Thomas d’Ansembourg : Construisons la paix

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    La Paix, ça s’apprend ! clame Thomas d’Ansembourg . Pour ce thérapeute belge, ancien avocat, chaque citoyen peut renouer avec sa paix intérieure avec des méthodes simples de développement personnel. Une réconciliation bénéfique pour toute la société. Rencontre avec un homme joyeux et serein.

    Si la paix est un apprentissage, pourquoi, selon vous, est-elle aussi un état naturel ?

    Nous sommes nés pour être en paix, j’en suis de plus en plus convaincu. Ce n’est pas une proposition naïve, c’est le fruit de près de vingt-cinq ans d’accompagnement. J’observe que les personnes qui apprennent à se rapprocher d’elles-mêmes retrouvent la paix. Elles reviennent dans ce qu’elles sont par essence : paisibles, joyeuses, fécondes, partageantes et aimantes. C’est notre nature ! Le processus de pacification semble être un retour à l’état d’origine. D’ailleurs, les récentes découvertes en neurosciences ont montré que le nouveau-né est empathique par nature. Il a envie de s’amuser et il n’est pas dans des rapports de pouvoir ; il a le goût d’être proche de l’autre. C’est en grandissant dans nos systèmes que l’on devient antipathique, que l’on apprend à se couper de nos ressentis et à se faire violence.

    Pourtant, on dit aussi que l’état de domination est naturel…

    Je ne le crois pas ou, plutôt, je ne le crois plus. Lors de ma formation d’avocat, on nous répétait que « l’homme est un loup pour l’homme », que c’est la loi de la compétition évoquée par Darwin – « manger ou être mangé ». Mais ce n’est pas ce que je vois. La domination, le contrôle, la manipulation naissent dans les blessures. Un manipulateur est un être blessé. Un séducteur à répétition est un être blessé qui manque d’estime de soi, quelqu’un qui veut contrôler et qui, en fait, n’a pas le contrôle de soi… Ce sont des personnes qui n’ont pas trouvé leur sécurité intérieure, leur confort, leur confiance et leur capacité à créer un lien.

    Vous dites dans votre livre que « la paix, ça s’apprend ». N’est-ce pas contradictoire avec l’état naturel ?

    Non, car c’est un apprentissage qui consiste à démanteler nos vieux systèmes de pensée. On a besoin de récréer des rapports de collaboration, d’écoute et de synergie féconde. Car la capacité à être proche de l’autre, empathique, est fonction de la capacité à être proche de soi. La plupart du temps, nous n’avons reçu aucune clef de connaissance de soi. Nous avons appris à lire, à écrire, à faire notre travail, à progresser dans la société, selon des enjeux souvent extérieurs.

    La paix intérieure peut-elle influer sur la vie en société ?

    Oui, car on peut être contagieux de sa paix intérieure. C’est le bénéfice citoyen du travail sur l’intériorité, que j’évoque dans mon livre précédent Du Je au Nous, L’Intériorité citoyenne : le meilleur de soi au service de tous [Les Éditions de l’Homme, 2014]. Si nous voulons contribuer à pacifier le monde, le premier espace de pacification, c’est nous-même. Cela demande un certain travail de connaissance de soi, de toutes nos parties, notamment de l’ombre que l’on n’aime pas trop aller voir, mais que l’on a besoin d’intégrer pour être unifié et centré, et ce, pour pouvoir aussi accueillir l’ombre de l’autre. Lorsque nous entrons dans cette démarche de manière suffisamment rigoureuse – c’est une hygiène de vie que l’on instaure –, j’observe que nous devenons spontanément généreux de nous-même.

    Comment faire ?

    Aujourd’hui, des centaines d’outils fantastiques existent, dont la pertinence est aussi établie pour ceux qui les pratiquent qu’ignorée du grand public. C’est l’objet de mon dernier livre : dire « arrêtez d’attendre que la paix tombe du ciel ». C’est une hygiène de vie avec des processus à mettre en place : on n’a pas gardé de bonnes dents par hasard, c’est parce qu’on a appris à se les brosser, c’est aussi simple que ça. Parmi les outils que je recommande, il y a celui que j’enseigne depuis des années : la communication non violente (CNV) de Marshall Rosenberg. D’autres outils existent, comme la méditation de pleine conscience, la sophrologie, la programmation neuro-linguistique (PNL), l’analyse transactionnelle et la Gestalt-thérapie, à pratiquer selon la sensibilité des gens.

    Thoams d Ansembourg Construisons la paix
    Thomas d’Ansembourg © Patrick Lazic / Kaizen

    Tous les milieux n’ont pas accès à ce genre d’informations. Est-ce vraiment audible pour tous ?

    Il y a cent ans, quand on a proposé de faire de la gymnastique dans les écoles, c’était suspect, on ne pensait pas en avoir besoin. Or, aujourd’hui, c’est devenu une évidence. Il y a cinquante ans, lorsqu’on a appris à se brosser les dents et à se laver tous les jours, on a intégré des gestes d’hygiène physique, même dans les milieux très modestes. Par conséquent, si les médias diffusaient tous les jours ce message : « Voici un nouvel outil fantastique de pacification qui ne coûte pas cher » ; si des directeurs d’école, d’hôpital ou de crèche mettaient en place une hygiène sociale ; si tous les religieux disaient au début de chaque cérémonie : « Apprenez à vous parler », on pourrait espérer que, petit à petit, les choses changent. C’est pourquoi j’invite les citoyens à encourager les politiques et l’État à fournir les moyens de le faire.

    Dans les livres d’histoire, les conflits sont plus valorisés que les récits de paix. Pourquoi ?

    Vous identifiez ce que j’appelle la culture du malheur. Nous avons pris l’habitude de ressasser ce qui ne va pas, de raconter l’histoire en faits héroïques ou tragiques à travers des guerres et des meurtres. Et cela continue aujourd’hui : on nous sert tous les jours à la télévision des tragédies en ne montrant guère plus de 5 % de belles choses qui se passent par ailleurs. C’est une habitude qu’il faut changer !

    Comment pouvons-nous éviter ce flot d’informations négatives ?

    En distillant l’occasion de goûter des joies beaucoup plus importantes. Si votre vie est pleine de tendresse, d’amour, de projets, d’accomplissement, de réalisation, si vous êtes soutenu par votre famille, votre milieu, vous êtes en joyeux déploiement de vous-même. Et s’il y a des mauvaises nouvelles, vous avez envie d’être au courant, car vous êtes intégré dans la société, mais vous ne les regardez pas en boucle. Inversement, si votre vie est plate, que vous vous ennuyez, que vous n’avez aucun sentiment d’exister, que votre corps est pesant, que votre travail est harassant, vous avez une vision négative du monde. Vous vous dites : « Oh ! Mon Dieu, il se passe tout ça, au secours ! Ouf, je me sens vivant, parce que je ne suis pas mort. » J’ai observé cela avec des jeunes en difficulté dont je me suis occupé pendant dix ans. Pour le jeune qui ne sent rien, perdu dans une banlieue ou ailleurs, grimper sur un toit et redescendre par la gouttière, voler dans un magasin et ressortir, c’est se sentir vivant, parce qu’il est proche de la mort. Mais c’est une définition négative de la vie. Je pense que c’est par l’éducation que l’on peut transformer cela. Permettre, et c’est mon rêve, que tout enfant se sente vivant, profondément habité de vie et appartenant à un monde merveilleux. Or même des enfants qui ont été rudoyés, dont la capacité d’empathie a été tout sauf encouragée, peuvent retrouver cette ouverture. Pour ce faire, la société – et pas seulement les parents – doit leur montrer le merveilleux.

    Concrètement, cela signifie méditer quotidiennement ?

    Il faut surtout une hygiène de conscience. Par exemple, prendre un moment pour s’ancrer dans ses valeurs, se nettoyer l’esprit et, bien sûr, s’inspirer. Mais, le risque, c’est de « plaquer » de la méditation sur un intérieur rempli de tensions, et que l’on s’étonne que rien ne se transforme. Il y a avant tout des systèmes de pensée à démanteler. La paix vient parce que, tous les matins, j’ai une hygiène de conscience qui me permet de voir comment je me sens aujourd’hui, quel est mon projet, qu’est-ce qui me réjouit et me met en expansion ? Qu’est-ce qui m’attriste, me désole ou me met en rage ? Qu’est-ce que j’ai besoin de comprendre pour ne pas accumuler trop de gouttes dans mon vase et que l’autre devienne la goutte qui fait déborder le tout ?

    Au quotidien, dans l’entreprise, dans la famille, souvent s’installe une suite de désaccords, puis de conflits. Doit-on affronter le conflit, vivre avec, le nier ?

    Est-ce vraiment la réalité ou est-ce une croyance sur la réalité de dire que la vie est une suite de conflits ? Est-ce que ce n’est pas juste une habitude que de vivre les rapports humains comme des rapports de tension ? Personnellement, je n’ai pas beaucoup de conflits dans ma vie. Il y en a parfois, mais je ne pourrais plus supporter ça au quotidien. J’ai quitté ma vie d’avocat parce que j’étais dans le conflit tous les jours. Aujourd’hui, je vis des rapports de synergie, de compréhension, d’écoute, de partage, de rencontre, et j’ai envie de vivre comme ça. On est bien d’accord, beaucoup de gens sont dans les conflits permanents : mais ils pourraient se demander ce qu’ils font là-dedans ; quelle est leur part ; est-ce qu’ils désirent rester dans cette situation ou la transformer ; pourquoi ils ne cherchent pas autre chose… La réponse, c’est que l’on peut apprendre à se transformer de nouveau. D’abord, en pacifiant son environnement si on le peut, en développant des capacités d’écoute. Il y a beaucoup de familles en conflit qui viennent se former auprès de moi aux techniques de communication non violente pour être plus en lien. Elles m’écrivent après une session de cinq jours – ce n’est pas énorme, cinq jours, mais cela permet quand même d’approfondir des choses – et me disent : « Merci, avec les clefs que tu m’as données, la relation avec ma fille a complètement changé, car j’ai compris que je ne l’écoutais jamais. Elle qui était toujours rebelle, depuis que je l’écoute, elle m’écoute. » C’est de l’écologie basique, simple. Cela devrait être su dès l’enfance. Plus tu écoutes, plus tu es écouté. Plus tu respectes, plus tu es respecté.

    Vous écrivez dans votre dernier livre qu’éviter les conflits et promouvoir la paix sont deux choses différentes. Pourquoi ?

    En évitant les conflits, on se calfeutre. C’est un cocooning qui évite la rencontre et qui, en réalité, est un enfer-mement pouvant se révéler infernal. Or quel bénéfice d’être authentique pour permettre une issue fructueuse ! Quand on veut bien rentrer dans un conflit, avec empathie et écoute, et la capacité à se remettre en question, souvent ce ne sera pas sa position ou celle de l’autre qui prévaudra, mais une troisième qui va se nourrir des deux. C’est encore plus riche.

    Pour cela, il faut être deux, car si vous êtes face à une personne agressive, il n’est pas toujours facile de rester en paix.

    Je ne peux pas vous en convaincre, mais je peux vous en témoigner. Ce que j’observe, c’est que nous avons un pouvoir beaucoup plus grand que ce que nous croyons de pacifier la relation, de rester en empathie avec les personnes qui sont énervées, agacées et qui ne veulent plus nous parler. Seulement, nous démissionnons très vite, par paresse. La solution la plus simple est de dire : « Tu lèves le ton, je ne veux plus te parler et ce n’est pas grave. » Or si l’autre lève le ton, c’est qu’il est dans un malaise, un inconfort, et je peux essayer de rejoindre ce dont il a besoin. Cela demande que je me mette un peu de côté pour être davantage avec l’autre. J’ai vu des conflits se pacifier avec cette attitude. Pour autant, avoir de l’empathie pour l’autre ne veut pas dire que l’on est d’accord.

    Malgré une volonté de bienveillance, dans certaines situations, il est difficile de ne pas se mettre en colère…

    La non-violence, ce n’est pas la « non-colère ». Beaucoup de gens sont surpris d’apprendre l’existence de stages de colère non violente. Pour ma part, on m’a enseigné à me mettre en colère après un séminaire sur la non-violence ! Avant, j’étais trop gentil, poli, bourgeois. Je pensais que cela allait s’arranger, que ce n’était pas si grave et j’évitais le conflit. Or maintenant, je sais faire de sérieuses colères, pas des colères accusatrices, mais des colères dans lesquelles je m’exprime et j’indique mon point de vue, je me fais comprendre sans accuser personne. C’est un magnifique exutoire à l’énergie qu’il y a dans la colère, car, lorsque vous gardez cette dernière, encore et encore, vous accumulez des tensions dans la cocotte-minute et, un jour, ça pète. Beaucoup de violences que l’on voit, notamment les plus cinglantes, sont l’expression d’accumulation de tensions qui n’ont pas eu l’occasion d’être nommées et formulées. Si on apprenait à formuler la frustration, on serait infiniment plus pacifiques.

    Thomas d Ansembourg Construisons la paix
    Lors de la conférence Une histoire de la violence, en 2015, aux côtés de Pierre Rabhi, Nancy Huston et Paul Watson. © Patrick Lazic

    Vous dites, dans Du Je au Nous, que ce qui a fait basculer nos sociétés du « nous » au « je » est le passage de l’état de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs, lorsque nous avons séparé les choses avec la notion de propriété. Comment peut-on réarticuler le je et le nous ?

    Tant que l’on a peur de ne pas être en sécurité ou en bonne santé, on accumule pour soi avec un risque d’avidité. Mais si nous créons des contextes où l’on se sent en lien et que le meilleur de soi peut trouver un développement, pourquoi devrait-on entrer dans des mécanismes d’avidité ? Or la personne qui entre dans un processus de connaissance de soi, assez souvent goûte plus intensément à la vie et est dans la gratitude. Elle ressent un état où ce qu’elle a est suffisant. Elle n’est donc plus dans une quête de plus. Inversement, la personne qui est dans un malaise intérieur, qui n’a pas trouvé son axe, son élan de vie et qui n’a pas réussi à tisser des relations de tendresse, à la fois sécurisantes et nourrissantes, va avoir peur de vieillir seule et de ne pas être aimée ; donc elle accumule. Mais on voit bien que l’enjeu est plus d’ordre spirituel qu’économique. On sait aujourd’hui qu’il y a assez de ressources pour tout le monde et que ce n’est pas un problème de production, mais un problème de répartition. Celle-là est pervertie par les mécanismes d’accumulation : la plupart des raréfactions sont artificiellement organisées par des mécanismes destinés à compenser le mal-être de la minorité possédante.

    Ne craignez-vous pas d’être qualifié de naïf ou d’utopiste ?

    Il y a des peurs derrière ces qualificatifs et, au fond, j’aime avoir l’occasion de les clarifier. Utopiste ? Volontiers, si c’est la quête d’un « autre lieu ». Vous êtes contents du lieu où l’on est ? Moi pas, j’ai envie de me rendre dans un autre lieu et de contribuer à créer des voies qui y mènent. Et, en ce qui concerne le côté naïf, je peux de nouveau évoquer tous les processus d’apprentissage. Si on lui avait dit il y a vingt-cinq ans que vous auriez un téléphone dans la poche, votre grand-mère aurait ri. Il suffit d’y croire et de mettre en place les processus. Lorsque j’ai commencé comme thérapeute il y a vingt-deux ans, je n’aurais pas imaginé un instant intervenir dans les tours de La Défense ou auprès de pilotes d’Air France. Ces outils ont été façonnés pour le développement personnel, mais la société comprend qu’elle en a besoin.

    Existe-t-il ou a-t-il existé une société qui soit un exemple de paix ?

    J’aime à rêver de cet âge d’or dont nous serions issus et dont on aurait la nostalgie et qui n’est pas si loin de nous. J’ai retrouvé ces éléments dans un bel article [Paris Match, 2008] de Nicolas Hulot, sur une tribu d’Indiens, les Zo’é, en Amazonie, dans lequel il décrit cette paix. Cette absence de pouvoir, ce respect des choses, cette conscience d’être un « nous ». Respecter la nature, demander l’accord du poisson avant de le pêcher, l’accord de l’arbre avant de le couper, ce chamanisme bienveillant qui fait que l’on n’est pas tout seul et que l’on appartient à un monde merveilleux. Cela m’a touché, car c’est notre nature : on pêche un poisson pour le manger, pas pour le stocker et le vendre plus cher !

    Comment nourrit-on l’émerveillement ?

    En le cultivant. Si vous rentrez le soir, le nez sur votre écran, que vous cuisinez en regardant les informations, que vous vous engouffrez dans une série télé, etc., quel goût de l’émerveillement donnez-vous à vos enfants ? Il s’agit de témoigner du goût de s’enchanter et de se retrouver autour d’un repas par exemple, du goût d’être tendre et d’être présent aux autres. Vous me direz, oui, mais après une journée harassante et épuisante, comment se connaître et le cultiver ? Eh bien, en étant vigilant, en ne se laissant pas abrutir par sa vie. Est-ce que j’ai gardé mon fil rouge depuis ce matin où j’ai médité ?

    Pourquoi distinguez-vous le bonheur de la paix ?

    Plusieurs sages évoquent le bonheur comme un état de circonstances que l’on juge favorables : j’ai une maison, un conjoint, à manger, etc. C’est très fragile, car si les circonstances ne sont plus favorables, je ne suis plus heureux. C’est un état très dépendant. Tandis que la paix intérieure est un état indépendant. Elle peut s’illustrer à travers la figure de l’ermite qui se contente d’air et d’eau pour vivre dans un état de paix intérieure profond. Je ne dis pas que je souhaite être ermite et que les gens le soient ; je crois simplement que l’on peut développer de nouveau cet état de paix qui devrait être indépendant des circonstances. Pouvoir se prendre des coups dans la gueule, passez-moi l’expression, sans que cela entame notre paix intérieure et sans le faire payer aux autres, c’est quand même bénéfique. Je pense que c’est ce que disent les spiritualités : il y a autre chose en nous que cette immédiateté et ce va-et-vient des émotions, cet attachement aux sens et à la matière.

    La religion a visiblement échoué dans la pacification des sociétés. Pourquoi ?

    Vous voulez une réponse vraie ou gentille ? [Rires] J’ai grandi dans une tradition catholique très pratiquante et bienveillante avec de bons parents généreux, et toutefois j’ai pu observer que la religion me tient hors de moi. J’ai très vite senti que, dès qu’il s’agissait de ce que l’on appelle Dieu, en tout cas la transcendance, cela se passait à l’intérieur dans une sorte de connexion avec les choses. Enfant, j’aimais la nature, les arbres et les ruisseaux, et je sentais une connexion avec quelque chose qui me semblait infiniment plus proche que ce Dieu dont on me parlait.
    J’aimerais que les religions retrouvent l’essence de leurs messages. Prenez le christianisme – mais c’est vrai aussi pour les autres religions : je pense que le message du Christ était vraiment une voie spirituelle, une voie d’éveil, une ascèse d’amour à intégrer dans sa vie et qui n’a rien à voir avec les dogmes et les protocoles de l’Église catholique. L’Église ne fait pas son boulot, au contraire, elle maintient fermée la porte qu’elle prétend ouvrir. Elle dit amener à la paix, à l’ouverture, à l’amour inconditionnel, mais elle crée des clivages, des conditionnements, des hiérarchies, des processus qui divisent.

    La laïcité aussi semble échouer aujourd’hui…

    Oui. Ce qui fait défaut, ce n’est pas seulement l’acceptation de toutes les religions, mais c’est l’éveil de la vie intérieure. Pour moi, la laïcité, ce n’est pas l’abandon de la vie intérieure, c’est la cohabitation de toutes les religions ou voies spirituelles, certes en dehors de la gestion directe de l’État. Mais ce n’est pas l’abandon de la vie intérieure. Il y a une espèce de frilosité dans notre façon de voir la laïcité dès que l’on parle de vie intérieure. Par exemple lorsque j’ai publié mon livre Du Je au Nous, un journaliste m’a dit sérieusement : « Ah ! Encore une secte ! » Dès que l’on parle de vie intérieure, c’est suspect.

     

    Propos recueillis par Pascal Greboval et Sabah Rahmani

    © Kaizen, entretien publié dans le numéro 31 de mars-avril 2017


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    1 COMMENTAIRE

    1. C’est ce genre de lecture qui me fait du bien…cela m’encourage à développer la paix autour de moi…et à provoquer une épidémie de bien-être.
      Merci de me faire prendre conscience de ma vie intérieur…voie spirituelle….voie d’éveil.
      Georges

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