Le bio sur la place du marché

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    Le marché a toujours occupé une place centrale dans l’approvisionnent des familles. Et si les producteurs bio investissaient aussi la place du marché ?

    L’axolotl est un animal qui conserve des caractères juvéniles à l’âge adulte. « Le bio est parfois associé à un certain rigorisme de vie, voire à une démarche élitiste. Nous voulions montrer que produire et consommer bio est synonyme de plaisir ». C’est pendant l’hiver 2011 que Florence, Nathalie et Mehdi créent Axolotl, une association dont l’objectif est d’organiser des marchés bio estivaux et festifs sur la place de Sainte-Croix, petit village du Diois, au centre de la Drôme. Florenceprécise : « Notre action s’inscrit dans une volonté de mise en liens joyeuse. Nous voulions attirer une population plus large que le cercle des convaincus du bio. Nous avons sollicité des musiciens, des artisans, des circassiens, à qui nous avons expliqué notre projet, nos valeurs, notre envie de donner un air de fête aux marchés. Ils se sont imprégnés de notre histoire et ont répondu présents ».

    Indispensables contacts

    La commune donne son feu vert. L’équipe rassemble des maraîchers, boulangers, fromagers, arboriculteurs, vignerons, apiculteurs, productrices de plantes médicinales et autres transformateurs locaux, ainsi que quelques artisans des environs. Des affiches sont collées bien au-delà des frontières du village. On distribue des prospectus sur les marchés dela région. Descuisinières s’engagent à proposer à tour de rôle un menu bio et local à prix sympa. « Pour la première, dix-neuf producteurs et sept artisans sont présents. Le bar sert des bières, du vin, de la Clairette, des jus, le tout produit en local. Céline et Solenn proposent ce jour-là soixante  assiettes végétariennes. Plusieurs musiciens ont accepté de se relayer, moyennant repas et boissons. Nous sommes certains d’avoir semé les bons ingrédients » explique Nathalie.

    La magie du projet

    Et de fait, ça marche. Amis, touristes, habitants du coin viennent voir de quoi il retourne, souvent en simples curieux. Ils s’arrêtent, se laissent entraîner par la musique, achètent, mangent, rient, discutent. Les enfants participent aux ateliers, tous gratuits. « Nous avons vendu rapidement les repas, nous aurions pu en prévoir 30 de plus. Beaucoup de gens sont restés tard le soir, envoûtés par les chants et les danses » nous glisse Mehdi entre deux clients. La nouvelle de ces marchés sains et enjoués circule dans le pays dès le lendemain. La magie du projet coopératif est en route. Bientôt, des ateliers spontanés sont offerts par des ados du coin : Sophie, 17 ans, viendra gratter de la guitare, Elena et Lena mettront au point quelques numéros de voltige sur poney, les jeunes de l’espace social et culturel de Die animeront des ateliers pour enfants. Le dernier marché, fin août, servira plus de 150 repas. La plupart des professionnels ont bien vendu et tous se seront bien amusés. Ils reviendront l’an prochain, c’est sûr !

    Le marché bio est vivant

    Ce marché du Diois recèle toutes les composantes pour fonctionner bien et bio : association de producteurs, animation, petite restauration sur place. C’est avec ces ingrédients que le marché bio et local de Saint-Avé (10 000 habitants), dans le Morbihan, fonctionne depuis 2006. A l’époque l’équipe municipale constate que quelques producteurs bios sont présents mais peu valorisés sur le marché du dimanche matin. Elle décide de leur donner plus de visibilité. Depuis, tous les mardis de 16h30 à 19h, une douzaine de producteurs bio et locaux (maraîchers, volailler, fromager, boulanger, crêpes à emporter, etc.) sont au rendez-vous quelle que soit la météo. « Le fait d’être regroupés en association tisse des liens entre nous et nous permet de chercher des subventions, témoigne Jean-Philippe Moy, vice-président de l’association Vous Avé dit bio ? Nous réfléchissons ensemble aux actions à mener pour attirer plus de clients. Nous proposons des animations pour faire venir les médias et les consommateurs encore nourris de préjugés sur le bio – notamment sur son prix. Car pour l’heure, nos clients sont essentiellement des habitués. » Le constat n’en demeure pas moins positif : 2/3 des producteurs sont les mêmes depuis le début, le marché leur permettant de vendre les produits localement, en relation directe avec le consommateur. De la Drôme au Morbihan, deux marchés très différents qui montrent que concertation et adaptation au territoire permettent d’amener le bio dans la place.

    Texte : Jean Claude Mengoni

    Photo : Eléonore Henry de Frahan

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