Solidarité intergénérationnelle pour dépolluer l’océan

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    Sensibiliser le grand public à la dépollution des océans tout en créant des campagnes de dons pour des associations de protection maritime : telle était l’objectif d’un événement organisé  par des d’étudiants le 5 juin dernier sur les plages Saint-Malo.

    Alors que la pollution cause la disparition d’1,5 millions d’animaux par an, diminue la teneur en oxygène des océans et augmente les émissions de gaz à effet de serre, 8 à 12 millions de tonnes de plastique sont déversés dans les océans chaque année. L’équivalent d’un camion poubelle qui évacuerait ses déchets chaque minute. La promotion de master 1 de l’IGC Business School Rennes veut agir pour son futur et a fait de son projet de fin d’année, une journée pour la protection des océans : « À l’abord’nage ».

     

    Ramasser pour sensibiliser 

    La journée débute dès 10h30 avec le ramassage de déchets sur la plage de la Hoguette à Saint-Malo. 46 personnes sont regroupées autour du stand où sacs et équipements de ramassages sont distribués avant de prendre le cliché souvenir de tous les participants. Sur un espace de 400 mètres, en famille, entre amis et même entre inconnus, tous se mettent à la tache fouillant les moindres recoins du littoral avec envie et entrain.

    Toutes les générations sont réunies autour de la cause : enfants, jeunes, parents, grands-parents. Emmanuel est venu avec sa fille Aurore âgée de 7 ans : « C’est primordial que ma fille soit éduquée écologiquement. Elle a déjà fait un ramassage avec l’école et nous. Lorsqu’un évènement de ce genre se présente nous y allons régulièrement. C’est elle le futur. » Sa fille, qui jouait quelques mètres plus loin tout en tendant l’oreille arrive enjouée vers son père et déclame en lui coupant la parole : « Moi c’est le plastique que j’ai ramassé le plus, il y en a plein ! Il ne faut pas les laisser à la mer parce que sinon ça pollue. »

    Au premier coup d’œil les plages semblent propres, les détritus ne pullulent pas. Mais ce sont tous les micro-déchets, presque invisibles à l’œil nu, qui polluent le plus. On les trouve surtout en fouillant les algues emmenées par la marée : mégots, bouts de corde, polystyrène ou encore larmes de sirène, de minuscules billes de plastiques provenant de déchets dissous par le temps et envahissant toutes les plages.

    Au final, 554 mégots de cigarettes (sachant qu’un seul pollue 500 litres d’eau) et 5 kg de déchets plastique ont été trouvés en une heure. « C’est en organisant ce genre d’évènement que l’on se rend compte des conséquences de notre consommation », explique Léonard, un des étudiants organisateurs de la journée.

    Pour tous les participants cet élan intergénérationnel montre toute la solidarité et la mobilisation qu’il peut exister autour des questions environnementales. Mais la réalité rattrape vite cet élan positif : à l’image de ce passant trop peu sensible aux questions écologiques, qui, en voyant le ramassage s’effectuer s’écrie : « Et vous pensez que c’est comme ça qu’on va sauver le monde ! »

    Pour Brigitte, résidente estivale à Saint-Malo venue seule contribuer à la dépollution de la plage, cette initiative citoyenne a ses limites : « Notre action c’est une goutte dans l’océan, Même si l’individu est positif, c’est au niveau régional, national et mondial qu’il faut faire bouger les choses. Regardez par exemple, nous ramassons des centaines de mégots mais à côté de cela il n’y a aucun cendrier à proximité et trop peu de panneaux montrant l’interdiction de fumer sur la plage. »

    L’équipe d’étudiants organisateurs de la journée À l’Abord’Nage ©Emmanuelle Bordure

     

    Penser global, agir local.

     « À l’abord’nage » a également la volonté de renforcer la visibilité de l’association locale Nautisurf et nationale Océan As Common qui participent à l’événement. Là où Nautisurf a une volonté d’impact local et citoyen, Océan As Common lie civisme et politique. Crée par un groupe d’amis surfeurs et sauveteurs, depuis 2015 Nautisurf associe sport et environnement. Chaque été auprès du club des petits sauveteurs qu’ils entrainent, 30 minutes de sensibilisation et de ramassage de déchets sont effectués après leurs cours.

    À cela se complète une seconde récolte tous les mois avec le grand public. « On est sauveteur, secouriste, alors on a également envie de secourir la mer », argumente Sophie Dourver, secouriste et responsable des actions éco citoyennes de l’association.

    Leur bilan se compte en tonnes de déchets transmis chaque année à l’association Surf rider, chargée comptabiliser les récoltes. Les cigarettes sont, elles, acheminées jusqu’à la société MéGO qui recycle et transforme ces déchets en mobilier urbains. « Il faut quand même savoir qu’il y a une tonne de déchets par seconde qui se déverse dans les océans, il y a également une nécessité d’agir à une autre échelle », ajoute Sophie Dourver.

    C’est justement la volonté d’Ocean As Common créé par l’ancienne navigatrice, aujourd’hui députée européenne Catherine Chabot : agir sur l’axe citoyen et politique. « Je pense que l’on a besoin des deux : penser global, agir local », soutient l’eurodéputée.

    Pour impacter localement, leur projet Blue Print accompagne les territoires dans le but de préserver la bonne qualité des eaux de bassins français afin de régénérer les océans. En parallèle, l’association met chaque année à l’honneur le Blue Friday qui se base sur le même principe de dépense et de consommation à outrance du Black Friday mais en faveur d’organisations de dépollution et de protection maritime. « Je me considère moi-même comme pollueuse. Il m’était déjà arrivé dans le passé de jeter mon mégot par-dessus bord sans forcément prendre conscience des impacts que cela avait. J’essaye chaque jour d’améliorer ma consommation, mon respect de l’environnement et de trouver ou mettre en avant des solutions, car il en existe des centaines dont on ne parle pas assez », confie Catherine Chabot.

    Au niveau politique, Ocean As Common est en cours de négociation auprès des Nations unies pour la signature d’un traité reconnaissant l’océan entant un bien commun. Soutenu par le chef d’Etat français, ce texte permettrait de protéger un écosystème indispensable à la vie, alors que de nombreuses firmes commencent à se tourner vers la biodiversité marine en vue de l’épuisement des ressources naturelles terrestres.

    mise à l’eau difficile des participants de la nage pour l’océan ©Emmanuelle Bordure

     

    Nager pour l’océan

    Au-delà de la mise en lumière des deux associations faite par les étudiants de l’IGC Rennes, divers moyens ont été mis en œuvre pour leur apporter des soutiens financiers. Se mettre à l’eau dans une mer à 13 degrés et parcourir la plus longue distance possible en sachant que tous les 10 mètres nagés, un euro serait partagé entre les deux associations ; une dizaine de courageux-ses portés par Catherine Chabot qui n’a pas hésité à se mouiller, ont réalisé l’exploit en bravant froid et courant. « Ce n’était pas facile, le plus dur était de se mettre à l’eau. Mais pour une cause aussi importante on met très vite ses appréhensions de côté », témoigne un jeune, qui poussé par ses amis a fini par plonger.

    Au final, 10 kilomètres ont été parcourus, l’équivalent de 1000 euros. À cela se sont ajoutés près de 1245 euros de dons pour la cagnotte en ligne précédemment lancée et encore ouverte. Une vrai réussite en sachant que la crise sanitaire a contrarié l’organisation de plusieurs activités complétant cet événement, comme la mise en place d’une course de chars à voiles qui a été finalement annulée.

    Le dévouement de ces étudiants et l’investissement de nombreux citoyens permettra le développement de campagnes de sensibilisation auprès d’écoles et du territoire, ou encore l’installation de cendriers et de bacs à déchets sur les plages à Saint-Malo. Des actions simples et précieuses pour continuer à prendre soin de la mer.

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