La méditation

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    Pour échapper au stress et se recentrer, de nombreuses personnes se tournent vers la méditation. Une expérience individuelle qui s’inscrit désormais dans la sphère sociale.

    La méditation

    Pris dans une course contre la montre, saturés d’informations, la plupart d’entre nous avons perdu le contact avec notre intériorité. Bouffée d’oxygène dans un monde sous tension, la pratique de la méditation propose une parenthèse salutaire. Souvent assimilée à une méthode de relaxation ou à une pratique de bien-être (ce qu’elle n’est pas), elle séduit de plus en plus d’Occidentaux.

    À l’origine, elle s’inscrit dans une tradition spirituelle (hindouisme, bouddhisme). Mais il n’est pas nécessaire de s’impliquer dans une telle voie pour pratiquer. Il s’agit avant tout d’observer le fonctionnement de notre esprit et de le laisser être tel qu’il est. S’abandonner au présent, être conscient des pensées qui s’élèvent, des émotions qui surviennent, sans les saisir ni les rejeter : voilà le principe de la méditation. Du zen japonais au bouddhisme tibétain en passant par la méthode laïque de pleine conscience (mindfulness) très en vogue actuellement, les écoles de méditation se distinguent par la diversité de leurs approches mais partagent une essence commune. Simple et accessible à tous (nulle obligation de pratiquer en position du lotus !), la méditation nécessite toutefois une certaine discipline pour pouvoir influer profondément sur l’être.

    Des bénéfices tangibles sur la santé

    Augmentation du système immunitaire et du niveau d’énergie, atténuation des états dépressifs et de l’anxiété, diminution des risques de maladies cardio-vasculaires, les bienfaits de la méditation sont réels et scientifiquement prouvés. « La méditation mobilise le système autonome parasympathique, source de calme, à l’opposé du système sympathique qui actionne le stress », explique le psychiatre Frédéric Rosenfeld 1. Elle permet de contacter notre espace de calme et de paix, bien présent malgré le brouhaha permanent causé par notre mental. Et cela fonctionne ! Les programmes MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) et MBCT (Mindfulness Based Cognitive Therapy) mis au point par le médecin américain Jon Kabat-Zinn, fondateur de la clinique de réduction du stress du centre médical de l’université du Massachusetts, connaissent un vif succès dans de nombreux pays européens, dont la France et la Belgique 2.

    À raison d’une pratique quotidienne de 45 minutes durant deux mois, ces programmes ont montré une réduction de 50 % du risque de rechutes chez des personnes ayant déjà connu un ou plusieurs épisodes dépressifs dans leur vie. Si la méditation ne suffit pas en cas de dépression sévère, elle offre de nouvelles clés aux personnes en souffrance : vivre dans l’instant présent, accepter nos ressentis et nos émotions tels qu’ils se présentent sans chercher à lutter ou à fuir et contacter l’espace du cœur… Elle ouvre le chemin vers l’être authentique qui sommeille en nous.

    La méditation s’invite à l’école…

    Signe tangible de cet engouement récent pour la méditation, des initiatives nouvelles voient le jour pour amener la pratique au sein d’établissements scolaires, hospitaliers et même pénitentiaires. Ainsi, la méditation en milieu scolaire commence également à se pratiquer en France. Raymond Barbry, éducateur sportif dans un collège à Bapaume, est convaincu des bienfaits de la méditation. Il propose un temps de pratique à ses élèves. Son « objectif, c’est de leur donner un outil pour leur apprendre à être présents », explique-t-il.

    « Je leur propose de se concentrer 5 minutes sur leur respiration à la fin du cours. Je ne force personne, les élèves qui ne veulent pas participer sont libres », poursuit Raymonde Barbry.

    « Les retours sont très positifs : ils ressentent de la détente, du calme et du bien-être. J’ai formé quatre autres enseignants à la pratique (profs de maths, lettres et EPS). Ils intègrent désormais un temps de pratique dans leur cours. J’ai également parlé de la méditation lors d’une réunion de formation destinée aux futurs chefs d’établissement. Là encore, l’accueil a été très positif. Prochainement, j’animerai une nouvelle réunion sur ce sujet, notamment avec des parents d’élèves. Il y a 2 ou 3 ans, cette initiative aurait été impensable dans un établissement scolaire ; aujourd’hui les gens sont prêts. En entrant à l’école, la méditation s’adresse aussi aux enseignants et aux chefs d’établissement. Parions que les parents s’y intéresseront prochainement. Il n’existe pas encore d’études scientifiques montrant les bénéfices de la méditation sur les capacités d’apprentissage. Mais des psychologues commencent à mener des travaux de recherche sur le sujet. »

    …et dans les prisons

    Une voie pour la liberté ? La méditation en prison. Serge Michenaud, enseignant au centre Art de vivre, intervient depuis deux ans et demi en centre pénitentiaire. L’objectif ? « Permettre aux détenus d’expérimenter de nouvelles manières d’être, amorcer un questionnement sur leurs parcours de vie. Nous intervenons dans le cadre de programmes mis en place par l’administration pénitentiaire. Certains détenus n’ont pas le choix d’assister aux séances de méditation, explique Serge Michenaud. Il s’agit alors d’expliquer ce que nous allons leur apporter : un atout pour les aider dans leur expérience faite de stress et d’attente. La méditation peut les aider à vivre le présent, à enrichir chaque instant. C’est une piste pour qu’ils cessent d’être en lutte permanente. »

    Et les effets sont bien réels : soumis à des objectifs par l’administration, 60 % des détenus participant à ces sessions affirment que la méditation leur apporte un plus, certains la comparant à « un bon pétard ». « Pourtant, dans le climat très bruyant du monde carcéral, c’est un vrai défi : on est loin des conditions idéales, propices à la pratique », confesse Serge.

    Resituer l’origine du mal

    Art de vivre intervient dans deux centres pénitenciers très différents : l’un accueille des jeunes gens de 18 à 25 ans en attente de jugement et l’autre des détenus purgeant de lourdes peines (de 8 ans minimum jusqu’à la perpétuité). Dans les deux cas, l’approche est identique : ce sont des séances de deux heures, en groupe de 7 à 10 individus, qui commencent par des exercices de yoga. « Les détenus ont un rapport particulier au corps, nous devons travailler aussi sur point », constate Serge, pour qui ces sessions sont un vrai plaisir malgré les moments parfois difficiles. « J’y apprends beaucoup sur la complexité humaine. Même si je suis parfois face à des hommes qui ont commis de vraies atrocités, je dois avouer que certains sont avec moi adorables ! »

    Ce programme permet de resituer l’origine d’un mal dans les pressions exercées par l’environnement de l’individu, et non plus en lui-même.

    Des expériences novatrices qui, on l’espère, devraient se développer dans les années à venir.

    Par Nathalie Ferron

    (1) Dr Frédéric Rosenfeld, Méditer, c’est se soigner, éditions Les Arènes, 2007.

    (2) Association pour le développement de la Mindfulness.


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