Un nouveau souffle pour les réfugiés avec Each One

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    Each One, une entreprise de formation pour réfugiés, met en avant les compétences de ces derniers tout en les intégrant dans la vie active grâce à un cursus tremplin de trois mois et de multiples partenariats. Une réussite qui démontre que peu importe les parcours de vie et les appartenances sociales, chacun peut participer à une dynamique commune.

    Ils sont communément appelés « réfugiés ». Ils s’appellent en réalité Salim, Nikoleta, Leïla, Lena, Anastasia, Adrian, Albane ou encore Alma. Ils sont russes, albanais, marocains, indiens, vénézuéliens, turques, syriens. Ce sont des ingénieurs, des pilotes de ligne, des professeurs, des boulangers, des charcutiers, ou des hôtesses d’accueil. Chaque citoyen du monde arrivé en France débarque avec un bagage culturel, intellectuel et professionnel. Depuis 2015, l’entreprise Each One les valorise en créant le lien, en étant le tiers de confiance entre migrants au statut de réfugié et le monde professionnel.

    Cette structure forme et accompagne des réfugiés pour promouvoir leurs compétences et créer le chemin qui les mènera jusqu’à l’emploi. Théo Scubla, créateur de l’entreprise est fier de ses résultats : « Un réfugié met en moyenne dix ans à retrouver ses compétences, nous on le fait en 2 ans. »  Ce jeune entrepreneur de 25 ans a créé sa start-up suite à sa rencontre avec Orman et Rateb, réfugiés syriens respectivement ingénieurs et étudiants. « J’étais encore étudiant en école de commerce lorsque j’ai rencontré ces deux personnes à l’allure et à la prestance aux antipodes du cliché qui est trop souvent fait d’eux. Je me suis rendu compte qu’il existait un énorme décalage entre l’opportunité qu’ils représentent et la situation dans laquelle ils vivent. Deux jours après Each One est né. »

    Les personnes participent à une formation de trois mois avec 20 heures de cours maximum par semaine dans neuf grandes écoles présentes à Paris, Lille, Bordeaux, Rennes, Brest et Aix-en-Provence. C’est un cursus ultra personnalisé dans lequel, en même temps que l’enseignement de soft skills[1] comme l’apprentissage du français, de l’anglais, des ateliers de vivre en France et d’employabilité, Chaque candidat est accompagné par trois bénévoles : un mentor, un coach et un buddy. Leur mentor, personne déjà insérée dans la vie professionnelle les guide dans la naissance de projets, leur créé un lien avec le monde professionnel. Le coach et le bubby sont eux des étudiants. Le coach apporte un soutien technique dans la concrétisation de leurs objectifs, le buddy, lui, solidifie leurs liens sociaux tout en aidant au perfectionnement de leur français.

    Surmotivation et adaptabilité hors norme

    Au-delà de l’employabilité permise aux apprenants et pour garantir leur inclusion dans le monde professionnel, l’objectif est aussi de montrer aux entreprises qu’embaucher des personnes réfugiées n’est pas seulement faire une bonne action ou embellir leur image, c’est surtout intégrer une personne surmotivée et à l’adaptabilité hors norme. « Beaucoup d’entreprises viennent au départ sans être engagées ou sensibles à ce sujet. On a l’exemple de firmes, notamment d’une grande marque de luxe française qui quatre mois après avoir embauché une de nos élèves est revenu faire un partenariat avec Each One tout en louant les mérites de leur nouvelle employée qui performe énormément, apaise les équipes, apporte une richesse culturelle », explique Théo Scubla.

    En rapprochant ces deux mondes, Each One a aujourd’hui la capacité d’une entreprise mais aussi d’une association en accompagnant, en allant au-delà du rôle de formateur. « Notre chance est de pouvoir être un appui pour lever le frein périphérique de l’emploi qu’est par exemple l’absence de logement. Notre rôle n’est pas de faire du logement et de la santé, mais on n’oublie pas de pallier ce problème. Être une association plus une entreprise forme notre colonne vertébrale», ajoute le fondateur. Depuis 2015, 2000 personnes ont été accompagnées, 300 trouvent un emploi chaque année et plus de 76 nationalités sont représentées. Comme Zafran, turc de 31 ans arrivé en France en 2016. Cet ancien pilote de ligne s’est reconverti à son arrivée à Aix en Provence et a créé son entreprise de menuiserie extérieur une fois son statut de réfugié obtenu. Formé par Each One en 2019, ses formateurs l’ont aidé à développer son marché et sa structure.

    Zarema, elle, est une ancienne professeure de russe arrivée en France il y a 4 ans également. Après 15 mois d’attente pour obtenir le statut de réfugiée politique, elle a enfin pu candidater dans cette formation qu’elle a intégré en septembre 2020. Tous deux s’accordent à dire que ce tremplin a changé leur vie. « Avant d’intégrer la formation J’étais perdue, je me sentais seule, je paniquais à l’idée de trouver un travail alors que je ne parle pas la langue. Je n’ai maintenant plus peur de communiquer avec les autres. J’ai découvert des caractéristiques en moi que je ne connaissais pas, je suis forte », témoigne l’ancienne professeure.

    Pour l’ancien pilote de ligne c’est surtout une opportunité énorme de s’intégrer pleinement à la société : « Un programme comme Each One ça détruit les barrières sociales. Pour un refugié c’est difficile de trouver un contact français, c’est encore plus difficile de subir cette redescente sociale, de subir des regards et des paroles dégradantes lorsque l’on a un bagage intellectuel, à l’image d’un policier qui devant la préfecture quand nous attendions de renouveler nos récépissés, nous a dit mot pour mot “allez les animaux mettez-vous en ordre.” Ici des mentors français nous aident. On peut, avec notre bagage intellectuel, trouver des personnes qui nous comprennent et nous poussent vers le haut. » Après presque trois mois de formations, Zarema a déjà reçu une offre d’emploi dans une boutique touristique grâce à la grande diversité de langues qu’elle parle. Zafran a lui pu créer un site internet avec l’aide d’Each One et élargir son marché professionnel. Théo Scubla espère pouvoir créer 10 000 emplois d’ici 2025 et aider tout autant de réfugiés comme ont pu l’être Zarema et Zafran.

    [1] Les soft skills sont des compétences comportementales et humaines. À contrario, Les hard skills sont, elles, des compétences techniques.

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