La COP 26 à Glasgow s’est achevée, samedi 13 novembre 2021, non pas par une coupe de champagne mais par les larmes de son président Alok Sharma, déçu par le contenu du Pacte de Glasgow. Bien sûr, il y aura des politiques pour claironner que des pas significatifs ont été réalisés, et qu’il y a des points positifs, blablabla… En pôle position Barbara Pompilli ! La ministre de le Transition écologique française qui sur Twitter a écrit : « Le pacte de Glasgow est un compromis qui finalise les instruments de l’Accord de Paris. » Tweet illustré, par une photo où elle applaudit justement au moment où le président Alok Sharma est débordé d’émotion devant le résultat décevant de cette quinzaine commerciale. Le cynisme en roue libre !
La #COP26 aura été une nouvelle étape du combat climatique, même s’il nous reste beaucoup de chemin à parcourir.
Le pacte de Glasgow est un compromis utile qui finalise les instruments de l’Accord de Paris.
Une COP est une accélération, pas une conclusion. Continuons. pic.twitter.com/oNUhmqlo0w
— Barbara Pompili (@barbarapompili) November 13, 2021
Pour ceux qui n’auraient pas suivi ; l’accord de Glasgow n’impose rien aux Etats. A l’heure actuelle pour respecter l’Accord de Paris nous devons réduire les émissions de 45% d’ici à 2030. Or les Etats à Glasgow ont entériné une augmentation des émissions de 14% d’ici à 2030. Autrement dit, comme le rappelle Jean Jouzel : « On aura émis en 2030 tout ce qu’on a le droit d’émettre pour limiter le réchauffement à 1,5°C. Il ne nous restera théoriquement rien à émettre après. » Pour résumer on se dirige vers une augmentation de 2.4°C ! Traduction : tempêtes, canicules, sécheresses, immigration de masse…
D’aucuns diront qu’il n’y avait rien à attendre, à espérer de cette COP, comme les autres. Vrai.
Mais alors, comment faire ?
Prier ? Attendre un miracle ? Espérer une sixième vague de covid qui impose un confinement pendant 5 ans ?
Ce qui est à peu près sûr, c’est que les dirigeants actuels ne sont pas en capacité de prendre les mesures adaptées à la situation. Comme le disait Albert Einstein : « Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. » Alors qui ? Nous les citoyens ?
Dix ans après la création de Kaizen, je mesure, depuis plusieurs mois, comme faire sa part est nécessaire mais insuffisant. Je l’ai déjà écrit, je le répète ; pour réduire les émissions d’un Français de 12 tonnes équivalent CO2 par an à 2t par an et par personne, pour respecter les Accords de Paris, nous, citoyens, ne pouvons agir que sur 25 % de cette réduction.
Les entreprises ? Oui, elles doivent faire leur part. C’est indéniable. Mais sont-elles toutes prêtes à le faire ? On peut en douter ! Selon l’ONG Global Witness, le lobby des énergies fossiles, principales émettrices de gaz à effet de serre, était mieux représentées à Glasgow que les pays les plus durement touchés par les conséquences du réchauffement climatique. Pire les entreprises pétrolières attaquent les Etats pour perte de chiffres d’affaires quand ceux-ci veulent réduire les émissions liées à ces énergies ! Des procédures possibles grâce, ou à cause des traités de libre échange !
Bref, avec des politiques hors sujet, des citoyens pas assez puissants, des entreprises qui refusent de couper la branche sur laquelle elles sont assises, il va devenir difficile de passer le fil dans le chas de l’aiguille.
Bien sûr des évènements imprévus peuvent faire basculer le cours de l’Histoire, il n’y pas besoin d’une majorité pour déclencher une révolution. Revolution, le mot est lâché, celui qui fait peur, fait fuir. Car suinte le sang, la mort, la violence dans le champ sémantique de ce terme. Pourtant si nous ne faisons rien, les crises climatiques nous plongerons dans le sang et la mort. Je n’incite pas à sortir les baïonnettes, j’appelle comme d’autres à une vraie révolution culturelle.
Sortir du dogme de la croissance, changer de modèle agricole, quitter le tout « ego-mobile ». Mais cette révolution est contre-intuitive. Elle est synonyme d’une sortie d’une zone de confort – futile pour les plus aisés. Au propre comme au figuré. Cette invitation à la révolution nous confronte à une double tension. Une, sociétale : conjuguer radicalité et le plus grand nombre. L’autre, personnelle : comment renoncer au confort pour plus de sobriété.
Le philosophe Patrick Viveret a travaillé cette articulation qu’il a résumée dans une approche « Transformation Personnel, Transformation Sociétale ». Je crois que c’est effectivement notre dernière chance. Se transformer de l’intérieur pour transformer l’extérieur. Cela demande un travail exigeant de tous les jours. L’inverse du confort ! La question n’est pas de savoir si nous sommes prêts, mais si nous avons le choix ?