L’appel « Nous Voulons des Coquelicots » atteint le million de signatures

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    L’appel « Nous Voulons des Coquelicots », pour l’interdiction des pesticides de synthèse, a atteint le million de signatures ! Parallèlement, des maires de France sont jugé.e.s pour avoir mis en place des arrêtés municipaux anti-pesticides. État des lieux avec Fabrice Nicolino, président de Nous Voulons des Coquelicots.

    Rassemblement en soutien à Daniel Cueff, devant le Tribunal de Rennes, le 14 octobre 2019 / ©Cypriane El-Chami
    Rassemblement en soutien à Daniel Cueff, devant le Tribunal de Rennes, le 14 octobre 2019 / ©Cypriane El-Chami

    L’appel « Nous Voulons des Coquelicots » a atteint le million de signatures. Comment expliquez-vous cette large adhésion de la population ?

    Dès son lancement, pourtant amateur en septembre 2018, l’appel a été reçu en fanfare sur Internet ! Aujourd’hui, je suis ravi de voir que plus de la moitié de nos soutiens proviennent de signatures papier. Ce n’est plus qu’un simple clic sur son ordinateur. Tous les premiers vendredis de chaque mois, des centaines de groupes locaux se réunissent devant les mairies. Beaucoup de personnes font les marchés également. Elles sont sur le terrain, pour aller à la rencontre des gens, leur expliquer la situation et récolter des signatures. Ce geste a presque plus de signification, parce qu’il y a un contact direct avec des personnes réelles. Cela veut dire qu’il y a encore de l’énergie ! En un an, le mouvement s’est remarquablement enraciné en France. 

     

    À l’occasion des Rencontres Associations et Philanthropes organisées par 1 % for the Planet France les 1 et 2 octobre 2019, vous avez décroché le prix « Agriculture et sols » et bénéficié d’une aide de 50 000€. De quoi s’agit-il ?

    Ce sont des entreprises qui décident de consacrer 1 % de leur chiffre d’affaire à des causes qui concernent la nature et l’écologie. Nous avons déposé un dossier, j’ai fait un pitch en présentant notre combat contre les pesticides. C’est un appel politique puisqu’il demande la fin d’un système d’empoisonnement, qui implique les structures de l’État, totalement inepte selon moi. Les sondages montrent qu’une large majorité de Français.es veulent une interdiction des pesticides. Au sein du mouvement Nous Voulons des Coquelicots, nous sommes nombreux.ses et mobilisé.e.s. Très prudemment, on estime que nous sommes entre 35-40 000 et 55-60 000 personnes tous les mois devant les mairies ! Et pourtant, le gouvernement de nous considère pas. C’est effarant !

    Ce mois-ci se tient également la Rébellion Internationale d’Octobre (la RIO), organisée par Extinction Rébellion. Quel regard portez-vous sur ces actions de désobéissance civile pour l’urgence climatique ? 

    Nous sommes pour la désobéissance civile, mais nous n’avons pas encore trouvé des formes adaptées qui nous conviennent. Quand on fait les choses de manière légale et que l’opinion française est prête, on se heurte à un mur infranchissable. Je crois donc qu’à un moment, le contrat qui lie un État à une société est rompu. Si on ne peut plus être entendu.e.s, alors j’estime que la rébellion est justifiée. Je n’appelle pas à l’insurrection, nous sommes un mouvement résolument non-violent ! Mais il faut prendre des décisions courageuses. Le droit de ne pas être empoisonné.e est un droit fondamental ! Mes espoirs sont minces, sauf si la société civile se révolte contre cet empoisonnement universel que représentent les pesticides, à mon sens.

    Daniel Cueff, maire de Langouët, à sa sortie du Tribunal de Rennes le 14 octobre 2019. Le maire était jugé en appel pour son arrêté anti-pesticides. / ©Cypriane El-Chami
    Daniel Cueff, maire de Langouët, à sa sortie du Tribunal de Rennes le 14 octobre 2019. Le maire était jugé en appel pour son arrêté anti-pesticides. / ©Cypriane El-Chami

    On parle beaucoup d’agri-bashing aujourd’hui pour dénoncer les attaques contre des agriculteur.trice.s qui ne seraient pas bio, ou qui utiliseraient encore des produits phytosanitaires. Que pensez-vous de cette tendance ?

    Nous avons pris un parti limpide sur cette question : nous n’attaquons pas les paysan.ne.s. Nous nous battons contre une pratique agricole. Nous sommes pour qu’il y ait des millions de paysan.ne.s en France qui se détourneraient des pesticides. 

    Quant au terme d’agri-bashing, c’est une invention polémique de la FNSEA, le syndicat de l’agriculture industrielle. Cela n’existe pas dans la forme qui nous est présentée par ce syndicat. On nous dit que des agriculteur.trice.s se font agresser, sans aucune preuve, sans aucun fait. Ce qui est vrai, c’est que les paysan.ne.s souffrent affreusement parce qu’ils ne sont plus accepté.e.s par la société. Auparavant, ils étaient considérés comme les nourriciers de la population. Aujourd’hui, de plus en plus de consommateur.trice.s ne veulent plus de fruits, de légumes, de viandes avec des pesticides, ou des produits dangereux. Il est vrai que les paysan.ne.s sont mal-aimé.e.s. Chaque individu a sa part de responsabilité. Néanmoins, les agriculteur.trice.s ont été entraîné.e.s à leurs dépens dans un système très rémunérateur pour les coopératives agricoles et la FNSEA. La seule solution est de sortir ensemble de l’agriculture industrielle, main dans la main avec les paysan.ne.s. 

    Rassemblement en soutien à Daniel Cueff, devant le Tribunal de Rennes, le 14 octobre 2019 / ©Cypriane El-Chami
    Rassemblement en soutien à Daniel Cueff, devant le Tribunal de Rennes, le 14 octobre 2019 / ©Cypriane El-Chami

    Propos recueillis par Cypriane El-Chami


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