Le rocket stove : une cuisson « au poêle » !

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    On associe son nom à l’aérospatial, voire à une chanson de David Bowie. Mais le rocket stove, que l’on traduit littéralement par « poêle fusée », tire son appellation du bruit qu’il produit au moment de la flambée : souvent construit en forme de L, ce poêle assure une combustion puissante du bois. En route vers un espace chaleureux et écolo !

    « Frrrrrrrrrrouh »… Lorsque l’on allume un rocket stove, on pourrait presque s’imaginer assister au décollage des fusées Ariane au centre spatial de Kourou en Guyane française. Avec quelques décibels en moins tout de même… Mais contrairement à l’univers de l’aérospatial, le « poêle fusée » repose sur peu de matériaux et un principe assez simple : faire un feu dans un tube vertical, une cheminée interne qui permet une combustion complète du bois naturellement. Le foyer est souvent construit en forme de L : l’orifice à l’horizontal permet l’arrivée d’air et l’intégration du bois ; le combustible et l’air s’engouffrent, aspirés par l’air de la cheminée, ce qui génère une combustion à très haut rendement. Concrètement, cela signifie que l’on produit plus de chaleur à partir d’une petite quantité de bois, et que l’on émet moins de monoxyde de carbone et de particules fines. Soit plus d’énergie et moins de pollution !

    D’après les données du centre de recherches Aprovecho, spécialisé dans les cuiseurs à bois, pour maintenir cinq litres d’eau en ébullition pendant 45 minutes, seuls 270 grammes de bois (quelques brindilles) suffisent pour la combustion[1].

    Cuisson tout feu tout flamme

    A l’instar d’une cheminée ou d’un poêle à bois, il faut simplement savoir allumer un feu pour le mettre en route. On peut ensuite déposer sa casserole en haut de la cheminée. Si les flammes « tapent » directement le dessous de l’ustensile, ce dernier peut vite noircir en raison de la suie. Il est alors possible d’installer une plaque interposée entre les flammes et la casserole, mais on diminue alors le rendement d’échange de chaleur (l’eau bout mois vite par exemple). C’est pourquoi l’entreprise Uzume, spécialisée dans l’auto-construction[2] et la vente de rocket stove et de poêles de masse (fonctionnent sur le même principe que le rocket stove), promeut l’emploi de marmites à double parois, c’est-à-dire une casserole entourée d’une jupe en métal, au sein de laquelle les gaz chauds circulent et chauffent l’intégralité de la casserole ; des trous sur la paroi extérieure permettent ensuite à ces gaz de s’évacuer. « Ce système augmente de 15% le rendement de la cuisson », assure Yasin Gach, gérant d’Uzume.

    Au-delà de son efficience thermique, le rocket stove peut se targuer d’une utilisation simple et d’une surveillance classique, même s’il ne faut pas oublier de pousser le bois pour maintenir la combustion. « Si l’on souhaite diminuer la chaleur dans la casserole, on peut reculer les buches à l’entrée », précise Yasin Gach. Pour obtenir davantage de puissance, pour de la friture par exemple, le bois blanc (peuplier, sapin, etc.) est préconisé.

    Des « poêles fusées » pour tous les goûts

    En ce qui concerne la construction, tout dépend du niveau de sophistication que l’on attend de notre « poêle fusée ». Le Low-Tech Lab propose par exemple des tutoriels relativement simples à suivre, et qui nécessitent peu de matériaux (ici, ou encore ici). Vive la récup’ !

    Un rocket stove dont le tutoriel est à retrouver sur le site du Low Tech Lab.

    Pour celles et ceux qui souhaitent perfectionner leur rocket stove, il est possible d’ajouter de l’isolant (terre crue, cendres, etc.) autour de la cheminée, ce qui permet aux fumées émises lors de la première combustion de ne pas se refroidir, mais de finir de brûler. Autre astuce : modifier la zone de chargement pour la rendre inclinée voire verticale, ce qui permet au bois de descendre par gravité et de récupérer les cendres en bas. Ce système permet de gagner en autonomie lors de la combustion ; c’est il est parfois désigné sous le terme de rocket stove en J.

    Ces « poêles fusées » sont particulièrement préconisés dans les pays en développement, où les feux en briques sont majoritairement employés. Yasin Gach rappelle que ces types de cuisson émettent beaucoup de fumée, d’où l’intérêt de les remplacer par des rocket stove. Néanmoins ces cuiseurs de l’espace ne sont pas dispensés complètement d’émissions de fumées. « Il est préférable de les utiliser pour des cuissons extérieures, en substitution des barbecues notamment, déclare le gérant d’Uzume, qui tient à préciser que les émissions de fumées dépendent aussi de la manière dont on utilise ce poêle. Il faut éviter de mettre trop de bois à l’entrée par exemple. »

    Pour palier ce défaut, l’association Feufollet, qui promeut et partage des connaissances autour du feu de bois, a développé un prototype avec une cheminée externe (ou alors « déportée ») qui récupère les fumées. En plus de stages d’auto-construction de poêles rocket, ce réseau assure la restauration d’événements festifs (jusqu’à 2000 couverts par jour !) en employant ces cuiseurs dans le respect des normes d’hygiène et de sécurité en vigueur; il était donc nécessaire de trouver un moyen de diminuer les fumées et d’éviter les intoxications étant donné le rythme de cuisson lors de ces festivités. Ce modèle a également permis de réduire la consommation de bois et de permettre certaines cuissons très énergivores, comme la friture.

    L’association Feufollet possède une vingtaine de rocket stove qu’elle peut mettre à profit lors d’événements festifs. ©Feufollet

    Du rocket stove au poêle de masse

    Si le poêle fusée est capable de générer une belle flambée, sa puissance reste limitée, et le cantonne bien souvent à des missions de cuisson essentiellement. Pour chauffer un habitat, le rocket stove  peut tout de même s’adapter, et se décliner sous la forme du poêle de masse, que l’on nomme aussi poêle à accumulation. Il existe même un petit modèle adapté aux habitats légers : le poelito[3]. Pour cette métamorphose, il est nécessaire d’ajouter une masse thermique autour du rocket stove, en pierre, en brique ou en terre crue. Ce solide « enrobage » permet de stocker l’énergie d’une flambée quotidienne, unique et intense (entre une heure et trois heures), et de diffuser lentement la chaleur une fois le feu éteint (jusqu’à 24 heures). Comme l’action se fait par rayonnement, il est préférable de placer ce poêle de masse au centre de l’habitat. Très performant, cet appareil de chauffage au bois évite également les coups de chaud à l’allumage et limite la durée de l’entretien du feu.
    Envie de tester le rocket stove dans les fourneaux, ou le poelito pour avoir chaud ?

    [1] Résultats obtenus à partir de tests sur un modèle spécifique de rocket stove.

    [2] Uzume vend les pièces et les plans nécessaires pour construire un rocket stove, et collabore également avec un réseau de fabricants de ces « poêles fusées ».

    [3] Tutoriel du poelito sur le Low Tech Lab : https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Poelito_-_Po%C3%AAle_de_masse_semi-d%C3%A9montable


    Pour aller plus loin

    https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Rocket_stove

    https://www.uzume.fr/rocket-stove

    http://www.feufollet.org/

     

     

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