Illuminations : le défi d’un esprit de Noël sobre

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    Cette année, la période des fêtes de fin d’année se déroule dans un contexte de crise énergétique. Alors qu’on parle de réduction des éclairages des enseignes lumineuses, de sobriété et que des coupures de courant menacent certains départements, la question des illuminations de Noël est au centre des débats. La limite entre la conservation de l’esprit des fêtes et la sobriété est floue et demande une certaine modération dans le changement pour être acceptée.

    Les traditionnelles illuminations de Noël s’inscrivent cette année dans le contexte particulier de la crise énergétique. À ce titre, on interroge le coût de telles installations et le bien-fondé d’éclairer des communes pendant plus d’un mois est remis en question. L’ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes) propose diverses solutions pour un compromis plus sobre et économique. L’association cite l’exemple de l’avenue des Champs-Élysées à Paris où les illuminations s’étendront du dimanche 20 novembre au lundi 2 janvier inclus, pour une durée de six semaines contre sept auparavant. « [une] réduction attendue de la consommation d’énergie [de] 44 %. » précise-t-elle. Certaines communes tendent vers ces recommandations, quand certaines décident de supprimer toute illumination cette année.

    Impact sur la biodiversité nocturne

    Avant même la crise énergétique, les éclairages de Noël (et plus largement les éclairages publics) étaient remis en cause par la trame noire qui s’intéresse à l’impact des lumières artificielles sur la biodiversité nocturne. Dans ce contexte, les éclairages publics sont discutés depuis plusieurs années et des mesures ont été prises en faveur de la réduction de la pollution lumineuse. Beaucoup de villes ont adopté l’extinction de l’éclairage public après une certaine heure dans certains quartiers périphériques. C’est par exemple le cas de la commune de Mérignac en Gironde qui a mis en plce cette mesure depuis septembre 2017. Pourtant, les illuminations de Noël créent chaque année une hausse de consommation énergétique qui se justifie par la période exceptionnelle et un esprit de fête.

    Depuis plusieurs années, les collectivités s’attèlent à remplacer les éclairages et tendent vers le tout LED. Pourtant, comme le rappelle l’ANCPEN dans un communiqué de presse du 14 novembre 2022, « Le fait de recourir aux LEDs en avançant leur « faible consommation énergétique » ne doit définitivement plus constituer en 2022 un prétexte pour multiplier encore les sources et décors lumineux, ou pour étendre les périodes d’éclairement. ». Si pour réduire la consommation énergétique les LED semble une bonne solution, cette technologie semble accentuer la pollution lumineuse avec des températures de couleur plus froide que les ampoules traditionnelles.

    La réduction des éclairages de Noël ne doit pas se limiter à la problématique de sobriété mais s’inscrire dans un cadre plus large de protection de la biodiversité et de réduction de la pollution lumineuse au même titre que les éclairages publics le reste de l’année.

    Des initiatives réfléchies et citoyennes

    Si la plupart des collectivités a questionné les illuminations des fêtes, il semble important cependant de conserver un minimum de décorations — qu’elles soient lumineuses ou non — afin de préserver une certaine « magie de Noël ».

    Christophe Bouillon, maire de Barentin (Seine-Maritime) et président de l’APVF (Association des Petites Villes de France) a choisi de réduire les zones illuminées : « Nous avons visé les abords des écoles, ce qui permet de créer un point central dans chaque quartier qui possède une école. Ainsi les décorations ne sont pas centralisées mais s’invitent au sein des quartiers », explique-t-il.

    De plus, les citoyen·ne·s ont été consulté par la mairie de Barentin. Sur les 1 248 habitant·e·s qui se sont exprimé·e·s en une semaine (enquête octobre 2022), 60% ont estimé que « supprimer totalement les décorations de Noël » serait la proposition la moins adaptée. Mais les participant·e·s à cette consultation sont nombreux·ses à penser qu’il faudrait proposer cependant une alternative (72,44%). « Réduire la période d’illumination de trois à deux semaines » (37,42%) et « réduire le nombre d’endroits où sont implantées les décorations lumineuses » (35,5%) ont été les alternatives les plus plébiscitées. Dans une moindre mesure, le remplacement par des décorations non lumineuses a été proposé avec 20,4%.

    A Boussy-Saint-Antoine (Essonne), le maire Romain Colas a fait le choix de supprimer toutes les illuminations de Noël dans un souci économique. Il s’explique dans une vidéo postée le 20 octobre sur la page Facebook de la commune : « Dans les prochaines semaines, la ville de Boussy — comme l’ensemble des communes et intercommunalités de ce pays — va être confrontée à une explosion des coûts de l’énergie. […] Et puis, parce qu’il me faut immédiatement trouver des limitations de dépenses, j’ai dû, avec les élus, prendre des décisions que je considère douloureuses mais qui dans la période me paraissent d’évidence. Il n’y aura pas d’illuminations de Noël cette année à Boussy-Saint-Antoine ». A côté de cela, la ville a développé des alternatives citoyennes et participatives : à partir du 10 décembre, des sapins ont été installés dans le but d’être décorés par les habitant·e·s en prévision du marché de Noël organisé le week-end du 17 décembre. Dans l’ensemble, la mesure semble bien reçue par les Buxacien·ne·s.

    Une magie plus verte

    De nombreuses alternatives sont envisageables. La guirlande électrique n’est pas le seul objet porteur de la magie des fêtes. Le traditionnel sapin peut être conservé et décoré par les enfants. La participation des citoyen·ne·s aux différentes animations, de la confection participative des décorations aux marchés de Noël, permet ainsi de conserver une ambiance chaleureuse dans le cœur des villes et au sein des quartiers.

    Les commerçant·e·s sont aussi appelé·e·s à décorer leurs vitrines. Par exemple, l’association des commerçant·e·s de la rue d’Antrain à Rennes, La Bout’Antrain, organise un concours des meilleures vitrines de la rue. Une animation qui fait vivre le quartier sans recours massif à des illuminations.

    Les mesures en faveur d’une réduction des illuminations de Noël se multiplient cette année. L’appel de l’ANPCEN semble trouver un écho, porté par les difficultés économiques. A l’avenir, les villes devront encore davantage se réinventer en faveur d’un Noël écologique et économique.


    À lire aussi : Des initiatives pour lutter contre la pollution lumineuse

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