L’Institut Rafaël (Levallois-Perret) innove en proposant un panel de médecines non conventionnelles et de soins pour améliorer la vie pendant et après la maladie, le tout porté par un regard global sur la personne.
Un samedi de mai 2018, on se presse dans une odeur de ciment frais pour découvrir les neuf étages de l’Institut Rafaël, dont les travaux tirent à leur fin. L’un des cofondateurs, Alain Toledano, oncologue et radiothérapeute, joue le guide pour plusieurs dizaines de personnes, des membres de l’équipe, de futurs intervenants et des experts comme Nathalie Babouraj, spécialisée en médecine ayurvédique, fondatrice de l’Institut de santé intégrative et ex-médecin des pompiers de Paris. Il y a aussi Babeth, masseuse, et Agnieszka Szablonska qui anime des ateliers « I love my boobs » – qu’on peut traduire par « J’aime mes nénés » – destinés aux femmes touchées par le cancer du sein. Des séances « joyeuses », explique cette dernière, menées torse nu pour mieux se réapproprier son corps. Du sous-sol au dernier étage se succèdent ainsi des salles de cours collectifs (yoga) et des cabinets réservés aux soins personnalisés (massage ayurvédique, fasciapulsologie, acupuncture, hypnose, consultation en sexologie ou naturopathie…). « Nous pensons que c’est cette approche globale qui fait sens en cancérologie », commente Alain Toledano. Vingt-cinq pratiques différentes sont programmées pour prendre en charge la santé physique, émotionnelle et sexuelle des patients, auxquelles doivent s’ajouter une activité de recherche en médecine prédictive et génétique, l’évaluation des pratiques et une offre de formation professionnelle. Point d’ordonnance ici car on se veut dans l’accompagnement non médical. Côté finances, l’accès aux activités devrait être gratuit, mais est réservé pour commencer à la patientèle des médecins cofondateurs, qui exercent dans le secteur privé.
Survivre, oui, bien vivre, c’est encore mieux
Le projet de l’Institut Rafaël, unique par sa taille, vient compléter le panorama des soins de support que l’on rencontre à l’hôpital ou dans des associations comme le Centre Ressource. À la différence que ces programmes sont encore considérés comme des gadgets, dont le financement est aléatoire et repose sur le mécénat. Le bien-être après la maladie est pourtant un véritable enjeu. Selon l’Institut national du cancer, 400 000 personnes se sont vues diagnostiquer un cancer en 2017, et 3 millions de personnes vivent aujourd’hui avec un cancer ou en ont guéri. L’étude VICAN5 de l’Institut national du cancer en partenariat avec l’Inserm, publiée en 2018, montre aussi que 63,5 % des gens souffrent de séquelles physiques et psychologiques dues au cancer ou aux traitements cinq ans après le diagnostic de la maladie. On survit de plus en plus, preuve que la médecine moderne fait des progrès. La prochaine étape serait peut-être de bien survivre.
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