Le Social bar : lieu de rencontre collaboratif entre inconnus

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    « Comment faire pour que des gens qui ne se connaissent pas osent se parler dans un bar ? » C’est en partant de ce dilemme que le Social bar est né. Un lieu où l’on peut venir avec ou sans ses amis pour rencontrer des personnes et passer un bon moment, grâce notamment à des « agents de convivialité ». Un concept original financé de manière collaborative qui reverse une partie de ses bénéficie à des associations. Après avoir ouvert un premier établissement à Paris en 2016, le Social bar s’est exporté à Strasbourg, Saint-Ouen ou encore à Dijon, le petit dernier.

     

    Tout est parti d’une discussion entre deux des co-fondateurs du Social bar, Maëva Tordo et Renaud Seligmann : « On échangeait sur le fait que c’était impossible pour une femme de venir seule dans un bar, ou que c’était très compliqué de dire bonjour à son voisin de comptoir. Les personnes en avaient envie, mais il manquait un petit quelque chose pour que cela se produise. On a donc essayé d’inventer les « presque rien » qui peuvent inciter les individus à se parler et à faire la fête ensemble », témoigne Renaud Seligmann, à la tête aujourd’hui de l’entreprise avec David Rivoire, avec qui il a ouvert un premier Social bar à Paris en 2016.

    Ces « presque rien », c’est ce que le co-fondateur nomme désormais des « activateurs de convivialité », c’est-à-dire des astuces pour favoriser les interactions entre les clients, qui ne se connaissent pas notamment. Cela comprend des animations, telles que le fameux tournoi de Shifumi géant (jeu pierre-feuille-ciseaux, ndlr), des soirées à thème (blindtest, karaoké, danse, etc.) ou encore des défis.

    « On a une boîte à défi dans laquelle les clients peuvent tirer une carte, qui leur indique un défi à réaliser, rapide et ludique, avec des personnes qu’ils ne connaissent pas », détaille Renaud Seligmann, avant de préciser que rien n’est imposé bien-sûr. Parmi ces « petits prétextes joyeux pour démarrer une interaction », il y a le défi Verlaine ou Rimbaud, à partir duquel on doit écrire un poème seul ou à plusieurs, et le déclamer à un ou une inconnu.e.

    Environ 10% à 20% personnes viendraient seules dans ces établissements selon le co-fondateur.

    Il existe une centaine de cartes défi. © R.Chauvin

    « Agents de convivialité », des experts en création de lien social

    Mais la clé de réussite de ce bar unique reste avant tout les « agents de convivialité ». Il s’agit d’un métier inventé par les fondateurs du Social bar, qui consiste à accueillir chaleureusement les clients et à briser la glace entre les inconnus. Pour Renaud Seligmann, c’est un peu « le chef d’orchestre de la soirée, qui s’assure que tout le monde passe un bon moment ».

    Pour former à ce nouveau métier, les créateurs du Social bar ont même ouvert en 2020 une « Ecole de la Convivialité », qui propose un parcours de professionnalisation adressé à des « personnes ayant besoin de rebondir » (personnes en décrochage scolaire, ayant souffert d’un burn out, au chômage depuis longtemps, etc.). Cette formation vise à dénicher de nouveaux talents pour leurs établissements, mais axée sur le développement de compétences relationnelles, elle offre aussi divers débouchés, en lien avec les métiers de l’accueil.

    Bar financé de manière collaborative 

    Autre particularité des Social bars : leur financement collaboratif. En effet, à chaque fois qu’un bar est ouvert – il en existe cinq sur tout le territoire -, une partie du capital, 25%, est ouverte à tout à chacun : à partir de 100 euros, il nous est possible d’acquérir une part dans un bar ; une campagne est en cours pour financer celui de Dijon, pour celles et ceux qui veulent acheter un « bout » de bar et devenir « co-patron.ne ». Ces actionnaires (une communauté de 1 000 personnes environ à ce jour, ndlr), peuvent proposer des idées aux assemblées générales, organiser des soirées, et choisir également l’association à laquelle le bar reverse 15% de ses bénéfices (1 homme = 1 voix, quelque soit la somme investie dans le projet). Le Social bar de Paris, ouvert en 2016 et le premier à avoir généré des bénéfices pour le moment, a par exemple reversé 15% de ses gains à l’association Co-job, association qui aide les demandeurs d’emploi à chercher du travail en groupe.

    Fort de son succès, le bar historique de Paris, qui faisait 30m2 à son ouverture, occupe désormais un espace de 300 m2. © R.Chauvin

    Pour l’ouverture d’un établissement, les autres fonds sont apportés à hauteur de 51% par la maison mère, « Entreprise solidaire d’utilité sociale » (agrément ESUS), et à 24% par le porteur de projet, le futur gérant du bar associé. Après Paris, Strasbourg, Saint-Ouen, Biarritz, et Dijon, un nouveau Social bar sera bientôt inauguré à Montpellier.

    Après les bars, la société souhaite insuffler plus de convivialité dans le quotidien des individus en général; elle intervient ainsi dans les entreprises, les espaces publics, comme les gares, ou encore les supermarchés, afin de fluidifier les interactions. Son prochain objectif (« un peu fou ») : « Faire de Paris la ville la plus conviviale du monde pour les JO 2024. Comment ? En ayant dans les rues autant d’agents de convivialité que d’agents de sécurité ! », résume le co-fondateur.

    Parmi les soirées à thème proposées, on retrouve des blind test, des scènes ouvertes de rap ou encore des animations en lien avec la danse ou le chant. © R.Chauvin

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