Oublier les mâles alpha : féminiser la politique

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    Ce dimanche 21 septembre 2014 nous a offert un spectacle politique contrasté. L’imminence du rassemblement à New York de centaines de chefs d’États déclenchait, à l’initiative d’ONG comme 350.org, Avaaz ou la Fondation Nicolas Hulot en France, 2808 marches pour le climat dans 166 pays du monde.

    Nous avons vu des citoyens descendre par dizaines, voire centaines de milliers (plusieurs dizaines de milliers à Paris, plus de 300 000 à New York) pour dire leur volonté de passer à des énergies 100 % renouvelables, sortir du pétrole, du charbon, du nucléaire (qui n’est pas supposé émettre de CO2, en tous cas à l’usage, mais est responsable de nombreux autres dangers) et entrer intelligemment dans le XXIe siècle.

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    Il y avait de quoi se réjouir en voyant la plus grande marche pour le climat qui ait jamais eu lieu défiler le long de Central Park. Il y avait de quoi vibrer en égrenant les images de toutes les villes, de tous les visages, des pancartes, des vieux, des jeunes, des enfants qui marchaient en souriant, main dans la main, pour dire leurs aspirations à une planète vivable, solidaire, pour les générations à venir. Un mouvement populaire se structure, se mobilise, hors des intérêts particuliers et peut devenir une force nouvelle. S’il est capable de prendre de l’ampleur, de rassembler tous ceux qui agissent dans l’ombre, de se rendre audible et désirable pour une large part de la population, démobilisée par la politique traditionnelle, il peut faire une véritable différence dans les décennies à venir.

    La politique des mâles alpha

    Pendant ce temps, sur France 2, l’événement était le retour de Nicolas Sarkozy. De celui qu’une partie de son camp considère comme « le chef », capable de « remettre de l’ordre », de « guider », de « diriger » une France à la déroute.

    Depuis quelques semaines, ce retour nous donne l’occasion de voir à quel point les archétypes ancestraux du mâle alpha, se tapant sur la poitrine, donnant de la voix, se conduisant comme un patron, un père, un protecteur, ont la vie facile. Début 2014, le sondage annuel d’Ipsos révélait que 84 % des sondés estimaient toujours que « l’on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre » (ils étaient 87 % en 2013).

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    Les figures répondant à ces critères (virils, autoritaires, riches ou faisant grand cas de l’argent, parfois brutaux, séducteurs, se posant en rempart…) sont toujours la norme dans nombre de pays (ou l’ont été il y a peu) : Vladimir Poutine, David Cameron, George W. Bush, Silvio Berlusconi, Xí Jìnpíng, Benjamin Netanyahu, Nicolas Sarkozy…

    Or, que pouvons-nous attendre de ce type de figures pour résoudre les problèmes résolument complexes, interdépendants, demandant de sortir des logiques de domination, de compétition, de pouvoir, pour entrer dans celles de la coopération, de l’intérêt général, du partage… Toutes ces qualités sont plutôt féminines (sans être pour autant l’apanage des femmes, féminin et masculin cohabitant, à l’image du Yin et du Yang orientaux, en chacun). Non seulement nous avons besoin de plus de femmes dans les sérails politiques, mais nous avons  surtout besoin que les valeurs féminines irriguent la société toute entière : faire ensemble, d’abord dans l’intérêt des enfants, des êtres humains en général, respecter le vivant, revenir à l’essentiel, ne pas systématiquement vouloir être le premier, le plus fort, écouter sa sensibilité et pas seulement son intellect…

    Quesasa - Femme - Oublier le mâle alpha pour aller au-delà

    Aujourd’hui trop de femmes doivent reproduire le pire du masculin pour prendre le pouvoir (Margareth Thatcher, comme le chantait Renaud, en reste un archétype stupéfiant). Devenons plus féminins. Trouvons le juste équilibre entre nos pôles. Débarrassons-nous de l’image des chefs du passé et construisons le présent ensemble, comme des adultes pleinement solidaires et responsables. Il est grand temps.

    Par Cyril Dion

    18 Commentaires

    1. Ha la femme….
      La douceur maternelle issu de sa capacité à donner naissance.
      La sensibilité naturelle de la femme, probablement issu de son rapport unique avec le cycle lunaire…
      La femme réduite à objet de douceur et de conciliation.

      Et si pour éviter d’encourager les femmes à rester à la maison s’occuper des gosses et à faire la popote, on arrêtait de les considérer comme douces, sensibles, aimantes, diplomate?
      Si on arrêtait de considérer les femmes dures comme des hommes?
      Si on arrêtait de considérer les hommes sensibles, s’occupant des enfants comme des femmes?

      Si on se contentait de considérer des êtres humains?
      Et donc chaque être humain, comme une personne unique?

    2. C’est vraiment monstrueux de distribuer comme ça le mal aux mâles et le bien aux femmes ! Ce racisme doit finir et il faut voter des lois pour l’interdire (le mot exact est ostracisme qui n’est pas compris : condamnation collective).
      Vous écrivez « logiques de domination, de compétition, de pouvoir, pour entrer dans celles de la coopération, de l’intérêt général, du partage… Toutes ces qualités sont féminines. » Comme on est né(e) c’est comme on est ! Les hommes autoritaires, brutaux, séducteurs, et les femmes coopératives, partageuses, porteuses de l’intérêt général.
      C’est monstrueux.

    3. J’admire Colibris mais tant de naïveté; la femme est la digne égale de l’homme, c’est certain, comment dès lors fonder un espoir en elle?

      « Ô cerveaux enfantins !

      Pour ne pas oublier la chose capitale,
      Nous avons vu partout, et sans l’avoir cherché,
      Du haut jusques en bas de l’échelle fatale,
      Le spectacle ennuyeux de l’immortel péché :

      La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
      Sans rire s’adorant et s’aimant sans dégoût ;
      L’homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
      Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;

      Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
      La fête qu’assaisonne et parfume le sang ;
      Le poison du pouvoir énervant le despote,
      Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

      Plusieurs religions semblables à la nôtre,
      Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
      Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
      Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

      L’Humanité bavarde, ivre de son génie,
      Et, folle maintenant comme elle était jadis,
      Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
      « Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! »

    4. Cyril, comme tu le dis si bien, en effet il ne faut pas que la femme « joue » à l’homme! Alors s’il, te plait, le monde de la différence c’est surtout le monde de la cohérence!
      Ne souhaite pas aux hommes qu’il se féminise non plus.
      La démarche est tout aussi stupide!
      Arrêtons de toujours se coller des étiquettes entre homme et femme. Les stéréotypes c’était pas au siècle dernier?
      Depuis notre société essaye de grandir! Non?
      Un peu de respect d’être et de penser pour chacun et chacune.

      Donc Cyril, merci de commencer à entrevoir et dénoncer le système qui empêche les hommes de s’épanouir, ressentir, se libérer, et les femmes de ne pas se sentir jugées à chaque pas, décision, ou bien à chaque fois qu’elle fait un commentaire.
      Cependant Cyril, écoute bien les arguments de David…ah un homme qui a tout compris, merci! You made my day!

    5. C’est chouette de vous lire et de voir vos commentaires 🙂
      J’aimerais juste vous rappeler un axiome essentiel de ce papier : je n’y parle pas d’hommes et de femmes mais de masculin et de féminin (qui sont en chacun !) nous avons tous une part masculine et féminine, un peu comme le Yin et le Yang des orientaux. Or, je ne vous apprendrai pas que nous vivons dans un monde où le côté masculin (patriarcal) est largement dominant : structures pyramidales, recherche de l’efficacité, du pouvoir, de la domination par la force, omniprésence des hommes (qui ont souvent un principe masculin plus développé) dans les conseils d’administration ou aux parlements… et que nous souffrons (pour ne pas dire pire) de ce déséquilibre. Ce que je tâchais de dire (avec sans doute beaucoup de maladresse), c’est que les mobilisations (le réseau) était une manifestation plutôt féminine (un principe féminin) de la politique (et pourtant il y avait des hommes dans les cortèges) au contraire de la mise en scène du chef de meute Sarkozy revenant sauver le peuple français en déroute. Cesser de rechercher UN papa, UN chef, UN prophète, UN Dieu pour nous protéger et nous sauver, passer d’un système vertical à un système horizontal, c’est pour moins féminiser la politique. Peut-être faut il trouver un autre mot pour éviter que la moitié du genre humain ne se sente visé, ou faire des petits poèmes comme David 😉 Bref, j’espère avoir été plus clair !

    6. Et je rajouterai que bien évidemment un organisme, une structure souffrant d’un excès de féminin serait (ou est) tout aussi dommageable ! C’est la raison pour laquelle je parlais de trouver l’équilibre.

    7. Il était une fois une société (donc où hommes et femmes avaient leur place) qui considérait que des tâches étaient plus masculines et d’autres plus féminines. Des femmes peuvent être plus fortes que des hommes mais en général, n’est-ce pas l’union qui fait la force ? l’homme (avec un petit h, ne le croît pas toujours, en effet son côté paternaliste « tais-toi fils » ou « tais toi femme » le reprend souvent.
      La Force… n’est pas que muscle n’est-ce pas ? L’humanité s’est développée par ses inventions et sa compréhension du monde qui l’entoure. Ainsi la Terre est une force, le soleil une force, la lune une force. Pour rendre son environnement intelligible, l’humanité donna donc des sexes aux forces (asexuées il s’entend) par tendance anthropomorphique : une société ainsi rendait le soleil mâle et la société était patriarcale, ou alors le soleil était féminin est la civilisation se révélait de structure matriarcale.
      La Terre par toute évidence est féminisée, en effet elle donne vie, comme la femme. Elle est fertile, comme la femme. C’est la dessus que vous vous battez. La terre n’est pas femme n’est-ce pas, elle peut avoir la forme d’un ovule, mais elle n’en est pas moins à la fois mâle et femelle. Comme certains arbres. Tout comme le Yin et le Yang résident en chacun de nous, femmes comme hommes.
      La politique actuelle est mâle dans le mauvais sens du terme nous dit Cyril, elle est en effet séparée de sa partie féminine. Elle manque de fertilité, manque de créativité… le capitaliste sait piqué les idées d’un autre, ou vivre d’une seule idée qui fait fortune en empêchant les autres idées d’éclore. Le pétrole nous fait avancer à reculons, le carburant nous fait rouler, mais l’industrie nous roule et empêche l’émergence d’autres moyens de déplacement. La politique agricole même, pourtant d’essence fertile, n’a plus confiance en la fertilité de la terre, les pesticides tuent la faune de la terre, les deux grandes espèces essentielles à la fertilité des plantes sont aujourd’hui en danger : les vers de terre et les abeilles (pour ce que nous savons) mais pas seulement, comme le serpent se mord la queue, la qualité du sperme des hommes ne cesse de dégringoler. Donc en effet, la politique a besoin de principe féminin en son sein, on pourrait même dire que le care l’incarne.

    8. Vous dites que vous ne parlez pas de l’homme ni de la femme mais de masculin et de féminin. C’est un subterfuge assez retors. Parce qu’enfin, s’il y a du masculin et du féminin, c’est bien parce qu’il y a des femmes et des hommes. Sinon, il n’y aurait pas de différence d’état d’esprit à débattre ou alors, des différences d’état d’esprit qui s’appelleraient poire et fromage, ou tout autre chose. Sans oublier votre titre : oublier les mâles.
      Nous souffrons du mal qui vient du masculin (domination par la force, que vous représentez par Sarkozy) et le remède serait selon vous le féminin (dans votre commentaire, vous avez dissimulé beaucoup de chose sur ce féminin, que vous aviez mise dans le texte. Pourquoi ?).
      Vous avez encore beaucoup de chemin à faire pour vous rendre compte de la violence intellectuelle et de la violence politique de votre écrit. Je vous prie de m’excuser, je n’ai pas d’émoticône, sans quoi j’aurais mis les mêmes que vous.

    9. Vous écrivez : « une société ainsi rendait le soleil mâle et la société était patriarcale, ou alors le soleil était féminin est la civilisation se révélait de structure matriarcale. »
      En allemand, le soleil est féminin (Die Sonne) et la lune masculine (Der Mond). Où avez-vous vu que la société allemande soit matriarcale ?
      Pour revenir à l’article en son sens général, je ne vois pas que la politique allemande menée par Angela Merkel depuis 2005 (9 ans tout de même) soit tellement différente (je ne sais pas comment dire, féminine ?). Evidemment, si l’on pense que le masculin (domination) et le féminin (fertilité dans votre commentaire, coopérative, partage, dans le corps du texte que l’on commente) sont des états d’esprit tombés des nuages et que les hommes et les femmes en disposent à leur gré, comme le sel et le poivre, un peu plus un peu moins, dans leurs actes, il n’y a pas de raison que la politique d’une femme soit plus féminine que celle d’un homme.
      Dans la société allemande, qui est selon vous est une civilisation matriarcale, une cheffe d’Etat fait une politique de domination, plutôt efficace.
      Pour moi, vos modes de pensée ne sont pas en lien avec le réel, avec ce qui se passe vraiment. Vos modes de pensée sont idéologiques (cohérence interne, exclusive du réel) et absolument violentes envers les hommes, malgré vos dénis.

    10. Vous écrivez : « La Terre par toute évidence est féminisée, en effet elle donne vie, comme la femme. Elle est fertile, comme la femme. »
      Les hommes sont aussi fertiles que les femmes. Une femme fait un enfant avec un homme, un homme fait un enfant avec une femme. Leur participation, tellement inégale en taille, est d’une égale importance, de la même essentielle nécessité. Ils ne peuvent pas faire d’enfants l’un sans l’autre.
      Et même si les médecins se mettent entre eux deux, dans toutes les formes de fécondations « artificielles », l’enfant qui naîtra sera l’enfant d’un homme et d’une femme.
      Là, c’est le pompon de l’idéologie. Du discours sans rapport avec le réel, sans rapport avec ce qui se passe vraiment et qu’on ne peut travailler.
      On fait voler des avions en respectant les lois de la gravitation universelle. On peut monter les tours aussi haut qu’on veut (il est question d’atteindre 1000 m de hauteur), elle seront toujours plantées dans le sol.
      L’erreur, c’est de croire, quand on est en haut, qu’on n’a plus besoin du sol, et même qu’on en avait sans doute jamais eu besoin et qu’on ne le savait pas ou qu’on ne s’en rendait pas compte.
      Pour moi, vous en êtes là. Violence intellectuelle.
      D’où découle une grande violence politique envers les hommes, que vous dissimulez, de bonne foi, mais qui est intolérable.

    11. C’est pas moi qui fait de petits poèmes, Cyril, c’est un extrait du Voyage de Baudelaire. après je pense, comme beaucoup des commentateurs de cet article ai-je cru comprendre, qu’il y a des engagements féministes plus efficaces et plus pertinents que d’associer de façon binaire les comportements sociopathes aux hommes et les plus grandes vertus aux femmes…

    12. Très bel article, qui fai écho pour moi.
      Pas la peine de mettre son intellect trop en avant sinon on manque la vraie idée portée dans ce billet.

    13. Autant d’essentialisme est confondant : la douceur des femmes, la dureté des hommes. Au secours! Le problème (car il y en a un) de la domination écrasante des hommes, est d’une part la moindre efficacité du système (humaine, sociale, même économique) par rapport à une société plus équilibrée, d’autre part l’injustice du modèle, qui n’est nous sommes toutes-tous d’accord.
      Et si Kaizen commençait à féminiser son vocabulaire? Car à Kaizen comme dans les médias classiques, le masculin l’emporte toujours sur le féminin! Allez, une petite révolution en interne, ce serait chouette non.

    14. Tout à fait d’accord avec Carol ! Merci merci et merci à Cyril et Kaizen de nous donner l’occasion de lire des choses enfin réjouissantes. Il me semble que de nombreux lecteurs sont passés à côté du message essentiel porté ici: assez d’ego omniprésent et de culte de la personnalité en politique ! Ce travers n’est malheureusement pas l’apanage des messieurs mais peut-être justement parce que, en politique, si l’on veut avoir droit au chapitre, il faut mieux être du genre à écraser son voisin de sa supériorité, plutôt que de lui tendre la main… avec douceur !
      Une femme qui assume totalement sa douceur féminine …

    15. Cyril, cher-es toutes et tous,
      je trouve intéressant ton article et passionnant le débat qui suit.
      Changer le rapport du masculin et du féminin, c’est bouleverser nos ressorts intellectuels les plus profonds, élaborés au fil des millénaires. je rejoins le point de vue de Françoise Héritier qui propose qu’en démontant les mécanismes de la différence, on offre des solutions pour parvenir à l’égalité, au fond, à mon avis, le problème est bien là. Car en ce début du XXIe siècle, un consensus mondial, idéologique, politique, religieux, institutionnel et familial, public et privé, continue de maintenir une partie de l’humanité dans un état de minorité, d’infériorité, d’abaissement moral et social, et ceci , à des degrés divers, dans toutes les parties du monde, des plus prospères au plus misérables, des plus industrialisées au plus archaïques, des plus civilisées et pacifiées aux plus violentes. Ce n’est pas des enfants dont il s’agit ici (il y aurait beaucoup à dire sur cette question sans doute), ni des prolétaires (qui existent toujours quoiqu’on dise, et dans certaines régions du monde ont toujours le statut d’esclaves et englobent la partie précédemment mentionnée, celle des enfants). Il ne s’agit pas d’une partie sociologique ou générationnelle mais de ce qu’on appelle parfois, d’une formule faussement évidente, «la moitié de l’humanité», ou , comme disaient les Chinois, «la moitié du ciel» : les femmes. il faut déconstruire patiemment les idées reçues sur le masculin et le féminin. En suivant pas à pas l’histoire de l’humanité, qui montre que la hiérarchie des sexes est un fait culturel majeur de son histoire …..déconstruire les idées reçues pour une société moins violente, notamment à l’égard des femmes ! à suivre !
      Nora HUSSON

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