Le marché sur l’eau : une solution d’avenir ?

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    Créée en 2011, l’association du Marché sur l’Eau encourage un mode de consommation raisonné et responsable, par la vente de produits locaux, souvent bio et de saison, via un transport fluvial moins polluant. Grâce à son bateau, unique en Île-de-France, l’association accoste chaque semaine sur des rives urbaines à Sevran (93), Pantin (93) et Paris (75). Les consommateurs bénéficient ainsi de produits cultivés et récoltés quelques heures auparavant dans la campagne francilienne. 

    « Ah ça y est, le voilà ! », lance à l’unisson la poignée de bénévoles qui guettent impatiemment depuis plusieurs minutes le bassin de la Villette, la venue du bateau. Comme tous les samedis matin aux environs de 10h30, la barge de dix mètres de long « Les deux brigands » vient accoster place Stalingrad, dans le XIXe arrondissement de Paris. À son bord, des dizaines de cagettes remplis de fruits et légumes frais vont garnir les étals du Marché sur l’Eau. Des produits fournis par la vingtaine de producteurs partenaires, implantés le long des canaux en Seine-et-Marne (77).

    Créée en 2011, l’association Le Marché sur l’eau défend un mode de consommation locale, équitable et de saison. Les produits, cueillis la veille, proviennent d’exploitations peu intensives et familiales, labellisées bio mais pas seulement : de l’agriculture raisonnée à la lutte intégrée, différents modes de productions sont représentés. « On connait nos producteurs, on va dans leurs champs, la confiance est totale », assure Christine Delaunay, administratrice bénévole de l’association et adhérente de la première heure.

    Plus tôt dans la matinée, la petite embarcation avait quitté le calme de la campagne francilienne pour rejoindre l’agitation parisienne, en se laissant glisser le long du Canal de l’Ourcq sur plus de 30 kilomètres. Unique en son genre, elle transporte jusqu’à deux tonnes de marchandise par voyage. Un moyen de transport mutualisé et donc plus respectueux de l’environnement qui n’est pas sans avantage pour les producteurs : un déplacement de moins qui permet de gagner du temps ! « Puis, tout n’a pas besoin de circuler à toute vitesse », ajoute Christine Delaunay. Le Marché sur l’Eau, c’est aussi retrouver le rythme de la nature et sortir de l’hyperconsommation.

    Le marché sur l'eau
    La barge « Les deux brigands » se prépare à accoster, avec à son bord Christine Delaunay (en vert) © Laure Hänggi

    Soutenir les petits producteurs

    Une fois amarrée, le déchargement peut commencer, sur les quais du bassin. Escortés par une petite dizaine de bénévoles, fruits, légumes, fromages, yaourts et bières prennent la direction du petit chapiteau du marché, installé devant la Rotonde.

    L’initiative a conquis les habitants du quartier, intrigués par l’arrivée de ce bateau en plein Paris. L’association compte aujourd’hui 750 adhérents. Une cotisation de vingt euros par an leur permet de venir faire leurs courses au Marché sur l’Eau. Parmi eux, près de 400 sont des abonnés récupèrent chaque semaine un panier garni de produits de saison, commandés par dix à l’avance. L’association salarie également trois personnes, dont sa directrice, Christelle Touzart-Matrot. En 2016, près de 11 000 paniers ont ainsi été distribués par l’association, qui demande à chaque adhérent de venir aider sur le marché au moins deux heures par trimestre.

    Une démarche « éthique et militante » pour Emmanuelle, 50 ans, adhérente de la première heure, qui milite pour l’abonnement : « C’est ce qui leur permet de vivre. La vente en vrac est plus aléatoire et moins stable sur le long terme. » Assurément, le Marché sur l’eau rencontre un franc succès, auprès d’un public divers : jeunes couples, retraités, familles nombreuses, il y a de tout dans la queue qui s’allonge au rythme de la mélodie électronique des caisses.

    L’ambiance est conviviale et les clients enchantés, comme Marie-José, 70 ans. Adhérente depuis septembre dernier, cette habitante du quartier ne cache pas sa joie : « Le cadre est super et on se régale. Puis, cela aide les petits producteurs qui ont du mal à tenir face à l’agriculture de masse », explique-t-elle, avant de repartir avec une belle salade dans son panier. Mieux vaut donc ne pas arriver trop tard, pour ceux qui ne récupèrent pas de panier ou ceux qui veulent le compléter, sous peine de ne plus avoir le choix qu’entre des pommes et des tomates

    Un moyen aussi, de redécouvrir des produits mal-aimés ou oubliés, comme les légumes d’hiver. « C’est meilleur, moins cher et local et, en plus, cela nous amène à cuisiner des produits que l’on ne connait pas du tout, comme le panais ou les blettes », expliquent Mélanie et Pierre-Alexis, un couple de trentenaire, venus chercher leur dixième et dernier panier. Des idées de recettes sont proposées sur le site du Marché sur l’eau, ainsi que des ateliers culinaires et des repas locavores. Un moyen de promouvoir un mieux consommer, pour tous.

    Marché sur l'eau
    Le Marché sur l’eau propose également des jus, des huiles ou des soupes.

    Des bio-déchets pour les champs

    Depuis avril 2016, le Marché sur l’Eau a mis en place le projet ALISOL (alimentation solidaire). Grâce à une subvention de la région Ile-de-France, des paniers solidaires sont vendus moins de deux euros à Sevran à des familles percevant le RSA. Depuis février, le projet a été étendu à Pantin, où des étudiants bénévoles de l’AFEV (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) viennent aider à la distribution. 252 paniers ont été distribués dans le cadre du projet ALISOL entre les mois d’avril et décembre de l’année 2016. « L’alimentation responsable n’est pas réservée aux gens qui en ont les moyens », affirme Christine Delaunay.

    Alors que les derniers clients repartent avec leur cabas bien remplis, les quelques produits qui ont résisté à l’assaut sont chargés dans un camion. Un restaurant à Pantin achète cette fin de matinée : au Marché de l’eau, il n’y a pas de gâchis ! D’ailleurs, depuis quelques mois, le bateau transporte lors de son voyage retour – pour ne plus le faire à vide – des bio-déchets, comme des restes de cuisine (récupérés dans des restaurants du coin par la Ferme du Rail, un espace agri-urbain d’insertion, installé le long du Canal) ou les drêches (résidus du brassage des céréales) produites par les micro-brasseries du bassin de la Villette. De retour en Seine-et-Marne, ils serviront à fertiliser les champs des producteurs. Au Marché sur l’Eau, rien ne se perd, tout se transforme !

     

    Par Laure Hänggi


    Le Marché sur l’eau se trouve  :

    À Paris : le samedi, place Stalingrad entre 11h30 et 13h30 ; le mardi entre 18h et 20h (uniquement distribution des paniers)

    À Pantin : le samedi, 28 Quai de l’Aisne entre 11h30 et 14h ; le mardi, 4 rue Lakanal entre 17h30 et 19h30 (uniquement distribution de paniers)

    À Pantin les Courtillières : le samedi, avenue des Courtillières entre 14h30 et 16h30 (uniquement distribution de paniers)

    À Sevran : le mardi, 10 rue de la Gare entre 14h30 et 15h30 puis entre 18h et 20h (uniquement distribution de paniers)

    Trois tailles de paniers existent : le petit à 11€, le moyen à 15€ et le grand à 19€. Ils se commandent par dix.


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