

    Assistante à la mise en scène Linda Blanchet

    Chorégraphie DeLaVallet Bidiefono

    Cirque & conseil scientifique Théo Touvet

    Musique Benoît Delbecq

    Scénographie Alwyne de Dardel

    Lumières Paul Beaureilles

    Costumes Sylvette Dequest

    avec Steve Arguëlles, Anne Benoît, Éric Caruso, DeLaVallet Bidiefono, Benoît Delbecq, Marie Dompnier, Camille Roy, Théo Touvet

     


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