The Real Food Challenge

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    Un réseau d’étudiants milite pour avoir accès à une alimentation locale et écologique sur leurs campus.

    The Real Food Challenge

    Où vont les 5 milliards de dollars de budget alimentation dépensés par les campus américains chaque année ? C’est pour obtenir une réponse et faire passer les universités de la dépendance aux plats cuisinés des géants de l’agroalimentaire à une alimentation saine et responsable que Tim Galarneau et Anim Steel ont créé le Real Food Challenge en 2008. Alors sur les bancs de l’université, ils ont su fédérer une coalition nationale d’étudiants qui font pression pour que d’ici à 2020, au moins un cinquième des achats des campus soient responsables.

    Avec l’aide d’experts, ils ont créé un outil permettant d’évaluer précisément le pourcentage de nourriture écologique, produite localement et de façon équitable, dans l’alimentation : le Real Food Calculator. « La première étape du processus est de demander à Sodexo ou Aramark de nous informer sur le contenu et la provenance de chacun de leurs plats. Il faut se montrer persévérant, ces entreprises n’ont pas l’habitude de la transparence, explique Tim. Les étudiants évaluent aussi le reste de la nourriture présente sur le campus, de la provenance du café des distributeurs à celle des tomates dans le réfrigérateur, en passant par les frites du congélateur, en se renseignant auprès de chaque producteur. » D’après Anim Steel, environ 30% des campus gèrent la cuisine en interne, et l’approvisionnement en « real food » (locale et bio) se situerait autour de 2% (selon une étude de 2007 de la W.K. Kellogg Foundation).

    L’aide des membres du Real Food Challenge, étudiants ou anciens étudiants qui désirent continuer un combat débuté alors qu’ils étaient à la fac, s’avère souvent déterminante. « Nous travaillons avec environ 300 campus actuellement, précise Anim. Le rôle des coordinateurs est de faire partager les expériences des autres campus, mais aussi d’aider les étudiants à préparer un bon argumentaire destiné aux directeurs d’universités et aux entreprises agroalimentaires. »

    Le soutien d’un professeur peut s’avérer précieux. Ainsi Sarah Wald, qui enseigne l’environnement et l’aménagement durable à l’université Drew, dans le New Jersey, a proposé à ses étudiants de calculer le pourcentage d’alimentation dite « durable » présente sur le campus à l’aide du Real Food Calculator au printemps dernier. « Cela permettait de relier la salle de classe à la vie du campus, et a obligé Aramark à se montrer transparent sur la provenance de ses produits cuisinés. » Les efforts ont été payants : après le Saint Mary’s College dans l’Indiana, l’université Drew a été la deuxième aux États-Unis à signer en mars le « Real Food commitment ». Son président s’est engagé à acheter 20% de produits issus de l’agriculture responsable d’ici à 2020. Vingt-six autres universités ont suivi son exemple, toujours à la demande des étudiants. La plus grosse victoire de la coalition a été l’engagement de toutes les universités californiennes, sous la pression de Tim Galarneau.

    « Depuis des années, des étudiants cherchaient à améliorer telle ou telle chose sur leur campus, remarque Anim. Mais plutôt que de demander isolément du café équitable ou une alimentation bio, nous avons fédéré toutes ces énergies avec un but commun. En partageant nos expériences et nos idées, nous sommes bien plus forts. Certains présidents jouent la montre, répondent que ce n’est pas une mauvaise idée, qu’ils y réfléchiront, attendant impatiemment que les étudiants se démotivent ou aient terminé leur cursus. On aide les étudiants qui veulent se lancer dans l’aventure, pour maximiser leurs chances de réussite. La pire chose à faire serait d’aller seul voir le directeur de l’université, par exemple. On leur suggère de se munir d’une pétition signée par un maximum d’étudiants. On leur conseille d’évaluer la provenance de la nourriture avant toute chose, pour montrer qu’ils maitrisent leur sujet. On les incite également présenter rapidement des propositions concrètes et réalisables, après avoir rencontré les producteurs locaux. Il faut que le président comprenne que ce n’est pas une lubie, mais une volonté réelle des étudiants, généralement très enthousiastes et très investis. Le Real Food Challenge leur permet de changer les choses au niveau mondial, tout en faisant quelque chose pour leur communauté. »

    L’une des plus importantes réussites du Real Food Challenge est de former une génération de jeunes bien armés pour défendre une alimentation responsable. Comme le remarque Tim, dorénavant coordinateur au Centre pour une Alimentation Responsable de Santa Cruz, « les étudiants qui se sont le plus investis dans notre mouvement sont aujourd’hui des professeurs spécialisés dans l’alimentation, des fermiers, des défenseurs de la justice alimentaire au sein d’ONG ou des journalistes d’investigation spécialisés dans ces questions ».

     

    Texte et photo : Christelle Gerand

     

    Extrait de la rubrique Yes They Can de Kaizen 6.

     

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