Jeûne et randonnée

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    Qu’est ce que c’est ?

    Le principe est simple : passer une semaine de vacances, au contact de la nature, à randonner… sans manger.

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    Pourquoi jeûner ?

    Il y a au moins autant de raisons de tenter l’expérience que de jeûneurs. Certains veulent perdre du poids, d’autres espèrent vivre une expérience particulière. Pour ma part, c’était l’idée de tourner la page de ma vie omnivore quelques années après avoir commencé un régime végétarien.

    Comment ça se passe ?

    Une semaine avant de commencer il est conseillé de se préparer, en faisant une « descente alimentaire » : enlever chaque jour une famille d’aliments (protéines animales, céréales, légumineuses, légumes pour finir par les fruits) et réduire les quantités de nourriture à mesure que le jeûne approche.

    Le jour J, après avoir fait connaissance avec les autres jeûneurs, dans certains stages, on nous propose une « purge » (pas dans les stages hygiénistes). Il s’agit de boire un breuvage vraiment pas bon qui a pour objectif de vider l’intestin et, vous pouvez me croire sur parole, ça vide !!! Pour les ventres fragiles, je recommande plutôt la version « jus de pruneaux » moins violente à mon goût. Et puis dodo (sans manger bien sûr).

    Viennent ensuite les jours de jeûne ainsi rythmés : réveil, tisane, 3 à 4 heures de randonnée, tisane, temps libre (pour moi = sieste), bouillon de légumes (sans légumes, juste le goût), conférence sur différents sujets (jeûne, nutrition, santé, naturopathie, etc., c’est variable d’un stage à l’autre) et dodo.

    Puis, le dernier jour : la reprise alimentaire sous forme d’un déjeuner à partager.

    Enfin, de retour à la maison, il faut faire le chemin inverse lors de la « remonté alimentaire » en réintroduisant les aliments en douceur sur sept jours.

    Mes impressions

    Les sensations dans le corps et l’esprit sont fortes. Entre la tête qui me tourne les premiers matins, les cauchemars et la transpiration odorante, j’ai eu du mal à me reconnaître les premiers jours. Ces manifestations sont partagées par une grande partie des jeûneurs du groupe ce qui m’a aidé à les accepter pour moi-même, à lâcher prise et à observer ce que je vivais.

    Les randonnées furent de grands moments de bonheur : me sentir chaque jour un peu plus remplie d’énergie, alors que je ne mangeais pas, m’émerveillais. La peur de manquer de nourriture me quittait peu à peu et laissait place à une confiance en moi, la découverte de la capacité d’adaptation de mon corps à cette expérience singulière.

    Je n’ai pas ressenti la faim, par contre, j’ai beaucoup dormi. Mes capacités de concentration ont diminué dès le deuxième jour (impossible de lire des livres sérieux sans m’endormir) au profit d’une impression de vivre pleinement chaque instant.

    Le clou du séjour : la reprise alimentaire. Une expérience unique, un feu d’artifice de sensations, les goûts, les odeurs sont plus forts que jamais, plus colorés et pétillants aussi, c’est un peu magique de partager cela avec les autres comme si je mangeais pour la toute première fois.

    L’expérience du jeûne confrontée au regard extérieur

    Le classique : « tu paies pour des vacances sans manger ? », oui, car il y a deux accompagnateurs toujours disponibles qui me guident dans cette expérience, me font découvrir de magnifiques randonnées, me rassurent et assurent ma sécurité. Ils connaissent les effets physiques et psychologiques d’un jeûne et m’ont été d’une grande aide. Chaque soir, un cours de très bon niveau apporte des outils pour mieux comprendre la nutrition, le corps et d’autres sujets passionnants. Ensuite, nous avons les tisanes et les bouillons du soir (même si le quatrième jour, je ne pouvais plus en avaler un goutte car j’en étais écœurée). Enfin, nous sommes logés dans un lit douillet. Tout cela a un prix… mais il est tout à fait possible de jeûner seul chez soi gratuitement.

    L’inquiet : « c’est une secte, les journaux en ont parlé ». Comme dans tous les domaines il peut y avoir des personnes mal intentionnées et la privation de nourriture rend vulnérable. C’est pourquoi il est intéressant de se renseigner au préalable. Pour ma part, j’ai testé trois stages très différents notamment du fait de la personnalité des accompagnateurs mais aussi de la méthode (hygiéniste ou Buchinger) et je n’ai pas fait l’expérience d’un comportement à caractère sectaire. Il existe une fédération Française qui protège l’appellation « jeûne et randonnée » et vise à limiter les comportements abusifs.

    L’incrédule : « Tu vas mourir de faim ». Un être humain en bonne santé et de constitution normale a environ 40 jours de réserves, la survie est assurée !

    Mes trucs

    • Faites une bonne descente alimentaire pour limiter les désagréments du type « mots de tête ».
    • Apportez une bouillotte, bien agréable pour la sieste.
    • Ceux qui aiment marcher avec des bâtons, c’est le moment de les sortir !
    • Ne prévoyez pas de restau ou de dîners au cours des descentes et remontés alimentaires.

    En résumé

    Il s’agit avant tout d’une aventure personnelle, à faire si on en a envie et quand on est prêt. Elle permet de repartir du bon pied après l’hiver, car j’aime le faire au printemps, au moment du renouveau.

    Le site de la fédération française : ffjr.com

    Gaëlle B.

    22 Commentaires

    1. Bonjour
      Je lis Kaisen depuis quelques mois. Les articles du blog sont souvent très intéressants. Mais là votre crédibilité en prend un coup. Diffuser un article qui parle de « jeûne et randonnée », c’est comment dire… fleurer avec la ligne rouge.
      « Nourrit toi pas et à côté de ça dépense toi physiquement » … y’a comme qui dirait un goût d’endoctrinement derrière l’idée, de là dire que ce « mouvement » est sectaire il n’y a qu’un pas.
      Cet article désert à mon avis les causes que vous défendez habituellement.
      Cordialement.

    2. C’est le récit d’une expérience. Elle est certes hors du commun, mais ne représente pas un mouvement (sectaire) mais une pratique. Il ne m’a jamais été proposé de maintenir quelque lien que se soit avec les organisateurs des différents stages. Une fois le stage réglé, il ne m’a pas été demandé de contribuer d’une manière ou d’une autre à un mouvement. Je ne vois aucune trace d’un fonctionnement sectaire dans les séjours réalisés.

    3. Étonnant les commentaires offusqués… Pour avoir pratiquée plusieurs fois le jeune et randonnée, je confirme ça fait un bien fou! On se sent revivre !!! À faire au moins une fois par an. Ça devrait faire partie des remboursements sécu. De nombreux bienfaits sur la sante ont été prouve scientifiquement. Renseignez vous , abandonnez les grands médias ( vendus aux labos pharma etc…) allez sur internet chercher l info !!!!

    4. Ce n’est pas sectaire, c’est une pratique bien connue, elle permet de soigner de nombreuses maladies, j’y crois et je pense sérieusement m’inscrire à un stage prochainement, il faut être prêt. Malheureusement la médecine conventionnelle n’adhère pas…
      Certaines personnes ont toujours peur de l’inconnue, avant de parler secte, il faut se renseigner.

    5. Pour ma part, j’ai entendu parlé de « jeûne et randonnée » en des termes très divers. Je pense que rien ne remplace l’expérience personnelle pour se faire un avis. L’an passé j’ai fait un jeûne de 5 jours, seule. Je visais 7 jours. Je n’ai pu aboutir car j’ai définitivement compris qu’il me fallait être accompagnée pour débuter ce style d’expérience. En tous cas, je peux dire que j’ai été surprise de la vitalité que j’ai gagné en si peu de jours, mais aussi de la sensation très agréable de me sentir légère et neuve.
      Je tenterai de nouveau l’expérience, mais accompagné par des experts, avant d’en faire un rituel annuel personnel 🙂

    6. PS pour les sceptiques : en tant de maladie, le premier réflexe du corps humain (et animal aussi, d’ailleurs) n’est-il pas de couper l’information de la faim. D’après vous, pourquoi ?…

    7. Excellent principe ! Pour ceux qui parle de secte, je vous renvois au documentaire d’ARTE « le jeûne, une nouvelle thérapie ? » pour être convaincu des bienfaits de cette pratique ancestrale !

      Cependant il y a quand même un gros problème : le prix. C’est une barrière énorme pour toutes les personnes qui pourraient être intéressés… Surtout de ce que j’ai pu voir sur le site de la fédération française de jeûnes et rando, il y a des accès à des piscines, livres, jaccuzzi, etc. Bref on monte à 500€ la semaine en général A-t-on vraiment besoin de tout ce luxe, des versions moins chères doivent pouvoir être créer, non ?

    8. J’ai fait une cure de détox jeune et rando en novembre 2014. J’ai passé un super hiver et aucune allergie au printemps alors que chaque année je suis sous antihistaminique.
      Je repars en novembre prochain

    9. Merci pour ce partage. J’ai moi-même pratiqué cette expérience il y a quelques années. Mon objectif était principalement la curiosité.

      Ce qui est intéressant, c’est que votre vécu est très proche du mien. La purge, l’énergie du corps, la première reprise alimentaire…
      En terme de conséquences, j’ai constaté que pendant un an et demi, je n’ai plus attrapé ne serait-ce que le moindre rhume.
      Je n’ai pas réitéré l’expérience car j’avais fait mon aventure; mais j’ai été agréablement surpris par le côté « encadré » de la démarche.

      J’avais d’ailleurs partagé aussi mon expérience dans un billet sur mon blog :
      http://www.leblogdesrapportshumains.fr/la-faim-nest-pas-la-fin/

      A bientôt

    10. 3 années que je pratique dans un centre ce jeûne et randonnée !
      plus d’arthrose , beaucoup plus d’énergie , plus de diverticules …
      j’y retourne une fois par an dans une ambiance conviviale , une semaine de vacances dans le calme !
      et de plus le temps de prendre soin de soi , pas de courses à faire , pas de cuisine , du temps pour lire , marcher , se faire 1 hammam , 1 jaccusi et contempler la nature !
      rien de sectaire !
      ha j’oubliais …plus de médicament depuis !

    11. Je comprends la réaction d’Éric, et la partage en grande partie. J’ai vu le reportage d’Arte, très intéressant en effet. Mais il se trouve que dans ce documentaire, ils insistent sur la nécessité d’un accompagnement médical très rapproché, sur le fait qu’il ne faut pas le faire seul chez soi. Ils expliquent aussi que le jeûne n’est en aucun cas une façon de maigrir, à long terme. Et que cette pratique, d’un point de vue purement médical, est intéressante pour les gens qui souffrent de certaines maladies., mais pas forcément pour tout le monde… (et attention, je parle là de l’aspect physiologique, je ne remets pas en cause l’intérêt psychologique).

      Là – je cite – vous dites : « mais il est tout à fait possible de jeûner seul chez soi, gratuitement ». Bien sûr que cela est possible. Mais il se trouve que cela peut aussi s’avérer réellement dangereux. Parce que tous les organismes ne réagissent pas de la même façon, tous ne partent pas avec les mêmes réserves, tous n’ont pas, non plus, les mêmes réactions après la reprise alimentaire. Et aussi parce que dans la société actuelle, il se trouve qu’un certain nombre de personnes sont atteintes par des troubles du comportement alimentaire ou risquent de le devenir notamment suite à une période de jeûne (anorexie et boulimie). Dont beaucoup de personnes jeunes, adolescentes, ou fragiles psychiquement, qui peuvent se laisser facilement entrainer dans une certaine surenchère, justement liée au défi, au sentiment de liberté et de puissance procuré, et dépasser la ligne rouge.

      Pour ces personnes, et pour celles qui le font pour maigrir et entretiennent un rapport complexe avec la nourriture, la reprise alimentaire peut être terrible et les faire basculer dans la boulimie. Il s’agit aussi d’une réaction physiologique du corps, qui après avoir été privé à tendance à se venger (et cela entraine d’ailleurs un stockage accru des cellules graisseuses, prouvées scientifiquement, pour la plupart des organismes. Le métabolisme de base devient plus économe. C’est pourquoi tous ceux qui présentent le jeûne de manière sérieuse et exhaustive (et c’était le cas d’un reportage d’Arte en effet) expliquent qu’il ne s’agit en aucun cas d’une façon de perdre du poids. Il est évident que la période de jeûne va faire perdre du poids, mais 90 % des gens reprendront le même poids dans les quelques mois ou années qui suivront, voire plus, et de plus en plus au fil des jeûnes pour certains d’entre eux. Il est donc dangereux de le présenter comme une possible façon de maigrir. Ce n’est pas ce que fait l’auteur de cette article, mais elle dit : « certains veulent perdre du poids ». Or, si les cours de nutrition reçus pendant ce stage n’ont pas expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une bonne façon de perdre du poids à long terme, c’est qu’ils sont orientés et biaisés. Il est prouvé que les pertes de poids les plus stables (pour la majeur partie des gens) sont les pertes progressives et étalées sur une période assez longue. (Evidemment, la perte très rapide apportée par le jeûne crée un phénomène de motivation très jubilatoire, c’est là son avantage. Mais pour ces personnes, la déception pourra être d’autant plus forte et fragilisant lorsque le poids remontera….)

      Et je trouve un peu simpliste et illusoire de dire que le jeûne est « délaissé par nos sociétés consommatrices de produits ». On peut au contraire interpréter les modes actuelles de la « détoxfication » comme des corollaires de notre société de consommation, justement, qui en quelque sorte nous encline à passer d’un extrême à l’autre… Et c’est en soi devenu un marché juteux.. personnellement, j‘ai tendance à croire aux vertus des périodes détoxifiantes (ou détoxinantes), fruits-légumes tisanes, etc… Mais beaucoup de scientifiques remettent totalement en cause la réalité de ce principe (un exemle parmi d’autres… http://www.lapresse.ca/vivre/sante/201303/19/01-4632475-doit-on-detoxifier-son-corps.php). Comme j’ai justement tendance à relativiser ce genre de discours ; à m’intéresser aux médecines alternatives, chinoises, etc, je crois en la nécessité de reposer son foie… Mais il me semble important, lorsque l’on fait un travail journalistique sérieux, de prendre du recul, de citer aussi les sources contradictoires…. D’autant qu’il y a justement beaucoup de marchands de poudres miracles….

      Pour en revenir au jeûne, plus d’une adolescente qui rêve de ressembler aux mannequins des magazines va s’y laisser tenter en y voyant une façon radicale et extrêmement efficace de mincir (et il s’agit justement là d’un des symptômes de la société de consommation, de la société de la publicité, ce culte de l’extrême minceur…) Et particulièrement pour ces personnes là, cela pourra être le début de l’anorexie, ou d’une longue succession de périodes alternant suralimentation et diètes extrêmes… Mais pour ces adolescentes, les magazines féminins ne sont pas les seules pièges… car figurez vous que parmi elles (ou eux, car les garçons sont certes moins nombreux mais pas épargnés, et de moins en moins), il y a beaucoup de jeunes assez brillants (les statistiques le disent), un peu rebelles vis-à-vis de la société, qui pourraient tout à fait lire Kaizen… mais qui malgré cela, inconsciemment, sont quand même victimes des standars de beauté actuels, particulièrement pesants à leur âge… Par ailleurs, certains deviennent anorexiques non pas avant tout pour maigrir, mais justement pour ressentir ce sentiment de toute puissance et d’ultra-vigilance sensorielle et psychique décrit dans l’article. Ils parviennent même à en tirer un sentiment de concentration et d’inspiration accrue… Ils sont d’ailleurs très actifs aussi bien physiquement qu’intellectuellement, durant un certain temps, assez long… jusqu’à ce qu’ils s’effondrent….

      Certes le jeûne existe et a existé dans beaucoup de sociétés, il est préconisé par beaucoup de religions…. Mais il ne s’agit pas forcément de jeûnes complets d’une semaine pour tous ! Il s’agit souvent de jeûnes plus courts, de jeûnes intermittents, ou d’alimentation frugale, ce qui est différent. Par ailleurs, ce n’est pas un argument suffisant en soi. Les religions ont aussi préconisé certaines choses que vous ne défendriez pas forcément aujourd’hui. Enfin, j’imagine mal nos arrières arrière arrières grands parents, paysans du dix-neuvième siècle, avant la société de consommation, prôner le jeûne complet d’une semaine pour de se « détoxiner »….. je les imagine plutôt se moquer des jeûneurs volontaires… eux qui devaient avant tout absorber suffisamment d’énergie pour leur activité physique quotidienne, et pour qui la sous-alimentation était synonyme de grande pauvreté, de mauvaises cultures, de disettes… mais vous me direz, cela non plus n’est pas un argument en soi, et il s’agit là du 19ème siècle occidental…

      Je suis la première à reconnaître l’intérêt philosophique et symbolique du jeûne. En effet, nous vivons dans une société de la surabondance, et cela peut aider à prendre conscience de certaines choses, à se détacher de certaines dépendances. Par ailleurs, le fait de se lancer ce défi, de l’accomplir, procure une sensation de puissance. Physiquement, toutes les sensations décrites sont bien sûr intéressantes, et s’expliquent physiologiquement (mais je ne vais pas rentrer dans le détail et n’en ai pas la compétence, je me souviens avoir lu plusieurs choses sérieuses à ce sujet). Il s’agit donc, en effet, d’une « expérience » enrichissante, pour ces motifs là. Cela peut aussi constituer un temps fort particulièrement marquant qui aide à dépasser certains blocages, à surmonter une période difficile, à faire des choix, à retrouver de l’allant, à couper avec quelque chose, etc… Je ne remets pas ces aspects là en cause. Mais je pense qu’il est irresponsable de parler de ces aspects sans parler des risques, des mauvaises raisons de le faire, des mauvaises façons de le faire également, bref, sans situer plus amplement la chose, et aussi d’un point de vue médical. Quelque part, la prise de certaines drogues représente aussi une expérience psychiquement intéressante. D’ailleurs, de nombreuses sociétés traditionnelles et proches de la nature en faisaient l’usage, aussi bien en Afrique que chez les Indiens de la forêt amazonnienne. Pour autant, les recommanderiez vous sans resituer, sans prendre du recul, sans parler des risques corollaires, des dérives que cela peut entrainer, justement, au sein de notre société de consommation, individualiste – société de l’isolement – où les gens ne sont plus encadrés par les mêmes systèmes de valeurs, très solides, et par le groupe, qui en régissaient l’usage ? Et sans avoir conscience des dérives marchandes – justement – (illicites, mafieuses, mais bien marchandes) qui se sont emparés des drogues ? Or parmi tous ceux qui rejoignent ce genre de groupes de jeûnes aujourd’hui, et parmi tous ceux qui peuvent être tentés par le fait de jeûner seuls chez eux, il y a beaucoup de gens fragiles psychiquement, qui le font pour les mauvaises raisons, et qui peuvent tomber ensuite dans une mauvaise spirale, exactement de la même façon qu’avec la consommation de drogues. Et pas uniquement des adolescents. Il y a aussi, comme le dit Eric, des sortes de sectes déguisées. Je connais personnellement une personne qui s’y est laissée prendre et qui a cru durant longtemps qu’il ne s’agissait pas d’une secte. Elle-même s’en est très bien sortie et ne regrette pas cette expérience, cela l’a aidée à surmonter une période difficile de sa vie. Mais elle se pardonne difficilement d’y avoir entrainée une amie, qui a failli y laisser sa peau, et au final a perdu plusieurs années de sa vie, durant lesquelles elle avait perdu tout discernement. Lorsque le jeûne est pratiqué dans certaines sociétés pour des raisons religieuses par exemple, il est inclu par un système de valeurs fort et dans une communauté très forte également, qui fait que les risques de dérives psychologiques isolées sont tout à fait moindres, et que les risques d’exploitation de la chose par des personnes déviantes ou intéressées sont moindres aussi.

      Pour autant, ne vous méprenez pas, je considère que les industriels qui nous font manger de la merde toxique à longueur d’année sont de pires criminels que ceux qui – bien intentionnés, comme c’est votre cas – prônent le jeûne sans prendre assez de précautions ….

      Bref, en résumé, il me semble qu’il ne faut pas laisser le moindre doute subsister quant au fait que le jeûne ne doit en aucun cas être vu comme un moyen de maigrir (à long terme, cela ne sera efficace et sain que pour 5 % des gens maximum… Bien sûr, vous trouverez peut-être quelqu’un qui fait partie de ces 5 %). Et il ne faut pas dire qu’il n’y a aucun souci à le réaliser seul chez soi.

      Ensuite, par delà l’expérience psychologique et sensorielle, le jeûne présente probablement un réel intérêt médical dans certaines situations, mais dans le documentaire d’Arte, les personnes que l’on voit traitées par le jeûne dans un hôpital allemand (puisque vous parlez de la sécurité sociale allemande), sont des personnes atteintes de maladies graves. Pour ces personnes là, le jeûne représente en effet un moyen pour le corps de mettre en repos tous les organes de la digestion et de l’assimilation afin de se consacrer à lutter contre la maladie. Mais d’après les médecins allemands, sans maladie cela n’est pas forcément pertinent. Le jeûne peut être en effet d’affamer les cellules cancéreuses, dont on comprend de plus en plus actuellement qu’elles se nourrissent de glucose. Mais ces personnes sont suivies de très près à travers diverses analyses et examens qui permettent aux médecins d’arrêter le jeûne complet avant que le corps ne commence à s’attaquer au muscle cardiaque; ce qui se produit obligatoirement au bout d’un certain temps.

      Ils expliquent que lors de la première phase de jeûne, le corps attaque un peu les muscles pour se procurer des protéines; c’est pourquoi tout jeûne provoque une certaine fonte musculaire (la randonnée peut contribuer à limiter cette fonte musculaire, mais probablement pas à l’empêcher totalement). En revanche, ils expliquent aussi que contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à présent, cette phase de fonte musculaire ne se prolonge pas durant toute la période de jeûne. Elle reste limitée car ensuite un mécanisme de protection, en quelque sorte, se déclenche (cependant, une fonte musculaire n’est pas nécessairement souhaitable ; et surtout pas pour toute le monde, notamment à partir d’un certain âge, où la fonte musculaire est de toute façon en cours, et où les muscles seront plus difficiles à reconstituer par la suite…. il ne sert à rien de la précipiter. Par ailleurs cette fonte musculaire contribue aussi au fait qu’après la reprise alimentaire, le corps va consommer moins d’énergie qu’avant le jeûne, à apport alimentaire égal).

      Mais ensuite, après la phase 2, durant laquelle le corps a en quelque sorte activé ses mécanismes de protection des muscles, ces médecins expliquent que le corps, passé un certain seuil (qui n’arrive pas au moment chez tout le monde), entre dans une troisième phase au court de laquelle il recommence à s’attaquer au muscle, mais cette fois, il s’attaque également au muscle cardiaque (protégé dans la phase 1). C’est cette phase là qu’ils doivent absolument éviter, même pour les patients atteints de maladie grave, puisqu’il s’agit d’une phase qui peut provoquer des lésions graves, irrémédiables, puis mortelles. Évidemment, les jeûnes d’une semaine, normalement, n’arrivent pas jusque là. Mais qui peut garantir qu’après avoir essayé une semaine, quelqu’un ne voudra pas augmenter le défi, essayer 10 jours, puis 15 jours, etc ? Afin de toujours vivre des sensations aussi fortes, voire plus ? Notamment s’il pratique le jeûne sans encadrement ?

      Et vous avez raison, il ne faut pas confondre une pratique en elle-même avec ses dérives possibles…. mais ce qui m’ennuie c’est que cette pratique là est particulièrement sujette à dérives, qui plus est dans notre société de consommation qui tout en nous suralimentant, a érigé l’extrême minceur en standard de beauté… et qui plus est dans notre société de l’isolement… Bien sûr, il s’agit d’une expérience intéressante, qui ne se prétend pas exhaustive ni prescriptrice. Mais pour moi, sur un tel thème, il aurait été souhaitable que vous publiiez, parallèlement à ce témoignage, certaines mises en garde, ainsi que certains avis étayés et scientifiques, voire contradictoires (pourquoi pas ?) : Et puisque vous citez les pratiques du jeûne dans de multiples sociétés à travers l’histoire, il aurait été souhaitable de préciser que les implications, motivations, schémas et risques psychiques sont différents dans des contextes sociologiques différents ; et qu’il ne s’agissait que rarement de jeûnes complets …

      Voilà, je vous prie de m’excuser, j’avoue que je suis un peu catégorique et aussi très longue…, mais je trouve que trop de gens ont répondu à Eric un peu violemment, alors que sa réflexion méritait plus ample réflexion justement. Par ailleurs, il m’est impossible de ne pas songer aux personnes fragiles et notamment aux adolescents fragiles qui tombent sur ce genre d’articles….

    12. Bonjour Gaelle, B, merci pour ces informations, j’ai une question : quelle est la différence entre le jeune hygieniste et buchinger svp? Je suis très tentée de faire un stage jeune et randonnée mais je ne sais pas encore comment m’y prendre, merci S.

    13. Je lis aussi Kaizen et apprécie la démarche, mais, parfois, c’est limite ….
      Un jeûne, oui, mais pas pour tout le monde, il est prudent de faire des analyses métaboliques avant ; le fait de jeûner expose forcément l’organisme à des carences en vitamines et minéraux. Un déficit qui peut exposer à de nombreux troubles. Je suis sujette à des hypoglycémies et dans ce cadre prendrais un risque sévère, de toute façon, c’est le malaise assuré ; et, soyons réalistes, c’est aussi un phénomène de mode, bien exploité par des soi-disant thérapeutes qui en fait surfent sur la vague pour « vendre » leurs stages, et là au -moins c’est une cure assurée pour le porte-monnaie …

    14. Bonjour,
      j’ai une petite question, il est dit que l’on ne doit pas prendre de médicaments lors d’un jeûne. Mais qu’en est il lorsque ces médicaments sont « obligatoires » ?
      Genre contre le diabète, pour faire baisser la tension ou comme pour moi, de forts médicaments contre la douleur pour lesquels aujourd’hui je suis addict (morphine)
      merci pour vos réponse et bonne continuation à Kaizen et toue l’équipe
      PS: J’ai d’ailleurs rencontré une de vos journaliste, lors d’un événement  » Alternatiba » à Givors le 30.05.2015

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