Et si on s’était trompés : Et si Homo sapiens était végétarien ?

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    À l’heure où la surconsommation de viande fait de plus en plus débat en raison de ses conséquences sur l’environnement et la santé [Le Monde du 23/11/2017], comment repenser notre lien naturel à l’alimentation ?

    Et si on s’était trompés ? Et si Homo sapiens n’était pas omnivore, mais essentiellement frugivore ? Et si les chasseurs-cueilleurs étaient cueilleurs à 90 % et chasseurs à seulement 10 %, lorsqu’il n’y avait plus rien à cueillir ? En 2014, nous avons encore du mal à prouver ce que les plus éminents naturalistes européens des XVIIIe et XIXsiècles, dont Charles Darwin lui-même, avaient fini par déduire en démontrant que l’appareil digestif, la dentition et la morphologie de l’être humain étaient très proches de ceux de nos cousins chimpanzés et gorilles, et bien éloignés de ceux de l’ours omnivore. Et si, par conséquent, nous n’étions pas faits pour manger de la viande ?

    Et si on s’était trompés ? Et si la viande n’apportait pas la force escomptée, mais plutôt nombre de maladies à cause de son acidité extrême ? Si la constitution musculaire de l’être humain n’avait rien à voir avec les protéines animales ? En 2014, nous avons encore du mal à entendre que de nombreux sportifs de haut niveau, dans toutes les disciplines, ont supprimé la viande de leurs menus. Un grand porte-parole de la cause animale, « l’homme le plus fort d’Allemagne », Patrik Baboumian, haltérophile de 125 kg, est végétalien.

    Et si on s’était trompés ? Et si la consommation de viande était juste une attitude de domination de l’espèce ? Si notre arrogance d’être humain sur la Nature nous arrogeait le droit de vie ou de mort sur tous les êtres vivants ? En 2014, alors qu’une loi venait de décréter que les animaux sont des « êtres vivants doués de sensibilité », et non plus des « biens meubles », nous sommes encore loin de faire entendre la voix de tous les animaux. Ceux-là mêmes qu’Abraham Lincoln voulait défendre en étant « en faveur des droits des animaux autant que des droits de l’homme », parce que c’est la seule façon d’être un être humain, et ceux-là mêmes qui touchaient profondément Émile Zola, car « une créature qui souffre et qui n’a aucun moyen de nous faire entendre comment et pourquoi elle souffre, n’est-ce pas affreux, n’est-ce pas angoissant ? » (Le Figaro, 24 mars 1896)

    Et si on s’était trompés ?

    Parce que l’on peut faire la fête toute l’année dans le respect le plus élémentaire de la vie, plus une minute à perdre… tous aux fourneaux pour déguster les fruits non défendus de la passion végétale !

    Et bon appétit en pleine conscience…

    Par Yvan Saint-Jours.

    Editorial publié dans Kaizen Hors-série n°4 : 120 Recettes végétariennes

     


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