Avec Eco CO2, des milliers d’élèves deviennent acteurs du changement

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    Permettre aux enfants d’être acteur de la transition climatique, c’est ce que propose l’entreprise Eco CO2 en faisant des ateliers de sensibilisation dans un grand nombre de classes maternelles et primaires en France, auprès de 470 000 élèves. Après 10 ans d’études, l’organisme constate des résultats prometteurs quant à l’action que peut avoir un enfant sur son entourage. 

    Des petites mains pour de grands gestes écologiques, tel est le slogan du programme Watty de l’entreprise Eco CO2. Créé en 2012, cet organisme accompagne les organisations et les citoyens pour réduire leur empreinte environnementale. L’entreprise a mené une étude sur 10 ans dans près de 21 000 classes d’écoles maternelles et primaires en France et Outre-mer, touchant 470 000 élèves. Le programme se présente sous forme d’ateliers de sensibilisation à l’environnement et aux éco-gestes, dans les classes d’élèves âgés de 3 à 11 ans. L’étude montre que la sensibilisation des plus jeunes à la sobriété énergétique a un impact concret et a constaté une réduction de 6 % de la consommation énergétique annuelle des foyers concernés.

    L’approche de ce dispositif est née d’un programme similaire comme l’explique Isabelle Senn, directrice générale chez Eco CO2 : « Ça s’appelait “Ma ville est au courant” et c’était une sorte de défi inter quartier qui mobilisait les familles pour réduire collectivement la consommation d’énergie ». Très vite, l’initiative a fait du bruit auprès des enseignants des écoles voisines, qui voyaient dans ce projet une « démarche vertueuse et tournée vers l’avenir », relate la directrice. Le programme a été retenu en 2013 par le Ministère de la Transition écologique et solidaire et l’ADEME[1].

    Acteurs du changement

    Le programme Watty se déroule sur un an et prévoit trois interventions annuelles dans les classes. C’est sous la mascotte de Watty, une petite prise, que les intervenants viennent faire « prendre conscience aux enfants du sujet du changement climatique et de ce qu’ils peuvent faire comme éco-gestes dans leur quotidien, à leur échelle », indique Isabelle Senn.

    Les intervenants réalisent différents ateliers autour de thématiques qui varient en fonction des niveaux. « Nous avons eu des ateliers sur la lumière, l’eau, les économies d’énergie et les éco-gestes pour les élèves de cycle 2 », explique Géraldine Patriarca, enseignante des CE1/CE2 à l’école Henri Dès à Pléchatel en Ille-et-Vilaine. Les animations se font sous forme de jeux avec des cartes ou bien sur un tableau interactif.

    L’expérimentation est également au cœur de la sensibilisation afin de rendre les élèves acteurs du changement. Les élèves de cette enseignante ont découvert le mousseur à eau pour robinet et ont pu apprendre à les installer en classe. « Les enfants ont eu en cadeau des mousseurs à eau pour robinet et un jeu de cartes sur les bons et mauvais comportements à adopter. Et nous, on a fait un mot aux parents pour leur dire que ce serait bien d’installer les mousseurs avec leurs enfants à la maison », raconte Géraldine Patriarca. Gwenaelle Rolland, la maman de Charles, un élève d’une école de Versailles qui a également bénéficié du programme Watty, a agréablement été surprise par son enfant qui revenait avec ce dispositif. « Il avait très envie qu’on installe le mousseur sur un robinet. Quand on l’a testé, on a trouvé ça génial », se réjouit la maman.

    Les élèves sont également investis dans certains rôles au sein de la classe tels que le gardien de l’eau, le gardien du chauffage, le gardien de la porte, ou encore celui de la lumière. Ce sont autant de manières qui permettent aux enfants « d’intégrer ces gestes dans leur quotidien, et ce, même à la maison », explique Isabelle Senn. L’intervention de Watty a lieu dans tout type d’écoles, « en centre-ville, en banlieue et en milieu rural », indique la directrice. Par conséquent, il est remarqué que certains élèves rencontrent déjà des problématiques environnementales dans leur milieu. « On a des élèves qui ont des parents agriculteurs et qui expliquent l’importance de préserver l’eau », indique Géraldine Patriarca, enseignante.

    L’enfant, « expert du foyer »

    Les différents ateliers ont permis aux élèves de se rendre compte de l’impact de la pollution. Watty leur a transmis des outils qu’ils peuvent utiliser pour agir à leur échelle. Ils et elles n’hésitent pas à agir en sensibilisant leur entourage. « Les enfants ont beaucoup été touchés par la pollution plastique dans la mer. Donc, dès qu’il y a du plastique ou dès qu’il y a un papier de bonbon dans la cour, on entend les enfants se dire “oui, mais tu vas polluer la planète, tu vas polluer la mer” », explique Géraldine Patriarca.

    A la maison, même constat, les enfants sensibilisent leurs parents, et cela, sur différents tons : un ton pédagogue ou un ton de reproche. La maman de Charles est ravie de voir son fils apprendre des éco-gestes à son mari : « Il est fier de dire à son père, par exemple, qu’il faut réfléchir à ce que l’on veut prendre dans le frigo avant de l’ouvrir. Il a appris ça dans son jeu de cartes avec Watty ». L’enseignante Géraldine Patriarca, n’est pas épargnée à l’école : « Je me suis fait engueuler dans ma classe parce qu’on n’a pas de bouilloire et que je laisse couler l’eau pour avoir de l’eau chaude pour faire mon café. Et donc là, j’ai une élève qui m’a dit “Oui, mais maîtresse, tu laisses couler l’eau, ce n’est pas bien”. Donc, maintenant, on a mis une bassine pour récupérer l’eau de chauffe ».

    “Il y a une vraie prise de conscience, avant et après, de la part des enfants”. Géraldine Patriarca

    Les enfants se révèlent particulièrement curieux et volontaires face aux enjeux environnementaux. C’est ce qu’explique l’équipe d’experts en sciences humaines et sociales d’Eco CO2 dans son communiqué de presse : « [Il y a] différents leviers de motivation pour initier un changement de comportement. Tout d’abord, la comparaison sociale entre les élèves (notes, performances…) leur permet d’évaluer leurs opinions et capacités[2]. Dans le cadre du programme, les écocitoyens en herbe vont parler des habitudes familiales devant leurs camarades. L’influence du réseau social et de la norme du groupe joue également un rôle essentiel. Si la plupart des enfants d’un groupe appliquent les écogestes enseignés, leurs camarades vont considérer que ce comportement est la norme et vont donc tenter de les “’imiter”. Le travail sur la norme sociale se traduit par exemple par la mise en avant du comportement attendu en soulignant que ce dernier est déjà réalisé par certaines personnes du groupe. Par ailleurs, en transmettant à la famille de nouveaux savoirs liés à la transition énergétique, l’enfant se positionne en tant qu’expert au sein du foyer. Cette valorisation le pousse à aller plus loin dans l’apprentissage et la transition[3] ».

    Diminution des factures à la maison

    Les enfants qui bénéficient de ces séances de sensibilisation engagent et ouvrent des discussions au sein de leur famille qui permettent aux parents d’agir. Le résultat est conséquent puisque certaines familles ont vu leurs factures d’énergie diminuer drastiquement. Dans la famille de Gwenaelle Rolland, les factures ont réduit de moitié : « On a des factures vraiment minimes par rapport aux anciennes. Pour un foyer de trois personnes, on arrive à des factures qui sont entre 25 et 30 euros par mois contre 65 euros, en moyenne, avant les mesures apportées par notre fils », se réjouit la maman. Elle explique par ailleurs qu’il n’y avait pas « une culture importante autour de l’écologie » dans sa famille. « On pratiquait déjà le tri des déchets et le zéro déchet, mais on n’avait pas poussé la réflexion plus loin même si on était conscient des problématiques environnementales », confie Gwenaelle Rolland.

    L’entreprise Eco CO2 explique que les résultats de son étude « montrent que la sensibilisation de près de 21 000 classes et 470 000 élèves de 2013 à 2023 a permis d’économiser 1 311 GWh à l’école et à la maison, soit la consommation énergétique annuelle des habitants de 83 000 logements ». De plus, le constat de l’étude soulève une diminution moyenne de 918 kWh par an, soit environ une économie de 190 € sur la facture.  Pour obtenir de telles économies, certains parents ont poussé l’effort encore plus loin. « Mon enfant m’a fait découvrir qu’un lave-vaisselle, ça consommait beaucoup moins qu’une vaisselle à la main. Du coup, à l’occasion d’un déménagement, on a acheté un lave-vaisselle. Nous avons installé un composteur et investi dans des bonnes couvertures, pyjamas et chaussons nous permettant de maintenir notre chauffage entre 17 et 19 °C. Et puis, j’ai réglé la chasse d’eau des WC entre 4,5 et 7 litres par chasse d’eau versus 9 litres pour des anciens WC », raconte fièrement la maman de Charles.

    “Les enfants vont beaucoup entendre parler de l’environnement, des canicules, des inondations, etc. Le fait de permettre à l’enfant d’être acteur, ça peut éviter ce côté dépressif et anxiogène” Gwenaelle Rolland.

     

    [1] Glomeron, F., Bois, E., Hugon, M. & Maguin, F. (2017). Citoyenneté et développement durable : pratiques familiales et scolaires chez les adolescents. La revue internationale de l’éducation familiale, 41, 69-94.

    [2] Bauchet, L. (2013). Le respect des normes sociales informelles à l’école comme facteur de la réussite scolaire à l’école primaire, Sciences Humaines Combinées : Revue électronique des

    écoles doctorales ED LISIT et ED LETS, 8

    [3] Duvall J. & Zint M. (2010). A Review of Research on the Effectiveness of Environmental Education in Promoting Intergenerational Learning, The Journal of Environmental Education, 38:4, 14-24


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