Le gouvernement vient de démissionner et il ne sera resté que 147 jours aux affaires soit environ 5 mois. Une période bien maigre pour mettre en œuvre les ambitieuses réformes que la situation française, européenne et mondiale réclame. Le gouvernement précédent (Ayrault II), avait « tenu » 648 jours. Il faut remonter à celui de Lionel Jospin (1997-2002) pour trouver un semblant de longévité propre à des transformations d’envergure (1799 jours, soit près de 5 ans).
Non seulement nous vivons dans un pays où la droite et la gauche s’entre-déchirent, disqualifiant systématiquement la politique de leurs adversaires, mais nous voyons désormais les partis se déchirer, en leur propre sein.
Pourtant nous n’avons jamais autant eu besoin de consensus, de coopération sur les grands enjeux.
Je suis actuellement en tournage pour un documentaire que nous co-réalisons avec Mélanie Laurent et qui nous a déjà conduit dans sept pays. Nous pouvons raisonnablement dire que la situation y est profondément différente.
La Chine et les éoliennes
Lorsque nous avons rencontré Lester Brown, fondateur et président du World Watch Institute, sorte de pape de l’écologie mondiale, il plaisanta avec nous sur la situation chinoise. En substance, il nous expliquait que ce pays, considéré comme l’un des plus pollués de la planète pour sa consommation dramatique de charbon (rappelons que Pékin vit au quotidien avec près de 4 fois les quantités de particules qui correspondent à une alerte rouge en France), avait mis en place une politique extrêmement volontariste pour développer les énergies renouvelables. Et qu’ayant gardé des automatismes propres au parti unique, la planification avait été très ambitieuse et ne souffrait d’aucun retard. Résultat, d’ici quelques années, la Mongolie intérieure devrait être dotée de parcs éoliens produisant l’équivalent de dizaines de centrales nucléaires.
Exemple intéressant, mais dont le pendant est évidemment peu reluisant et peu enviable.
Le Danemark et le CO2
Plus proche de nous, la ville de Copenhague (où nous nous sommes rendus) a décidé de devenir la première capitale neutre en émission de CO2 d’ici 2025. Elle a déjà réduit de 40% ses émissions depuis 1990. Et cette décision a été adoptée à une large majorité des partis, quelle que soit leur tendance. Idem pour la décision de faire du Danemark un pays 100% alimenté par les énergies renouvelables d’ici à 2050, voté à la grande majorité par le parlement en mars 2012. Le maire de Copenhague en charge de la transition écologique, que nous avons interrogé, nous confirmait que ce sujet de la lutte contre le dérèglement climatique faisait l’objet d’un large consensus dans la classe politique.
L’éducation en Finlande
Depuis dimanche dernier nous sommes en Finlande où nous filmons une école exemplaire à Espoo dans la banlieue d’Helsinki. Le système éducatif y est étonnant (lire l’article Kaizen sur l’éducation finlandaise). À budget égal, les encadrants sont deux fois plus nombreux qu’en France (un enseignant et un assistant pour des groupes de 14 à 21 élèves et parfois moins), une assistance psychologique et sociale permanente pour les enfants en difficulté, des assistants traducteurs pour les enfants immigrés ne parlant pas la langue du pays, des bâtiments écologiques et très beaux même dans les quartiers défavorisés, une totale gratuité de la scolarité et de la cantine, des classes artistiques, manuelles en plus des matières intellectuelles et une insolente réussite dans les classements PISA de l’OCDE. Lorsque nous interrogeons le directeur de l’école sur cette étonnante réussite, il nous explique qu’elle est le fruit d’un travail de près de 30 ans, que les gouvernements successifs ont conduit en gardant le cap initialement fixé. Tous les six ans des aménagements pédagogiques sont proposés et permettent d’améliorer, pas à pas, le système.
Nos politiques sont enferrés dans des manœuvres de court terme, des réformes portant orgueilleusement le nom des ministres qui les ont mises en œuvre. Mais ce n’est pas ce dont nous avons besoin. La véritable politique réclame des femmes et des hommes braves, lucides, prêts à s’entendre sur des objectifs engageant l’avenir de l’ensemble de leurs concitoyens et même parfois d’une part de l’humanité. De personnes ayant à cœur l’intérêt de tous. Nous connaissons les solutions, alors planifions-les. Ensemble.
Par Cyril Dion
Bonjour,
Certes l’article date un peu, mais ce réquisitoire pour plus de planification l’interpelle l’urbaniste qui avait fini par se résoudre à penser que la ville de demain était celle d’une ville systémique modelée par l’interaction des différentes parties présentes.
La ville en tant que tel ne fait pas partie des différents items traités par Kaizen. Pourtant, d’un vécu d’aménageur, d’urbaniste, d’architecte, il me reste le sentiment (peut être erroné, telle est toute ma question) que le modelage des lieux ou évoluent les personnes, les ménages, les groupes sociaux, contribue à accompagner ou à contrarier les projets de société.
Préparer demain, cela sous-entend-il aussi planifier la ville?
Je suis vivement intéressé à vous entendre sur ce sujet, et plus est, je vous solliciterais bien volontiers pour venir en parler à l’occasion d’une manifestation de professionnels de la ville en octobre 2016 à Lille Grand Palais à Lille.
Vous remerciant en tout état de cause, de l’attention que vous pourrez porter à cette interpellation.