Préparer les générations futures au devenir soi

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    En partenariat avec la Lettre de l’Ecolonomie.

    Pour éviter le conditionnement et apprendre à devenir soi dès l’enfance, des écoles alternatives travaillent sur la libération de la créativité et l’éducation à la joie.

    Le hameau des buis – © Patrick Lazic

    Permettre, par l’éducation et la formation, l’émergence de citoyens épanouis et responsables, contributeurs d’une réelle évolution de l’humanité, c’est l’objectif que s’est donné la Living School, une école maternelle et élémentaire privée, innovante, située dans le 19e arrondissement de Paris. Cependant, il n’est pas toujours nécessaire d’aller dans le privé pour bénéficier d’une éducation alternative : la pédagogie Freinet, par exemple, fondée sur la liberté d’expression de l’enfant, se pratique sans bruit dans l’école publique. Mise au point par le Français Célestin Freinet dans les années 1920, elle est aujourd’hui portée par l’Institut coopératif de l’école moderne (Icem), association agréée par le ministère de l’Éducation nationale.

    Mais, pourquoi ce choix ? Si certains parents gardent un souvenir ému de leur enfance à l’école, d’autres en sont traumatisés. Pour certains enfants, l’école n’est pas forcément un lieu d’épanouissement. Loin de célébrer les différences, elle normalise, standardise et condamne dès le plus jeune âge le futur adulte à se sentir « bon élève » ou « mauvais élève ». Certains se croient nuls toute leur vie et, d’autres, à l’inverse, sont prisonniers de l’étiquette du « premier de la classe », qui, parfois, les contraint à le rester. Et si l’on arrêtait enfin les notes pour que chacun retrouve la joie d’apprendre à son rythme ? Et si l’on apprenait à s’écouter et à développer ses talents dès le plus jeune âge ? En effet, l’école traditionnelle n’est pas toujours adaptée au rythme de l’enfant, à ses fragilités ou à sa sensibilité. Elle ne voit pas toujours ses dons, ses spécificités, ses forces ou ses faiblesses. Par ailleurs, le système de notes insuffle de la compétition dès le plus âge : le camarade de classe devient très vite un concurrent, alors qu’il pourrait être un allié précieux.

    Apprendre la coopération

    Le hameau des buis – © Patrick Lazic

    L’une des particularités de la méthode Freinet est justement de favoriser le travail entre enfants. Les élèves corrigent leurs devoirs entre eux, de la même manière qu’ils modèrent eux-mêmes leurs débats. Cette méthode de coopération et de vivre-ensemble est aussi pratiquée à l’école du Colibri, au centre agroécologique des Amanins, où l’apprentissage se veut également intergénérationnel. Quant aux méthodes Rudolf Steiner et Montessori, elles ont pour objectif de libérer la créativité de l’enfant en lui donnant, dès le plus jeune âge, les outils pour faire ses propres choix.

    Si les détracteurs de ces méthodes pointent du doigt une certaine forme d’anarchie dans l’éducation et mettent en garde contre l’éventualité que l’enfant ait du mal à réintégrer un système plus traditionnel, force est de constater que les élèves ainsi scolarisés prennent plaisir à apprendre. À la Living School, l’idée est de donner à l’enfant l’envie d’apprendre, sans contrainte ni pression. L’établissement préfère se concentrer sur le potentiel de d’élève plutôt que sur ses limites. Il est loin le bonnet d’âne de nos grands-parents, ou encore les petits doigts frappés par une règle en fer ! Les « bons à rien » n’existent pas dans l’éducation alternative, puisque cette dernière est convaincue que chacun est bon dans un ou plusieurs domaines, et qu’il n’y a pas de sot métier ! Il s’agit ainsi de célébrer les réussites de l’enfant pour ne pas lui créer de blocages, de complexes ou de « fausses croyances » de ce qu’il est et de ce qu’il sera dans sa vie d’adulte. Chacun a le droit d’être et de choisir ce qu’il veut devenir : les différences de l’enfant deviennent alors des forces et non plus des facteurs d’exclusion.

    Par Valérie Zoydo

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    4 Commentaires

    1. Excellent article et initiatives alternatives !! Nos enfants méritent cela, tous, …. pour en faire des adultes heureux et épanouis, pour une société de collaboration et de respect. J’espère que ce type d’éducation sera celle qui omniprésente partout, pour tous.

    2. Merci et oui le monde avance avec ces initiatives courageuses… Les expériences difficiles avec la scolarité de mes filles ont été source d’ouvertures… Après une scolarité en établissement, une est au CNED maintenant après avoir essayé de trouver un lycée alternatif, pas facile… Il en existe mais les prix sont exorbitants… Elle veut être musicienne et on cherchait une structure, un lycée alternatif qui propose avec le bac, une formation artistique, plutôt musicale, pas trouvé… Pour le secondaire faut encore faire ce que l’on peut… Mais ça avance… Merci pour toutes ces infos

    3. Je suis ravie de voir que des personnes sont enthousiastes par rapport à ces pédagogies alternatives ici présentées comme LA solution pour nos enfants. Il faut aujourd’hui prendre conscience que ces pédagogies sont pratiquées quotidiennement dans la majorité des classes. Ces classes dont nous n’entendons jamais parlé car jamais mises en avant. C’est dommage car la majorité des enseignants présents devant nos enfants se cassent la tête et tentent à chaque instant de permettre à chacun d’exister par lui-même en ayant des repères. Pas la peine de se rendre dans des écoles privées!

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