Rendre l’eau accessible à tous, telle était l’ambition de 1001fontaines il y a dix ans, à sa création. Aujourd’hui, grâce à l’ONG, 341 000 Cambodgiens, Malgaches et Indiens, dont 91 000 écoliers, bénéficient d’une eau saine, purifiée localement, vendue à bas prix et livrée à domicile.
Aujourd’hui, 22 mars 2016, l’eau est mise à l’honneur par la Journée mondiale de l’eau. Pour lui rendre hommage, nous avons rencontré Julien Ancele, directeur général de 1001fontaines, association qui œuvre chaque jour pour rendre l’eau saine et potable. Tout a commencé par une rencontre, celle d’un Cambodgien, Chay Lo, et d’un consultant, François Jaquenoud, et par une histoire, celle de la vie quotidienne de villageois cambodgiens obligés de boire l’eau issue de mares, responsable de diarrhées aiguës et de 20 % de la mortalité infantile. De ce constat est née l’envie de créer de l’eau saine et accessible à tous.
Les dés sont jetés, les idées aussi : construire des stations d’épuration à proximité des villages ruraux, créer une association locale pour suivre et contrôler la qualité de l’eau, trouver et former des entrepreneurs locaux qui œuvrent au bon fonctionnement de la station, sensibiliser les populations sur les dangers de l’eau des mares, vendre l’eau à prix bas aux villageois, l’offrir aux écoles et, surtout, rendre cette solution pérenne.
Grâce aux dons d’entreprises et de fondations, de donateurs particuliers et de fonds d’origine publique, la réalisation devient possible.
Dix ans plus tard, les projets sont réalisés et les améliorations sur la santé des populations prouvées. Au Cambodge, 70 millions de litres d’eau sont produits par an et, grâce aux dons d’eau dans les écoles, l’absentéisme a été réduit de 75 %. Après le Cambodge, ce fut au tour de Madagascar d’accueillir cette belle initiative – 10 000 bénéficiaires et 10 stations construites –, puis à l’Inde, où le projet est actuellement en développement.
Village après village, région après région et pays après pays, les étapes du projet sont identiques. Les autorités locales mettent à disposition un terrain pour construire la station d’épuration. Une fois celle-ci bâtie, les chefs de villages proposent des entrepreneurs qui auront la responsabilité de la gestion de la station. Une équipe est alors choisie et formée par l’association 1001fontaines locale. La station peut se mettre en route pour purifier l’eau, la vendre aux habitants et la livrer gratuitement à l’école du village. Au bout d’un an, les entrepreneurs sont autonomes et reversent 20 % de leur chiffre d’affaires à l’ONG.
0,01 $ pour 1 litre d’eau
1001fontaines puise dans l’eau des mares, des lacs et des rivières, et parfois creuse pour aller récupérer de l’eau souterraine. L’eau de surface est ainsi pompée. Puis, une technique simple en quatre étapes est utilisée pour réussir à combiner eau saine et minéralité.
Première étape, la décantation. Elle permet d’enlever un certain nombre de matières solides, notamment du fer. Deuxième étape, la filtration. À l’aide d’un filtre à sable puis à charbon actif, les microbes présents dans l’eau disparaissent. Troisième étape, la microfiltration. L’ensemble des impuretés est filtrée jusqu’à 1 micron.
Pour s’assurer que toutes les bactéries ont été éliminées, l’eau surmonte un dernier obstacle : la purification par ultraviolets. La lampe UV est alimentée par des panneaux photovoltaïques. À la fin de ce processus, l’eau est propre et potable. Elle est alors mise dans des bonbonnes préalablement nettoyées et désinfectées, qui sont ensuite scellées, vendues et livrées aux villageois.
Pour 1 litre d’eau, il faut débourser 1 centime de dollar. « Un prix accessible, même pour les plus pauvres », explique Julien Ancele. Pour rentrer dans ses frais, l’ONG mise tout sur la propagation du projet ; aujourd’hui, au Cambodge, 140 villages ont des stations d’épuration. L’objectif futur ? « 240 villages, mais, surtout, des équipes locales autonomes qui prennent leur destin en main », poursuit Julien Ancele. « Nous aimerions nous associer à d’autres secteurs : ONG, acteurs institutionnels, entreprises… Et ensemble dupliquer ce modèle dans d’autres pays. C’est d’ailleurs exactement ce que nous faisons en Inde, avec l’ONG Sulabh International. »
Changer les mentalités et réveiller les consciences est le défi quotidien de 1001fontaines. Aujourd’hui, ce sont 6 employés et 30 bénévoles en France, 70 employés dans les ONG locales et 150 entrepreneurs accompagnés de 300 opérateurs qui se remontent les manches pour que 1001fontaines vive et se développe. Espérons que, bientôt, 1001 sources verront le jour et permettront à des centaines de villageois de boire, chaque jour, une eau saine.
Axelle Bibring-Pilliot
© Kaizen, construire un autre monde… pas à pas
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oui mais mettre de l’eau en bouteille plastique n’est ce pas une hérésie.
Mes connaissances en assainissement de l’eau ne sont pas exhaustives, mais quelque chose m’intrigue dans la description qui est faite du traitement, quel taux des différents minéraux important pour que l’eau ai des valeurs nutritives et équilibrées, peut bien restituer une eau qui après avoir subit un super-filtrage, est ensuite traitée aux UV, n’avons nous pas affaire avec ce résultat à une eau que l’on peut presque qualifiée de pure, si ce n’est d’ultra-pure (déminéralisée) ?
Dites moi si je suis dans l’erreur ?
L’eau est et doit rester un bien commun!
Pourquoi privatiser sa potabilisation? Qui se cache derrière cette ONG?
Si cette ONG était ou est (?) véritablement à but humanitaire (reversement à l’ONG de 20% du chiffre d’affaire, même pas des bénéfices!…) pourquoi ne pas créer des régies municipales sans but lucratif pour la gestion de l’eau potable au service de la population???
Désolé pour cette « douche froide »…