Les frigos solidaires facilitent le don alimentaire

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    Disposés devant des commerces ou des établissements publics (mairies, collèges, etc.), les frigos solidaires permettent aux passants de déposer des denrées alimentaires, qui peuvent être ensuite récupérées par des personnes dans le besoin. Il existe une centaine de ces réfrigérateurs en libre-service en France.

    « Le but c’est que tout le monde puisse contribuer à la lutte contre le gaspillage alimentaire et de développer l’entraide locale. » Dounia Mebtoul a découvert le concept des « communities fridges » (frigos communautaires) lors d’un voyage à Londres en 2011, et a eu l’idée d’importer le concept en France. Le premier est né en juin 2017 dans son restaurant associatif La Cantine, qu’elle tient avec sa mère dans le 18e à Paris. Le principe est simple : le réfrigérateur est installé devant un commerce ou un établissement public, afin que le restaurateur ou des passants puissent y déposer des dons alimentaires, des invendus ou des produits en date limite de consommation.

    Très vite, le projet de la trentenaire a été soutenu par Identités Mutuelle, une mutuelle qui aide au développement d’initiatives de l’économie sociale et solidaire. Pour faire germer des frigos solidaires un peu partout en France, Dounia Mebtoul a fondé son association en novembre 2017. On en compte aujourd’hui 108 sur le territoire, que l’on peut géolocaliser sur la carte interactive du site de l’association.

    Restaurants, écoles, mairies…

    Les installations peuvent être financées par des campagnes de financement participatif. « Mais de plus en plus de frigos sont financés par des instances publiques, notamment les municipalités via les budgets participatifs », précise la co-fondatrice de l’association. Au-delà des commerces traditionnels, ces réfrigérateurs libre-service fleurissent ainsi dans les établissements scolaires ou encore dans les mairies.

    Chaque structure est responsable du contrôle du bon fonctionnement du frigo. Il existe bien-sûr certaines règles pour des raisons sanitaires : il n’est pas possible d’y déposer de l’alcool, de la viande ou des produits entamés. Des règles qui ne sont pas toujours respectées regrette Dounia Mebtoul : « Des individus déposent pour se donner bonne conscience mais ils ne seraient pas prêts à manger ce qu’ils donnent. »

    Au Burger Green, restaurant de Rouen où un frigo a été installé fin 2018, des dégradations ont même été constatées sur ce mobilier. « Pour certains c’est juste un réfrigérateur en extérieur, alors que pour d’autres c’est un moyen de survie », témoigne Bouzahaf Fouzi, directeur de l’établissement. Hormis ces incidents ponctuels, ce restaurateur se réjouit des nombreux dons qui peuvent se faire, et « de manière autonome ». En plus des biens provenant des passants, l’enseigne dépose quelques invendus, notamment le dimanche, veille du jour de fermeture, pour éviter de perdre certains aliments frais.

    « Faciliter le don »

    Les personnes qui le souhaitent peuvent se servir dans ces frigos gratuitement, sans inscription ou contrepartie. A la différence des banques alimentaires ou des CCAS (Centres Communaux d’Action Sociale, ndlr) qui réclament des justificatifs de revenus, et peuvent refuser l’accord d’une aide si l’on dépasse de quelques euros les barèmes. « C’est une manière de faciliter le don en complétant ces services », affirme la co-fondatrice, qui rappelle que certains CCAS ont installé des frigos solidaires dans leurs locaux ou que des associations déposent dans ces réfrigérateurs leurs restes de maraudes. Ce système est souvent comparé aux cafés suspendus, mais s’avère encore plus accessible pour les usagers qui n’ont pas à rentrer dans les établissements.

    Pour Dounia Mebtoul, la question du lien social reste aussi cruciale : « Dans mon restaurant, 80 personnes bénéficient de ces denrées alimentaires chaque jour, et on connaît ces 80 personnes, et leur parcours de vie très divers ; il y a beaucoup de personnes comme vous et moi, et pas seulement des personnes qui vivent à la rue », insiste la co-fondatrice.

    Selon une étude d’impact réalisée par l’association, en sondant plusieurs partenaires, 1 800 personnes se servent chaque jour dans ces réfrigérateurs en libre-service, 280 kg d’aliments évitent la poubelle et 700 kg de CO2 sont économisés par jour.

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