Des permis de végétaliser pour verdir la ville

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    Aux côtés de la piétonnisation des berges et la constitution de forêts urbaines, la maire de Paris Anne Hidalgo encourage la végétalisation des rues de la capitale. Une pratique qui séduit de plus en plus de grandes villes. Zoom sur les permis de végétaliser, pour permettre à chacun.e de cultiver l’espace public.

    « Alice ! Vous qui avez la main verte… Est-ce normal, que les feuilles soient de cette couleur ? » Evelyne n’est pas une professionnelle du jardinage. Mais l’auteure et comédienne a l’œil, et sait qu’elle peut compter sur Alice, la gardienne de son immeuble situé à deux pas de la place de la République, dans le 11e arrondissement de Paris. « Oui ! C’est parce que le palmier a été replanté, il faut lui laisser le temps de reprendre », la rassure Alice.

    Evelyne et Alice inspectent les plantes du pied d'arbre, compris dans le permis de végétaliser / © Cypriane El-Chami
    Evelyne et Alice inspectent les plantes du pied d’arbre, compris dans le permis de végétaliser d’Evelyne / © Cypriane El-Chami

    Penchées au-dessus de l’un des trois pieds d’arbre aménagés par Evelyne sur le trottoir de sa rue, les deux femmes inspectent avec soin l’état des plantations. Cela fait tout juste une semaine que ces pieds d’arbre ont fait peau neuve, grâce au permis de végétaliser obtenu par Evelyne. Ces permis délivrés par la Ville de Paris permettent de fleurir les rues de la capitale et de peindre de vert le béton urbain.

    Les trois pieds d'arbre végétalisés d'Evelyne, près de la place de la République à Paris / © Cypriane El-Chami
    Les trois pieds d’arbre végétalisés d’Evelyne, près de la place de la République à Paris / © Cypriane El-Chami

    Aralia, romarin, chlorophytum… Autour du tronc sont disséminées des plantes de tous types et de divers tailles. En plein centre de Paris, ces trois petits carrés de nature attirent l’œil et ajoutent de la couleur au gris des rues. Pour Evelyne, c’est son petit jardin, mais dans l’espace public. « J’ai choisi les plantes qui me plaisent. J’avais envie qu’elles restent vertes même en hiver et que ce soit un jardin exotique, explique-t-elle. Car je ne peux pas vivre sans verdure  ! »

    2 550 permis de végétaliser alloués

    Autour du tronc, une pancarte plastifiée indique « permis de végétaliser ». Ce permis alloué par la Mairie de Paris à des particuliers qui souhaitent cultiver des plantes dans l’espace public a été mise en place en janvier 2015. « La création d’espaces verts, de toits végétalisés et le développement de l’agriculture urbaine faisaient partie de nos objectifs pour la mandature 2014-2020 », souligne Pénélope Komitès, adjointe à la Maire de Paris, chargée des Espaces verts, de la Nature et de la Biodiversité.

    Depuis juillet 2015, 2 550 permis de végétaliser ont été attribués et près de 500 sont en cours d’instruction. Une tendance qui enchante Pénélope Komitès : « Végétaliser la ville permet de constituer des trames vertes, des corridors écologiques. Et cela permet aux citoyen.ne.s de se réapproprier l’espace public et ils ont bien raison ! »

    Silence, ça pousse (dans les rues de Paris !) / © Cypriane El-Chami
    Silence, ça pousse (dans les rues de Paris) ! / © Cypriane El-Chami

    Un coup de « pousse » pour les jardiniers en herbe

    Pour celles et ceux qui veulent « mettre la main à la terre » et être accompagné.e.s tout au long du processus, la Maison du Jardinage dispense des ateliers sur les permis de végétaliser, et propose des cours de jardinage ouverts à tou.te.s. Franck Hoedts est le jardinier en charge des 1 000 m² de potager et des 70 m² de serre du parc de Bercy.

    Depuis le potager de la Maison du Jardinage, Franck donne des conseils à ses jardiniers en herbe / © Cypriane El-Chami
    Depuis le potager de la Maison du Jardinage, Franck donne des conseils à ses jardiniers en herbe / © Cypriane El-Chami

    Ce jeudi matin, après avoir fait un tour de table pour répondre aux questions des participant.e.s au Rendez-vous du Jardinier, Franck passe au potager puis à la serre, pour expliquer les étapes de la bouture. Près de deux heures plus tard, les jardinier.ère.s en herbe repartent avec de petites pousses en main, et des astuces plein la tête. « Dans son jardin comme sur son balcon, le modèle c’est la forêt, répète Franck. Mais en ville, on ne peut pas rétablir un milieu tout à fait naturel. C’est très bétonné, il n’y a plus de sol à nu… Or, c’est la minéralisation de tout, avec le béton, qui réchauffe les villes ! C’est vital, de créer des espaces, des couloirs verts. Ce n’est pas qu’une lubie ! » Et pour Franck, un pied d’arbre végétalisé, c’est toujours cela de gagné contre le bitume.

    Atelier bouture avec Franck, à la Maison du Jardinage / © Cypriane El-Chami
    Atelier bouture avec Franck, à la Maison du Jardinage / © Cypriane El-Chami

    Lutte contre le minéral, coup de pouce à la biodiversité, lien social et réappropriation de l’espace public par les citoyen.ne.s… Voilà autant de bonnes raisons qui incitent de plus en plus de villes à se lancer et proposer des permis de végétaliser. Dunkerque, Nantes ou Bordeaux ont déjà passé le pas. L’adjointe à la mairie de Paris Pénélope Komitès s’en réjouit : « Aujourd’hui, mettre de la nature dans la ville est une dynamique qu’il faut accélérer. Je suis intimement persuadée que l’urbanisme est en profonde mutation, pour moins de minéral et plus de végétal. Tout en restant haussmannienne et riche en patrimoine, ce n’est pas défigurer Paris que de rajouter des jardinières et des fleurs au pied des arbres ! »

    « Participer à l'embellissement et à l'amélioration de notre cadre de vie » / © Cypriane El-Chami
    « Participer à l’embellissement et à l’amélioration de notre cadre de vie » / © Cypriane El-Chami

    Par Cypriane El-Chami


    Les permis de végétaliser, kézako ?

    Les permis de végétaliser sont des autorisations d’occupation du territoire (AOT) d’une durée de trois ans, reconductibles tacitement si tout se passe bien. 

    Les détenteurs des permis de végétaliser en sont alors responsables – ils et elles s’engagent à en prendre soin. Régulièrement, les services de la Ville s’assurent que le lieu couvert par le permis de végétaliser est bien entretenu. 

    Au pied d'un arbre, dans une jardinière, accrochés à une barrière ou un poteau... Plusieurs options existent pour les permis de végétaliser / © Cypriane El-Chami
    Au pied d’un arbre, dans une jardinière, accrochés à une barrière ou un poteau… Plusieurs options existent pour les permis de végétaliser / © Cypriane El-Chami

    Mais pas de panique ! La plateforme Végétalisons Paris référencie tous les permis de végétaliser de la ville. On peut y demander un coup de main pour l’entretien ou pour l’arrosage en cas d’absence par exemple.

    Pour obtenir ce permis, il vous suffit de remplir un formulaire en ligne, détaillant votre demande. Une fois votre autorisation en poche, il ne vous reste plus qu’à vous y mettre ! Les mairies d’arrondissement pourront vous prêter tout le matériel dont vous avez besoin, ainsi que de la terre et des graines. Sinon, laissez libre cours à votre imagination !

    Ici, la devanture d'une librairie est sublimée grâce à ces permis de végétaliser sur les barrières ! / © Cypriane El-Chami
    Ici, la devanture d’une librairie est sublimée grâce à ces permis de végétaliser sur les barrières ! / © Cypriane El-Chami

    En savoir plus

    Vous êtes plutôt un.e jardinier.ère du dimanche et préférez donner un coup de main de temps en temps ? C’est possible aussi ! Rendez-vous sur la plateforme de Végétalisons Paris pour aider à l’installation d’un.e autre jardinier.ère, ou pour trouver un bac près de chez vous qui a besoin d’être arrosé !

    Vous souhaitez apprendre quelques astuces de jardinage ? Les Rendez-vous du Jardinier ont lieu à la Maison du Jardinage, au parc de Bercy. Retrouvez tous les détails de ces ateliers ici.

    Pour plus de détails sur les permis de végétaliser, rendez-vous sur vegetalisons.paris.fr !


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    2 Commentaires

    1. Bonjour, nous vous remercions pour cet article très intéressant sur la végétalisation urbaine. Cependant, concernant les pieds d’arbre d’Evelyne, nous déplorons le fait que la Régie de quartier Paris-Centre qui est une entreprise d’insertion locale, ne soit pas citée. En effet, les entourages des 3 pieds d’arbres ont été réalisés par des habitants du centre de Paris en projet d’insertion. Rendre à César ce qui appartient à César car ceci apporte une réelle plus-value vertueuse à ces projets d’embellissement du cadre de vie. Par ailleurs, ce projet a été financé par la Mairie du 3ème arrondissement via les Conseils de quartier. Bien souvent, derrière les permis de végétaliser, il y a de la cohésion humaine, des moyens techniques et de la solidarité….

      • Bonjour Valérie et merci de votre commentaire !

        Comme mentionné dans l’article, nous savions que des personnes étaient venues en aide à Evelyne et que ce projet, à l’instar de beaucoup de projets de végétalisation, avait permis un véritable réseau de solidarité et d’entraide dans le quartier. Cependant, nous n’avons pas été informées que la Régie de quartier avait participé à la végétalisation des pieds d’arbre. Nous vous remercions de cette précision.

        L’équipe de rédaction de Kaizen

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