Revaloriser les vélos, conseiller les cyclistes et promouvoir cette pratique en ville sont les leitmotive des ateliers vélos solidaires et participatifs. Le concept gagne l’ensemble de l’Hexagone et s’est propagé en Corse et Martinique. Pour comprendre les raisons de ce succès, immersion dans deux ateliers situés à Paris.
Au moins vingt personnes bricolent à l’intérieur de l’Atelier Vélorution Bastille, et vingt autres empiètent dehors, au bord du trottoir. Ces hommes et ces femmes, de tous âges, font un sacré remue-ménage : ils trifouillent dans des caisses, se servent librement de pièces de vélos, et font du vacarme en bidouillant leur biclou. Tous ont les mains noircies par la graisse, sauf ceux qui portent des gants.
Do it yourself
Frédéric Averne, accompagné de ses deux enfants, explique venir ici « pour qu’on [lui] prodigue de bons conseils et par la suite pouvoir se débrouiller tout seul. » Grégory Bardiès apprécie l’ambiance « conviviale » et trouve « amusant » de réparer soi-même. Tamara, une Colombienne arrivée en France il y a six mois, n’a qu’un seul mode de transport : le vélo. Elle en est à son troisième. Sur les deux précédents, l’un a été accidenté, l’autre volé. Elle vient ici pour réparer une bicyclette donnée par l’un de ses amis.
« Aujourd’hui, c’est le jour le plus calme depuis deux mois. Là, c’est les vacances », affirme Sébastien André, coprésident de l’association. Créé en novembre 2014, l’atelier Vélorution Bastille est composé d’une équipe d’une vingtaine de bénévoles et compte près de 1 200 adhérents. L’association promeut la vélonomie. « Le but est d’accompagner les cyclistes à l’autoréparation et de les aider à être autonomes », explique Sébastien.
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En échange d’une adhésion annuelle de 10 €, toute personne peut s’initier à la réparation de son biclou et s’appuyer sur les connaissances techniques des membres. Chaque adhérent peut aussi récupérer les pièces de son choix et utiliser les outils en libre-service. Pour Nico, bénévole, « une fois l’adhésion payée, la notion d’argent disparaît ».
Revalorisation des déchets
Apprendre à réparer son vélo de façon conviviale et à moindre coût est le cœur de l’activité de ces ateliers solidaires. Marie Mondain, en train de réparer son vélo, qui a crevé pour la deuxième fois sans explication, le confirme : « On a tous les outils à disposition, avec des gens sympas qui peuvent donner de bons conseils. »
C’est en grande partie grâce à la récupération de vieux vélos que les cyclistes peuvent réparer leur monture. En partenariat avec la ville de Paris, Vélorution Bastille et AICV (Animation, insertion, culture et vélo) collectent les biclous dans les décharges municipales. Les propriétaires viennent également leur déposer les deux-roues qu’ils n’utilisent plus.
Cette économie circulaire est vertueuse. Elle évite le gaspillage, réhabilite des vélos abandonnés ou inutilisés, et permet de constituer un stock de pièces détachées, facilitant la réparation de vieux vélos.
Vélorution
Adhérents et bénévoles, la plupart sont partisans de la vélorution et militent pour que le vélo occupe plus de place en ville. Pour donner de la consistance à ce mouvement vélorutionnaire, certains collectifs organisent des rassemblements massifs de cyclistes. Cela leur permet, le temps d’une manifestation, de se réapproprier l’espace public et les routes. Une partie des bénévoles de l’atelier de Bastille sont même allés à Bruxelles, pour participer à la 6e Vélorution Universelle et parader avec leur vélo.
Vélo-école
L’association AICV, dont l’atelier est situé dans le 19e arrondissement de Paris, a, quant à elle, développé d’autres activités liées à l’éducation au vélo. Son président, Joël Sick, témoigne : « Nous avons près de 250 personnes qui viennent apprendre à faire du vélo. » L’association organise des animations pour les écoles, les centres de loisirs et les centres sociaux. Elle initie des personnes handicapées ou en surpoids à la pratique du vélo, forme le grand public et des entreprises à maîtriser leur bicyclette dans le trafic urbain et propose des balades découvertes dans Paris.
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La location de matériel et de vélos est un autre pan de l’activité d’AICV. Cette partie est financièrement cruciale. Cela lui permet de couvrir les 17 000 euros annuels de loyer qu’elle doit payer à la municipalité.
Solidarité
L’Atelier Vélorution Bastille est hébergé, avec d’autres associations, par La Maison du vélo. Les locaux sont prêtés par la mairie de Paris. Cela permet à l’Atelier d’aider financièrement d’autres ateliers solidaires et participatifs. « On souhaite que ce type d’endroits se développe, cela favorise vraiment la vie de quartier et participe à renforcer le tissu social », conclut Sébastien André.
Par Thomas Masson
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J’ai pris connaissance de vos initiatives solidaires et citoyennes à Paris. Je vous signale qu’en province aussi de belles réalisations mettent à la disposition des usagers du vélo ateliers et conseils. Ainsi, à Saint Dié-des-Vosges 88100 une association est née en 2013, l’Engrenage. Elle fonctionne sur le même principe que celles présentées dans votre document, à la satisfaction de toutes et tous.
Un adhérent déodatien. Michel M.