Pascal Aubrée : « La fête de l’Humanité unit poésie et politique »

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    Plus grande fête populaire de France avec 600 000 participants, la fête de l’Huma, festival engagé du journal l’Humanité, revient au parc de La Courneuve (93), du 14 au 16 septembre 2018, pour sa 83ème édition. A la fois festif et militant, tout en s’inscrivant dans une démarche d’écologie populaire, cet événement de rentrée impulse l’envie de bâtir une autre société selon son directeur, Pascal Aubrée.

     

    « Le monde est à nous » est le slogan de cette 83ème édition. Comment interprétez-vous ce message ?

    Depuis sa création en 1930, La fête de l’Huma n’a cessé d’être un lieu d’échanges, de débats et de convergence des luttes du mouvement social. « Le monde est à nous » est un message de rassemblement qui invite chaque citoyen à prendre sa place dans la société d’aujourd’hui, sans contraintes, et que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice et avoir son mot à dire. La question que l’on se pose maintenant c’est : comment, ensemble, on construit un monde plus humain, plus équitable ?

     

    Comment cette quête d’alternatives se manifestera-t-elle pendant le Festival ?

    Sur une de nos scènes appelée l’Agora par exemple, on mettra en place un « jeu d’acteurs » avec des personnes du monde politique, économique, syndical et social qui créeront « un gouvernement des luttes » et chacun proposera des alternatives à la politique actuelle du gouvernement. A chaque débat, il y aura une interaction avec le public pour qu’il réagisse, pose des questions et amène aussi ses solutions. Notre Forum Social sera également le lieu de nombreux débats sur des sujets comme la sécurité sociale ou les services publics. Et puis à travers des expositions, des séances de cinéma ou encore notre village du livre rassemblant 200 auteurs, les moments d’échanges seront aussi privilégiés.

     

    Quelle est la place de l’écologie dans un festival engagé comme la fête de l’Huma ?

    Nous essayons au mieux, même si ce n’est pas toujours évident sur place, de s’inscrire dans une démarche d’écologie populaire. En plus des gobelets réutilisables, des cendriers jetables, des sanitaires à faible consommation, etc., chacun de nos 400 stands sensibilisera le public aux enjeux du tri des déchets avec des sacs mis à disposition. On est passé de 4% des déchets recyclées à 8% l’année dernière. Au niveau du gaspillage alimentaire, l’entreprise Phénix récupèrera tous les invendus alimentaires des stands après la fête pour les redistribuer à des associations et épiceries à circuit-courts.

    Il y a également une nouveauté cette année au niveau de l’alimentation. 10 chefs étoilés viendront préparer un repas gastronomique durable et inclusif pour 400 personnes et ainsi sensibiliser sur le « bien manger ». Tous les produits cuisinés seront bio y compris le vin en provenance de la cave d’Ivry qui travaille le vin en biodynamie.

     

    Cette union entre culture et militantisme est la grande force du festival ?

    Oui, nous on dit que la Fête de l’Huma unit poésie et politique. Politique car même si elle n’est plus la fête du parti communiste mais bien la fête du journal l’Humanité, on trouve toujours des fédérations de sections de ce parti avec d’autres stands qui rassemblent la gauche dans toute sa pluralité allant du Nouveau Parti Capitaliste (NPA) à Génération.s. Une force politique renforcée par toutes les associations présentes. Mais ce rendez-vous est aussi populaire grâce à sa dimension festive. Il y a de nombreux concerts mais aussi des espaces de rencontres, des moments d’arts vivants, allant du théâtre à l’humour, en passant par le cinéma, qui permettent également de faire passer des messages.

     

    Est-ce que le public de la fête de l’Huma est lui aussi engagé ou le festival se dépolitise-t-il ?

    Je ne dirai pas qu’il se dépolitise mais il y a vraiment deux publics. On retrouve souvent des personnes très engagés politiquement et d’autres venus principalement pour la musique qui ne sont pas politisés au départ. La diversité des concerts permet d’autant plus un brassage des générations. Le public de Big Flo et Oli sera forcément différent de celui de Julien Clerc. En parallèle, ce qui est intéressant c’est qu’après le festival, les personnes ne repartent pas politisés, et ce n’est pas le but, mais les espaces de débats, les conférences suscitent l’intérêt. Il y a une prise de conscience pendant la fête. L’important est vraiment la rencontre et l’échange entre des personnes qui n’ont certainement pas les mêmes opinions mais c’est cela qui permet de faire ensuite avancer des idées, des alternatives et des solutions durables.

     

    Propos recueillis par Maëlys Vésir 

     


    La fête de l’Humanité, 14, 15 et 16 septembre 2018 au parc de La Courneuve (93)

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