Patchwork de rencontres au Forum social mondial de Montréal

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    Une marche colorée et vivante à travers le centre-ville de Montréal a annoncé l’ouverture du 12e Forum social mondial. Extraits de quelques histoires entendues lors de cette joyeuse déambulation.

    © Pauline Cabirol
    © Pauline Cabirol

    « Ce n’est pas la première fois que nous vous accueillons sur cette île. Nous vous accueillons depuis que vos ancêtres sont arrivés et nous avons toujours continué depuis. Nous avons toujours accueilli parce que la terre ne nous appartient pas. Nous sommes tous des enfants de la terre. Il n’y a pas de frontières ! » Ainsi s’est exprimé un représentant du peuple iroquois sur scène, lors de la cérémonie d’ouverture de ce 12e Forum social mondial.

    Pour faire écho à ce discours, Daniel A. López, anthropologue argentin et président de la Fondation Saltamérica, interpelle : « Qu’est-ce que l’identité ? » L’homme est généreux en paroles : il partage volontiers son savoir et se lance dans l’histoire de l’identité latino-américaine. « En tant qu’anthropologue, je n’ai pas besoin de l’enseigner à mon peuple, car il a conscience de ses origines. J’ai besoin de l’enseigner à ceux qui nous gouvernent, à ceux qui écrivent les manuels scolaires, aux académiciens ! Car si nous n’avons pas conscience de qui nous sommes et d’où nous venons, comment pouvons-nous avancer ? Or il se trouve que les politiques et les enseignements scolaires sont trop souvent éloignés de la réalité. » D’où l’importance d’un travail de sensibilisation, que la Fondation Saltamérica mène sous forme de congrès et publications officielles. La raison de sa présence au Forum social mondial ? C’est un outil autant qu’une méthodologie à expérimenter pour nourrir son propre engagement. Daniel A. López note qu’il y a une nouveauté cette année au Forum social mondial : le choix du lieu. Jusqu’ici, cela avait toujours eu lieu dans un pays dit du Sud. C’est l’occasion de dépasser certains clivages et de comprendre que les problèmes actuels et la recherche de solutions sont communément partagés sur l’ensemble du globe.

    Un Forum pour apprendre les uns des autres

    Peu avant, discussion entre des Québécois sur les populations amérindiennes du Canada. Un sujet sensible issu d’une histoire de colons européens arrivés sur une terre habitée par des peuples autochtones. Une dame se lamente des nombreuses aides sociales que le gouvernement fournit aux autochtones alors que sa fille, Canadienne non autochtone, n’arrive pas à s’en sortir. Elle ne comprend pas ce qui lui apparaît comme une inégalité. Une jeune fille lui propose un autre regard. « Le problème est bien plus complexe. Nous sommes arrivés sur leur terre, lui dit-elle, et nous avons décrété que ces terres étaient à nous. » L’échange se fait dans la bonne humeur et illustre parfaitement de ce que propose le Forum social mondial : y venir tel que l’on est, pour partager et apprendre les uns avec les autres.

    Viviane Bravo a l’esprit vif et aiguisé. Revenue il y a peu du Mexique où elle a passé trois mois dans le cadre de ses études, elle raconte avec enthousiasme l’objet de ses recherches. À Miahuatlán, dans la province de Veracruz, les rivières sont extrêmement polluées par le déversement en masse du petit-lait, oublié de la grosse firme agro-alimentaire qui achète la production locale de lait. L’université de Veracruz s’est associée à l’École de technologie supérieure de Montréal, où étudie Viviane, pour améliorer le traitement de ces eaux résiduaires. Elle réfléchit à des solutions, comme la transformation de cette matière première en biogaz par un processus de fermentation, qui permettrait du même coup de réduire la dépendance énergétique locale. Les producteurs affaiblis financièrement pourraient produire des flans et yaourts à partir du petit-lait, augmentant ainsi leurs revenus à moindre coût initial. « Tout le monde a à y gagner, s’exclame Viviane, les producteurs comme les villageois, qui ne peuvent plus profiter de leur rivière actuellement, tant elle est polluée et malodorante. »

    La journée s’achève par un concert rythmé et multiculturel, en plein centre-ville. Le soleil se couche doucement. Certains improvisent un pique-nique à même le sol, d’autres signent leur message d’espoir sur un immense drapeau palestinien de 128 mètres déroulé sur la chaussée. Cette bannière a été cousue par la communauté palestinienne canadienne en mémoire du premier réfugié palestinien au Canada, arrivé il y a 128 ans.

    Sur scène, une jeune femme prend la parole entre deux chansons pour annoncer qu’il y aura plus de 1 200 activités tout au long du forum. 1 200 activités pour expérimenter et se rendre compte que si nous sommes très divers, nous ne sommes finalement pas si différents et, qu’ensemble, nous pouvons bâtir un autre monde !

     

     

    Pauline Cabirol

    © Kaizen, construire un autre monde… pas à pas

     


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