Route de l’océan, une entreprise de cosmétique sensibilise à la pollution plastique

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    Pour la quatorzième étape de son voyage le long de la côte Atlantique, l’équipage de La Route de l’Océan a mis les voiles le 23 juillet en direction de Saint-Lunaire, en Bretagne. Initié par la marque de cosmétiques éco-responsable Umaï le 13 juillet dernier, ce parcours de sensibilisation à la pollution plastique a fait escale sur la plage de Longchamp, le temps d’une collecte de déchets. Reportage. 

    « 12 kilogrammes !, s’exclame Benoît, co-fondateur de l’association Escale Bretagne, à nous dix, on a ramassé 12 kilos de déchets ! ». Autour de lui, sur la digue de la plage de Longchamp, à Saint-Lunaire, la dizaine de bénévoles présents à cette nouvelle escale de La Route de l’Océan semblent stupéfaits. En consacrant leur matinée au nettoyage de cette petite plage d’Ille-et-Vilaine, à quatre kilomètres de Dinard, aucun d’entre eux n’estimait ramasser plus de cinq à huit kilogrammes de déchets : « À première vue, la plage a l’air propre, note Célia Favre, l’une des co-fondatrices de la marque « à impact » de cosmétiques éco-responsables Umaï, mais dès qu’on se penche un peu, on trouve tout un tas de morceaux de filets de pêche et de petits plastiques, mêlés aux algues. »

    Après plusieurs tables rondes, temps de médiation et une première collecte de déchets organisés au fil des dix-sept étapes de La Route de l’Océan, Célia et sa collègue Claire se sont jointes à l’association d’éducation à l’environnement Escale Bretagne et à la Fondation de la Mer, pour nettoyer la plage de Longchamp. Deux collectifs œuvrant également à informer et militer contre la pollution plastique. Véritable parcours de sensibilisation à la pollution plastique le long du littoral Atlantique, Umaï a su s’associer à des associations telles que Surfrider et European Research for Sustainable Development, pour la première édition de leur Route : « Au vu de la crise sanitaire, on s’est dit que tout le monde serait sur les plages cet été en France, explique Célia, c’était donc le bon moment pour aller à la rencontre des vacanciers et locaux pour échanger avec eux sur ces problématiques. » 

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    Certains bouts de plastique sont minuscules et nécessitent une recherche minutieuse parmi les algues. © Clara Jaeger

    Pendant près d’une heure, c’est dans le sillon des explications de Benoît, gants aux mains et pieds dans le sable, que locaux et vacanciers ont collecté un nombre d’emballages, mégots, chaussures et bouteilles. « Je pense que c’est à chacun de prendre ses responsabilités et de ne pas attendre qu’il y ait des manifestations comme celle-ci pour agir, avance Benoît, l’engagement citoyen commence par un engagement personnel ; chacun est en capacité de faire sa part pour améliorer la situation. » Margot et sa sœur, jeunes habitantes du littoral sensibilisées en amont de la collecte, sont de celles qui n’ont pas attendu cet appel pour s’engager : « Cela fait bien trois ou quatre ans que j’essaye de faire attention à ma production de déchets et à leur tri… », expose Margot : 

     

    À peine remontée de sa collecte, Adeline, une autre des participantes, ouvre son sac-poubelle : « J’ai trouvé de tout et n’importe quoi, s’exclame la jeune femme en désignant un feu de vélo, mais j’ai surtout ramassé des mégots, alors que je pensais que c’était acquis… » Un peu plus loin se trouve Anne-Marie, venue nettoyer la plage en famille, avec son petit-fils. Originaire des environs, elle a fait de la récolte de déchets une habitude récurrente : « Quand mon mari vient se baigner, moi, je fais les allers-retours en bord de mer et je ramasse ce que je vois. On trouve vraiment de tout ! » La lunairienne observe tout de même une prise de conscience encourageante, malgré cette pléthore de déchets marins : 

     

    Avec sa Route de l’Océan, c’est ce type de prise de conscience que souhaite encourager Umaï. Tandis que l’industrie cosmétique est particulièrement friande de microplastiques, ces particules non-solubles et invisibles à l’oeil nu qui représentent plus de 90 % de la pollution plastique des océans [1]. À l’image de nombreuses autres entreprises « à impact », Umaï cherche à adopter une posture plus verte : « On essaye de montrer qu’on peut avoir un impact sur la vie des gens, mais aussi sur l’industrie cosmétique », explique Célia. 

    Éveiller l’engagement par l’action

    Au regard des enjeux climatiques actuels, avoir un impact environnemental positif semble essentiel pour l’équipe d’Umaï : « Notre projet, c’est l’aboutissement d’une conscience personnelle de longue date, explique Claire, être également engagées dans notre travail est très important pour nous. » Un engagement et une transparence, qui se retrouvent ainsi dans la composition des produits proposés sur leur boutique. S’emparer du problème à la racine est l’une des missions principales que s’est donnée la marque en lançant sa Route et son questionnaire en ligne pour l’Océan : « Cela nous permet de voir les catégories dans lesquelles les gens explosent leur consommation de plastique, explique Célia, et en fonction de ça, on peut leur donner des conseils et des solutions adaptées à leurs besoins […] Ramasser des déchets, ce n’est pas une solution durable. Si l’on revient le lendemain, on se rend compte que d’autres déchets ont regagné la côte avec les marées. » En moyenne, c’est près de 8 millions de tonnes de plastique qui finissent leur course dans l’océan chaque année [2]. Un chiffre conséquent, mettant l’accent sur l’urgence de la situation. Pour l’équipe d’Umaï, la sensibilisation passe par « une prise de conscience importante sur la réduction de la pollution plastique à la source. »

    Benoît, co-fondateur de l’association Escale Bretagne, illustre l’impact du plastique sur la faune. © Charlène Dosio

    Les deux jeunes femmes s’accordent : aujourd’hui, le vrai problème repose sur le traitement des déchets ainsi que la surproduction de plastique. Comme le rappelle Benoît, co-fondateur d’Escale de Bretagne : « Un sac plastique, c’est seulement quelques secondes de fabrication, vingt minutes d’utilisation, mais des décennies pour que cela se dégrade. Il devient nécessaire de changer sa façon de consommer. » Il donne également des conseils simples à mettre en place pour faire attention à son impact personnel. « C’est une organisation sur du moyen et long terme. La sensibilisation se fait par étapes, chacun à son rythme. On ne peut pas devenir la famille zéro déchet du jour au lendemain. », assure et rassure le militant. 

    Cette première édition de la Route de l’Océan s’achève ainsi de façon encourageante pour les deux représentantes d’Umaï. « Lors de nos différentes rencontres, les gens prennent conscience de leur impact plastique et repartent avec des petites graines plantées dans l’esprit. Qui auront certainement un impact un jour. » Pour Benoît, si la collecte a été prometteuse, elle ne marque que le début de l’engagement : « Sans chacun d’entre nous, on ne peut pas réussir à actionner les leviers d’action. Maintenant, il est indispensable de mettre en mouvement les réseaux. » 

     

    [1] Voir article « Microplastiques, l’impossible nettoyage ? », Kaizen n°51
    [2] Plastic waste inputs from land into the ocean, Jambeck et al., Science, 2015: 

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