Merci patron ! : Plus qu’un film, une farce sociale

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    Réalisé par François Ruffin, rédacteur en chef du journal Fakir, Merci patron ! met en scène un traquenard journalistico-romanesque où Bernard Arnault devient, malgré lui, la marionnette de ses anciens ouvriers. Joyeusement combatif et revanchard, le monde ouvrier ressort – pour une fois –  gagnant face à la grande bourgeoisie patronale. Nous avons aimé et beaucoup ri.

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     « Merci patron ! », s’exclament ironiquement Jocelyne et Serge Klur quand, fin 2007, ils se voient, avec leurs 145 collègues, licenciés d’une usine textile du groupe LVMH à Poix-du-Nord (59). En cause, le coût du travail, bien trop cher en France pour cet empire du luxe qui place les « parts de marchés » au centre de son vocabulaire.

    François Ruffin et son équipe de Fakir décident alors, quelques années plus tard, de remettre la formule « Merci patron ! » au goût du jour, ou, plutôt, de la redéfinir. Leur dessein ? Donner à voir les abus de l’oligarchie et inquiéter LVMH. Leur plan d’action ?  Demander au groupe de verser 35 000 euros de dédommagement à cette famille nordiste pour rupture abusive du contrat de travail et réduction à la misère. En cas de refus, les Klur exposeraient la situation en envoyant un écrit aux médias qui, dans le film, semblent terrifier le groupe du milliardaire Bernard Arnault.

    Les aberrations de la mondialisation « misent en lumière »

    T-shirt I love Bernard sur au dos, humour vif et décalé, François Ruffin incite les Klur à semer la panique dans la multinationale et organise des entretiens en caméras cachées avec (entre autres) « Monsieur Sécurité » de chez LVMH. En Robin des bois moderne déjanté, Ruffin ira jusqu’à se faire passer pour le fils des Klur, provoquant des situations hilarantes. S’ensuivra une somme de péripéties, incroyables mais bien réelles, laissant entrevoir les innombrables aberrations de la mondialisation.

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    Au-delà de la performance décalée et du résultat surprenant de ce coup de poker médiatique, François Ruffin opère une « jonction de classes » et laisse poindre une certaine vision politique.

    « Dans ma fable, les Klur et Marie-Hélène [déléguée CGT de l’usine] incarnent les classes populaires, moi, la classe intermédiaire. Isolé, chacun est défait, impuissant face à Bernard Arnaud, la figure de l’oligarchie. Seule l’alliance des Klur et de Fakir permet de contester la toute-puissance des riches. C’est ça qu’il faut réussir à grande échelle. »

    Extrait tiré de Fakir 74 (févier-mars-avril 2016)

    Avec Merci patron !, Ruffin entend « passer par les sens et les émotions » pour valoriser les classes ouvrières, ces petites gens peu à peu délaissées par le système, dont on entend rarement parler dans les livres et les médias. Ce film, c’est avant tout celui des Klur, cette famille plongée dans la grande pauvreté, vulnérable, menottée, mais avec une authentique joie et envie de vivre.

    Inclassable, Merci patron ! est une petite révolution journalistique, cinématographique et sociale empreinte de culture populaire, d’accent nordiste et de barbecues à la fois festifs et combatifs. On en sort revigoré ! Alors, merci patron !

     

    Simon Beyrand

    © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

     


    Merci patron ! (1 h 24 minutes) réalisé par Françoise Ruffin, sorti le 24 février 2016.

    Bande annonce du film


     

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