Pic de pollution à l’ozone en région parisienne, comprendre pour mieux prévenir

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    Corollaire récurrent des périodes estivales, le pic de pollution a fait son grand retour dans la métropole parisienne. Du jeudi 25 au dimanche 28 août, la capitale a connu un épisode de pollution atmosphérique à l’ozone. Pourquoi ces pics se reproduisent-ils d’une année sur l’autre ? Comment faire pour en venir à bout ? Et quels sont les gestes simples à adopter pour s’en prémunir ? Sébastien Vray, porte-parole de l’association Respire (Association Nationale pour la Prévention et l’Amélioration de la Qualité de l’Air) répond à ces questions définitivement dans l’air du temps…

    @Myagi

    Pourquoi a-t-on affaire de manière récurrente, à Paris, à des pics de pollution alors même que, depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo, la mairie de la ville tente de mener une politique plus écologique tournée vers le développement des alternatives à l’utilisation des véhicules personnels ?

    Ce pic est dû à la conjonction de plusieurs facteurs : peu de vent, une forte chaleur, les rayons UV émanant du soleil, les gaz d’échappement qui rejettent du dioxyde d’azote et, in fine, la recombinaison des molécules du dioxyde d’azote qui viennent former l’ozone. C’est un phénomène récurrent qui apparaît chaque été, dans toutes les métropoles, et ce, dès que l’on a affaire à de fortes chaleurs, un ensoleillement important et peu de vent pour dissiper les polluants.

    En région parisienne, c’est la forte densité du trafic qui est génératrice de pics de pollution. Ces derniers vont se former sur les autoroutes urbaines comme l’A1, l’A86 ou encore le périphérique. Autant d’axes routiers sur lesquels circulent en moyenne quatre, cinq, six milles voitures par heure en heure de pointe. Et comme l’ozone se déplace, il peut arriver jusque dans Paris.

    Il n’y a pas de frontières concernant la pollution de l’air. Et les mesures d’Anne Hidalgo ont beau être ambitieuses, elles ne peuvent pas solutionner les problèmes en dehors de son administration. Il s’agit, en outre, de processus de modification du comportement qui sont longs. Au sein de l’association Respire, nous trouvons que la politique menée par la mairie de Paris est très volontariste à ce sujet, eut égard à la polémique de la piétonisation des berges de la Seine notamment. Mais il faut être patient, car on ne peut pas changer la qualité de l’air du jour au lendemain.

    Pourquoi ce pic à l’ozone intervient-il en été, alors même que le trafic routier est moins dense du fait des nombreux départs en vacances ?

    Bien qu’il y ait moins de voitures, les conditions météorologiques suffisent à générer un pic à l’ozone à partir de particules fines : les hydrocarbures imbrulés et le dioxyde d’azote. Car il n’y a tout simplement aucune autre période de l’année où il fait plus de trente degrés.

    Les hydrocarbures imbrulés sont également présents dans le chauffage. Sauf qu’en plein été, personne n’utilise son chauffage, qu’il fonctionne au bois ou au fuel. Et le chauffage électrique a, de plus, supplanté ces modes de fonctionnement. C’est donc la voiture qui demeure le principal polluant précurseur.

    Lorsque vous êtes en région parisienne en période de pic, les masses d’air présentes au-dessus de la capitale contiennent environ 50 % d’ozone importé. L’autre moitié étant produite par l’Île-de-France elle-même et exportée, à son tour, dans ses environs. Airparif (association agréée de surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France) a constaté que, depuis une quinzaine d’années, les moyennes annuelles d’ozone ont quasiment doublées dans l’agglomération parisienne. Une augmentation a aussi été constatée en zone rurale. Nous serions ainsi passés dans les années 1992-1994 de 20 microgrammes par mètre cube en moyenne à 35 en 2010-2012 dans l’agglomération parisienne.

    Quelles seraient les solutions positives pour mettre un terme à l’apparition récurrente de ces pics de pollution dans la capitale ?

    La piétonisation, la réduction de la part des véhicules à combustion, la circulation alternée – qui concernerait non plus seulement Paris, mais bien l’ensemble de la région Île-de-France. Et que celle-ci soit mise en place sur des autoroutes comme l’A1 ou l’A86 durant les pics de pollution. Ça me paraît nécessaire si l’on veut diminuer le nombre de facteurs qui entrent en compte dans la production de l’ozone. D’autres mesures seraient envisageables comme les bus gratuits, mais cela coûte cher malheureusement.

    Je pense que la région Île-de-France devrait aussi mettre en place des mesure incitatives de réduction de l’usage de la voiture. Car bon nombre d’ingénieurs en mobilité affirment qu’en réduisant le nombre de voitures de 6 ou 7 % pendant les pics, cela permettrait d’empêcher les bouchons et de fluidifier le trafic. Ce qui implique notamment de favoriser le développement du covoiturage.

    Comment s’en prémunir ? Quels sont les gestes à faire, ou au contraire à éviter ?

    Les gestes à faire c’est laisser, le plus possible, sa voiture au garage et utiliser le vélo pour vos petits trajets quotidiens. Éviter de pratiquer une activité sportive, la course notamment, pendant les pics d’ozone ou de faire du sport en forêt. Mais ça ne devrait pas être aux gens de modifier leur comportement.

    Je pense également que les médias nationaux devraient fournir plus d’informations à ce sujet. L’accent n’est pas assez mis sur la représentation du danger qu’est le pic de pollution. Parce qu’une exposition chronique génère un certain nombre de complications sanitaires.

    Les médias devraient faire de la prévention au quotidien avec, pourquoi pas, une « météo de l’ozone » pour indiquer la présence de ce gaz à tel ou tel endroit. Il faudrait aussi familiariser les citoyens avec l’unité de mesure (mg/m³ ou µg/m³ : milligrammes ou microgrammes de particules fines par mètre cube d’air) que l’on utilise pour évaluer le nombre de particules fines présentes dans l’air. Car si l’on n’inclut pas cette unité dans notre quotidien, l’on ne pourra jamais vraiment saisir l’impact réel des données chiffrées.

     


    L’ozone en bref

    L’ozone est un polluant dit « secondaire » car il n’est pas directement rejeté dans l’atmosphère par une activité. Sa formation est dû à la transformation de gaz précurseurs primaires sortant directement des pots d’échappement (hydrocarbures et oxydes d’azote notamment). C’est un polluant photochimique qui pose principalement problème durant les mois d’été car cette période est propice à l’association de plusieurs éléments : température élevée, fort rayonnement UV, duré d’insolation importante et vent faible. L’ozone est un gaz irritant, qui pénètre facilement dans les voies respiratoires les plus fines. Les populations les plus sensibles sont donc les enfants, les personnes âgées, ainsi que les insuffisants respiratoires et les asthmatiques. Ses effets – irritation des yeux, de la gorge, du nez, toux, essoufflement – sont encore accentués par l’activité physique. Pour pratiquer votre sport favori, préférez-donc les endroits clos ou encore des créneaux moins exposés, en matinée ou en soirée.


     

    Léa Esmery

    © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

     


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