Le Wwoofing : une expérience solidaire dans les fermes bio

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    Depuis un an, Antoine et Etienne, agriculteurs biologiques, accueillent des bénévoles, membres de la communauté Wwoof France, dans leur ferme de l’Alinière, en Ille-et-Vilaine. Réseau mondial à but non lucratif mettant en relation des agriculteurs biologiques (les hôtes) et des bénévoles (les wwoofeurs), le Wwoofing s’appuie sur les notions d’échange, de partage, de découverte et d’entraide. Une expérience bénéfique à la fois pour les hôtes et les bénévoles.

     

    « Pour nous, le Wwoofing est une manière de faire découvrir comment produire en agriculture biologique, en plus de créer des liens humains. C’est aussi un moyen d’avoir un coup de main. Ce que ce l’on fait nécessiterait quatre personnes en plus. Ainsi, on peut faire comprendre cette problématique du manque d’agriculteurs et par la même occasion, peut-être créer des vocations », témoignent Antoine Barbereau et Etienne Deforge, propriétaires de la ferme GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) de l’Alinière. Les deux hommes, âgés de 27 et 47 ans, se sont rencontrés en 2014 lors d’une formation de responsable d’entreprise agricole (REA). Ils font partie des 2299 hôtes français de la communauté Wwoofing.

    Pour Cécile Paturel, coordinatrice de l’association Wwoof France, le Wwoofing est aussi «une manière de briser l’isolement. Les fermes se retrouvent séparées des autres habitations par les cultures qui les entourent. Avoir quelqu’un pour partager son quotidien permet d’avoir un soutien psychologique en plus d’une aide physique ».

    A l’Alinière, les Wwoofeurs aident ainsi Antoine et Etienne dans les activités de maraîchage, d’élevage de moutons à viande, de boulangerie et de grande culture de céréales. La Wwoofeuse Elisa décrit une expérience enrichissante dans son commentaire laissé à ses hôtes Etienne et Antoine : « Ils sont généreux et attentionnés. Ils prennent le temps de t’expliquer plein de choses et sont très respectueux de la charte Wwoofing. Les activités sont variées : semis, rempotage, plantation en serre et en extérieur, bois, récolte et préparation du marché du mardi, bricolage et peinture si affinité lorsqu’il fait trop chaud ou trop froid ou qu’une idée arrive en cours de route ».

    Des vacances autrement

    Devenir membre de la communauté Wwoof nécessite un engagement : aider l’hôte cinq demi-journées par semaine, un intérêt pour l’agriculture biologique et une adhésion de 25€ l’année. Les motivations sont multiples. Antoine et Etienne décrivent celles qui ont mené une petite vingtaine à séjourner dans leur ferme : « Certains viennent pour découvrir une nouvelle manière de passer leurs vacances, pour se sentir utile, travailler en plein air, au contact de la nature, d’autres cherchent à changer de vie, et ont même le projet de se lancer dans l’agriculture biologique. Ils viennent découvrir et apprendre différentes techniques ». Si les Wwoofeurs restent en moyenne deux semaines chez leurs hôtes, ils peuvent séjourner un mois maximum et minimum un week-end.

    Cécile Paturel insiste sur la dimension solidaire du Wwoofing : « Il est important de souligner que les Wwoofeurs ne reçoivent pas le gîte et le couvert contre du travail à la ferme. L’objectif est de partager la vie d’une ferme ». Pour garantir la qualité de son réseau, l’association réalise une visite chez l’hôte lorsqu’un signalement est fait, pour vérifier le respect de la charte du Wwoofing. Pour devenir hôte, il faut d’abord candidater puis être sélectionné. En 2021, sur 1225 candidatures en France, 63% ont été approuvées pour rejoindre le réseau. Les frais d’adhésion des hôtes s’élèvant seulement à 35€ pour l’année. Né en 1971 avec Sue Coppard, une jeune secrétaire londonienne qui passait ses week-ends dans des petites exploitations agricoles biologiques pour apporter son aide, le Wwoofing a essaimé dans le monde entier. En France, l’association est née en 2007.

    L’agriculture biologique est un « métier de passion » pour Antoine, et « de conviction, ajoute Etienne. On ne gagne pas des mille et des cents mais la ferme tourne. On ne compte pas notre temps ». Antoine n’a « jamais eu envie de mettre une combinaison ni un masque pour travailler le sol ». Un avis partagé par Étienne : « Cela fait une trentaine d’années que je suis sensibilisé à l’écologie et à l’agriculture biologique qui respecte le sol. La marque de la limace sur un légume est un gage de qualité. Mais parfois il faut faire des concessions pour une question de rendement, même si on essaye toujours de trouver des traitements alternatifs ».

    La communauté Wwoof France s’agrandit chaque année. Elle a connu une forte augmentation à la fin du confinement et a tendance à se stabiliser depuis. En 2021, l’association comptait 21 360 adhérents, contre 18 000 l’année précédente.

     

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