Môm’artre est une association qui garde les petits de 6 à 11 ans après l’école et propose une prise en charge solidaire basée sur l’épanouissement artistique. Créé en 2001 par une mère célibataire ne trouvant pas de solution adaptée pour faire garder ses enfants, le réseau s’est développé depuis.
C’est l’heure du goûter à Môm’artre, une association du 18e arrondissement de Paris. Une quarantaine d’enfants se précipitent sur les pains au chocolat dans une ambiance joyeuse. Autour d’eux, une équipe composée d’encadrants, d’artistes et de bénévoles, s’active. Dans quelques minutes, les ateliers artistiques commenceront. Chaque petit pourra choisir entre la pratique de la danse, de la peinture ou la création d’un attrape-rêves. Ce sont des artistes professionnels qui se chargeront de l’enseignement de ces disciplines afin de transmettre, de manière approfondie, le goût de l’art aux plus jeunes. Ce ne sont d’ailleurs pas les livres sur le sujet qui manquent, sur les étagères du local.
« Les enfants vont vers l’atelier qui leur convient le plus, ce qui leur permet de développer leur propre sensibilité et de s’épanouir »
explique Cécile Decognier, la directrice adjointe du réseau. « Ils y participent pendant cinq semaines et, dès que celui-ci est terminé, nous organisons un petit vernissage de manière à ce que les parents puissent voir leur travail. » Une façon de les impliquer dans la démarche de Môm’artre. Chaque famille est également adhérente de l’association. Cela leur permet, si elles le souhaitent, de participer à l’assemblée générale et de voter des décisions. Irène, une maman venue chercher sa fille, explique ne pas éprouver le besoin de s’y rendre : « J’ai totalement confiance dans la gestion de l’association et je suis vraiment en accord avec leurs décisions. » Des notes de musique résonnent et Bobo, danseur professionnel, demande à ses jeunes recrues de prendre des poses étranges en faisant une grimace lorsque la chanson s’arrête. Chaque artiste présente un projet, unique, à l’association. Si ses idées plaisent, il est ensuite recruté et devient salarié de Môm’artre. Cela crée de l’emploi dans un secteur particulièrement touché par la précarité et le chômage. Chacun doit cependant disposer d’une formation spécifique qui rend apte à travailler avec un jeune public.
Môm’artre, un endroit solidaire
Môm’artre est aussi un endroit solidaire : l’association met donc en place un tarif adapté à tous les budgets : de 0,10 centime de l’heure pour les publics les plus fragiles à 10 euros. « Certains parents n’auraient pas spontanément l’idée de venir ici. Alors nous travaillons de concert avec les assistantes sociales des écoles que nous desservons. Comme nous assurons aussi le ramassage scolaire, certains sont intrigués et viennent nous parler à la sortie des classes », assure Cécile. L’ambition de Môm’artre est aussi de sensibiliser à l’art, souvent considéré comme élitiste, des familles qui n’en ont pas les moyens. « Au début, certains viennent principalement car nous proposons de l’aide aux devoirs mais, petit à petit, ils se laissent prendre au jeu, et s’investissent réellement », ajoute-t-elle. Les parents ont obligation de passer le pas de la porte et d’entrer dans le local lorsqu’ils viennent chercher leur progéniture. Chacun peut s’intéresser aux activités et même y prendre part. L’accueil des enfants est assuré jusqu’à 20 heures. « Nous avons une grande amplitude horaire, car il peut être très compliqué de travailler à Paris quand on est une famille monoparentale où qu’on a un temps de transport très élevé. Nous voulons aider les gens à pouvoir s’épanouir dans l’emploi. C’est particulièrement le cas pour les femmes, souvent pénalisées lorsqu’elles sont mères », conclut Cécile.
Un foyer de vie au centre du quartier
Rachel est bénévole au sein de l’association depuis douze ans. Habitante du quartier, elle était habituée à passer devant le local bariolé tous les matins. « Un jour, j’ai vu un petit panneau avec indiqué : “Cherche bénévoles”, et je suis entrée. Depuis, je viens une fois par semaine », confie-t-elle. Aujourd’hui, elle assiste l’un des artistes lors d’un atelier : « Je participe aussi à l’aide aux devoirs, j’aime vraiment aider les enfants les plus en difficulté, cela me donne une vraie utilité sociale. » Ce qui lui plaît, c’est la chaleur humaine et que Môm’artre soit pensé comme un lieu important pour la vie de quartier.
« Nous avons mis l’accent sur l’intergénérationnel, pour que chacun puisse s’y retrouver », explique Cécile.
Le soir, une fois que les enfants sont partis, des cours pour adultes sont organisés, souvent par les mêmes artistes.
L’initiative de Môm’artre a fait des émules, et la petite association est devenue un réseau. Elle s’est implantée dans de nombreux quartiers parisiens et même dans d’autres villes comme Marseille et Nantes. Pour le moment, certains endroits n’ont toujours pas atteint leurs effectifs maximaux, mais l’antenne du 18e arrondissement de Paris, victime de son succès, ne prend plus que les enfants deux jours par semaine, de manière à ce que le plus de monde possible puisse y accéder.
Par Licia Meysenq
Faire garder ses enfants chez Môm’artre ?
Il est possible d’inscrire ses enfants sur le site Internet de l’association : momartre.net ou de contacter le réseau au 09 72 44 46 64. Des annexes existent dans les 10e, 12e, 13e, 14e et 20e arrondissements de Paris, ainsi qu’à Nantes, Arles et Marseille. Le tarif pour une heure de garde oscille entre 0,10 centime et 10 euros.
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Je trouve votre réalisation belle et utile. félicitations. Habitant sur Angers,
j’aimerais savoir si Môm’artre existe dans ma région, même à l’état de projet?
Mon métier est artiste et j’enseigne aussi comme vous le voyez sur mon site. Les réalisations comme la votre m’intéressent.
Bonne continuation. Véronique Walsh
syella brunthy sur FB 😉
C’est extra ce type d’initiative! Vivement que cette association fasse des petits dans d’autres arrondissements!