Protéger et distribuer équitablement la ressource en eau douce de notre planète : dur labeur. Et pourtant, organisations internationales et citoyens se font les défenseurs de cette eau pour une répartition équitable, démocratique et solidaire.
L’accès à une eau potable de qualité, droit fondamental
Une résolution de L’ONU votée en juillet 2010 proclame « droit humain fondamental » l’accès pour tous à l’eau potable et à son assainissement, au même titre que la liberté d’expression. Depuis vingt ans, la gestion de ces missions tend à se concentrer entre les mains de quelques multinationales, dont les deux leaders incontestés – Véolia-Vivendi (ex-Compagnie Générale des Eaux) et Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) – sont français. Ces mêmes multinationales ont créé le Forum mondial de l’eau, grandes conférences dont les ONG dénoncent « la surreprésentation des entreprises prônant une gestion privée de l’eau sous une image altruiste et humaniste ». Tendance largement appuyée par la Banque mondiale et le FMI qui n’accordent souvent leur aide et le rééchelonnement de la dette des pays en voie de développement qu’à condition d’y privatiser les services publics, dont la gestion de l’eau. Le problème s’aggrave encore quand des grandes firmes privées – Coca Cola, Pepsi Cola, Nestlé et bien d’autres – achètent les nappes phréatiques pour un usage à leur seul profit.
« La résolution de l’ONU résonne comme une bataille pour la vie, martèle Riccardo Petrella, président de l’Institut européen de recherche sur la politique de l’eau (IERPE). Les Nations unies ont clairement affirmé que nous ne pouvions plus accepter le fait qu’un milliard et demi de personnes n’aient pas accès à l’eau, ni que près de trois milliards d’humains n’aient simplement pas de latrines. » Un groupe de pays, dont la Bolivie était le porte-étendard, a décrypté les intentions réelles des organisateurs du Forum mondial de l’eau lorsqu’en 2009 à Istanbul, celui-ci a refusé de proclamer le « droit » à l’eau en ne parlant que d’un « besoin économique». La prise de conscience tardive de ces pays et de l’ONU a interpellé et parfois réveillé la communauté internationale. Les associations qui, depuis des décennies, militent pour que l’eau soit protégée et confiée à des structures locales hors de tout profit marchand, voient en ce sursaut un encouragement salvateur.
« Nous espérons que ce message fort de l’ONU sera un levier, le prélude à un débat démocratique pour que d’autres richesses mondiales – l’air, la terre, la culture – soient décrétées biens communs de l’humanité, expliquait Danielle Mitterrand lors d’une de ses dernières conférences en juillet 2011. Le principe fondamental de cette réflexion commune est que les valeurs de la vie sont distinctes des valeurs de l’argent. Il est des richesses qui ne sont pas quantifiables, car elles ne peuvent pas avoir de prix ».
Le référendum en Italie fin 2011 ainsi que les consultations populaires en Allemagne constituent également des victoires contre les lois de la privatisation. « Le cri de ralliement « Cela s’écrit eau, cela s’écrit démocratie » du forum italien des mouvements pour l’eau était vraiment pertinent, souligne Chiara Carrozza, politologue à l’université de Coimbra, au Portugal. Dans un pays où le processus de privatisation des biens communs ne connaissait aucun frein, les citoyens italiens ont réussi à se réapproprier leurs droits en disant non à la marchandisation de l’eau et aux politiques néolibérales, et oui à une démocratie participative et à la défense des biens communs. Soyons toutefois conscients qu’un énorme travail reste à accomplir ! »
Répartir équitablement l’eau douce
Gigantesque travail en effet que de protéger et de distribuer équitablement la ressource en eau douce de notre planète. L’OMS estime que 80% des maladies sont liées à la consommation d’une eau polluée. Un rapport des Nations unies dévoile que 5 500 enfants meurent chaque jour par manque d’eau potable, soit parce que le moyen de prélèvement fait défaut, soit parce que la pollution des ressources est généralisée. Il suffirait de 10 milliards d’euros annuels pour que la population mondiale ait accès à l’eau, bien peu au regard des 15 milliards d’euros dépensés à l’occasion des jeux olympiques londoniens.
Cette situation est d’autant plus intolérable qu’il y a sur Terre suffisamment d’eau pour répondre aux besoins de la population mondiale : son cycle est immuable depuis des millénaires. Le problème n’est pas là.
Comme le souligne le WWF , « le défi est de garantir suffisamment d’eau de bonne qualité sans détruire les écosystèmes d’eau douce dans lesquels nous la puisons. Aujourd’hui déjà, notre empreinte sur ces écosystèmes n’est plus soutenable. Nous pompons trop, nous polluons trop. »
La consommation des Occidentaux s’envole. Chaque Français prélève près de 1 800 000 litres par an d’eau « virtuelle », dont 550 000 en captage local. On consomme 280 litres par jour, alors qu’un Africain doit se contenter de 15 litres. L’industrie utilise 280 000 litres d’eau pour produire une tonne d’acier et 400 litres en moyenne pour produire un kilo de papier, sans parler des déchets et des matières radioactives générés par ces processus de transformation. L’État français et la politique agricole commune (PAC) européenne sont tous deux montrés du doigt : la France a instauré dès les années 1950 un système d’aide faisant chuter le prix de l’eau d’irrigation en deçà de son prix réel. En proposant des primes aux cultures irriguées, la PAC a contribué à l’explosion de la culture des céréales d’été en dépit de tout bon sens écologique. Le maïs d’ensilage couvre 70% des surfaces irriguées dans le sud-ouest de la France. Chaque kilo produit réclame en moyenne 240 litres d’eau. Comment s’étonner dès lors que ces régions soient celles qui souffrent de déficits chroniques en eau ?
Protéger plutôt que dépolluer
Cette même agriculture est en outre responsable respectivement de 75%, 60% et 70% des résidus de nitrates, phosphates et pesticides dans les eaux brutes (rivières, nappes). L’arboriculture et la vigne nécessitent entre 20 et 40 traitements annuels de pesticides. Phénomène néfaste parmi d’autres, la spécialisation de certaines régions dans l’élevage a entraîné l’explosion de l’usage d’azote (via les nitrates) dans les champs, principalement par l’épandage de lisier. L’azote et le phosphore – une tonne de lisier de porc contient plusieurs kilos d’azote et de phosphore –, ne peuvent plus être assimilés par les plantes et se retrouvent dans l’eau des nappes phréatiques et des rivières. Les algues vertes de Bretagne sont la triste partie visible de ce fléau.
Malgré cette pollution en augmentation chronique depuis quarante ans, l’État français privilégie une politique de dépollution alors que des dizaines d’expériences dans le monde confirment que la prévention est économiquement gagnante.
Face à ces attaques répétées, des organisations internationales et des citoyens déploient depuis plusieurs décennies une énergie considérable pour protéger et distribuer l’eau de façon équitable, pour en empêcher la pollution, engageant ainsi une véritable « bataille de l’eau » démocratique et solidaire.
Extrait du dossier de Kaizen 5 réalisé par Jean-Claude Mengoni.
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Si vous saviez en grande quantité potabiliser je dis potabiliser les eaux pluviales vous réaliseriez, ( une économie) pouvant sur une année avec précipitations saisonnières variables,aller jusqu’à 75/80% du besoin global d’un ménage toute consommations confondues ne dites pas c’est irréalisable surtout, nous le faisons Avec un procédé écologique protégeant l’eau contre l’empreinte tartrique et simultanément, réalise u traitement curatif sans produit chimique et sans entretien du système si ce n’est le changement tous les 8 ans de son « cœur » traitant (Cartouche) Déposé sous la marque E SG3