Le 22 mai dernier, le Museum de Besançon a inauguré le Naturalium, son nouvel espace consacré à la biodiversité. Une belle exposition où l’espèce humaine retrouve sa modeste place dans l’arbre de l’évolution et où chaque citoyen est invité à agir à son échelle.
La vue est à couper le souffle. Perchée à plus de cent mètres de hauteur, la citadelle de Besançon, façonnée par Vauban il y a quatre siècles, surplombe la ville et les méandres du Doubs. Un écrin pour le Museum de Besançon, qui compte depuis le 22 mai dernier, un nouvel espace entièrement dédié à la biodiversité : le Naturalium. Son message ? : « Faire comprendre, qu’en matière d’environnement, tout est interconnecté. Et que nous n’avons plus le temps de nous poser de questions, il faut agir pour protéger la biodiversité », affirme avec force Lionel François, le conservateur de ce nouvel espace.
Dans les vitrines, fossiles, squelettes et animaux naturalisés côtoient des outils interactifs. Tablettes de jeux, vidéos qui tutoient le spectateur et tiroirs ludiques, tout est mis en scène pour inciter le visiteur à s’impliquer. Le Naturalium a d’ailleurs multiplié les moyens pour que l’exposition soit particulièrement accessible aux plus jeunes. Ici, pas de panneaux « ne pas toucher », bien au contraire ! « On ne fait pas assez souvent confiance aux enfants, déplore Lionel François. Nous avons fait le choix de mettre les choses à leur hauteur tout en abordant les choses de manière sérieuse et non édulcorée. »
Remettre l’Homme à sa place
L’une des idées fortes de l’exposition s’incarne avec cet arbre phylogénétique représenté sur le sol. Un schéma en forme de cercle qui représente les relations de parenté entre les différents groupes d’êtres vivants. Dans ce grand rond cerné de noms latins, l’Homme n’est qu’une ligne perdue au milieu des autres, dans ce grand arbre de l’évolution. « Aujourd’hui, on ne peut plus traiter les sciences naturelles de façon fragmentée, cloisonnée. C’est un point de vue scientifique daté, explique Lionel François. La science doit au contraire expliquer ces interconnections. »
Un peu plus loin, une vitrine abrite plusieurs squelettes de primates et un squelette humain. De l’autre côté, le crâne d’un homme est exposé cette fois à côté d’un simple champignon. Un choix scénographique dont le but est de signifier que l’être humain n’est qu’un des membres de la biodiversité.
L’occasion également d’apprendre aux plus jeunes à se méfier des apparences et comprendre que ce qui est différent peut appartenir à la même famille. C’est par exemple le cas de l’éléphant, dont une énorme tête est exposée au côté d’un daman, un mammifère ressemblant physiquement à une marmotte, qui est pourtant son cousin ! Les structures ADN en bois qui accompagnent les visiteurs dans toutes les salles témoignent de cette filiation entre toutes les espèces.
Alors que la planète pourrait connaître une sixième crise d’extinction majeure, qui se caractérise par la disparition en un temps très court de 75% des espèces, le Naturalium espère susciter de fortes prises de conscience. « Si une crise majeure d’extinction se confirme, une des espèces qui disparaîtra à coup sûr, c’est l’espèce humaine », rappelle le conservateur du Naturalium.
Protéger la biodiversité depuis sa cuisine
Bien que l’impact de l’Homme sur son environnement soit indéniable, « le but n’est pas de faire culpabiliser », assure Lionel François convaincu qu’il n’est plus possible de ne pas se sentir concerné.
C’est pourquoi l’espace de l’exposition consacré aux menaces sur la biodiversité a été aménagé comme une grande cuisine conviviale. « Nous voulons faire comprendre que la protection de la biodiversité commence chez soi et que chacun peut agir à son échelle », commente le conservateur en ouvrant un des placards. À l’intérieur, un pot de Nutella avec l’oiseau menacé par la production d’huile de palme. Dans un autre, une tortue est installée à côté de sacs en plastique. Des téléphones, sur le comptoir, sensibilisent, eux, à la question des terres rares et des mines en Amazonie consacrées à la fabrication de composants électriques. « Nous ne voulons pas alarmer mais informer, afin que chacun ait toutes les cartes en main pour agir », conclut Lionel François. Même si c’est depuis sa cuisine.
Par Laure Hänggi
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